Le jour de la haine : Critique et test DVD



Retour sous le soleil déchirant du Far West italien... et première interrogation. Le marché de la mise à mort a-t-il subit entre l'année 1968 et l'année 1968, une inflation galopante ? Quoiqu'il en soit ou quoiqu'il en fut, après «10 000 Dolari per un Massacro», Ecranbis.com chevauche la galette de «Per 100.000 dollari t'ammazzo». Deux films frères, deux productions Mino Loy/ Luciano Martino et deux voyages dans  la plus européenne des Amériques. Roulez vos cigares, sortez vos bouteilles de tord boyaux et gardez vos cartes bancaires à portée de mains. Le film du jour vous attend dès aujourd'hui sur le site d'Artus films et début mars dans vos vidéostores préférés.


Après avoir été l'assistant réalisateur de Lucio Fulci sur «Le temps du massacre» (Le colt cantarono la morte e fu... tempo di massacro), Giovanni Fago lance sa carrière de réalisateur avec malice sur les rails de l'italo-western. N'en déplaise à nos cousins teutons qui y ont apparemment vu une nouvelle aventure de Django (Ja ! Ja ! Es ist «Django Der bastard» Nein ? Ahrrr so, Was is das ? ), «Le jour de la haine» met en scène un certain Johnny Flemingo (Gianni Garko) condamné à tord à 10 ans de prison pour le crime de son paternel. Le véritable assassin n'est autre que son propre frère Clint Flemingo (Claudio Camaso). Un parricide plus accidento-passionnel (Quand vous ne trouvez pas les mots, faites comme moi inventez-les !) que prémédité et qui bien évidement préfigure de façon assez troublante la destinée éminemment tragique de l'acteur.


Sa décennie de bagne écoulée, devenu chasseur de tête et collectionneur de primes, Johnny rentre au bercail en profitant de la ballade pour refroidir un certain Gonzales (Fernando Sancho) d'un tir au menton. (On passera l'adresse aux frères Bogdanov). Ce qui permettra sans doute à cet imparable trogne du western all'italiana de courir ventre à terre sur un autre tournage. Soucieux de ramener son frère dans le droit chemin, que cela passe par la case prison ou la case cercueil, Johnny se lance aux trousses de Clint et découvre ce dernier pris  dans une sombre affaire de vol de butin. Mais dans la poussière du désert, à quelques miles de la frontière mexicaine, des sacs de lingots d'or sur les bras, les jeux ne sont jamais faits. Les deux frangins vont devoir tantôt unir leur force, tantôt s'affronter... jusqu'à la mort.

Présenté (y compris dans les suppléments de cette édition Artus Films) comme un western mineur caressant d'une main  innocente une symbolique très chrétienne (Abel et Cain), «le Jour de la haine» se révèle être mieux torché que prévu. Certes, l’intérêt de cette petit heure et demie, parachutée en pleine guerre de sécession, se borne sans grande surprise à un traditionnel choc des titans. Celui de Johnny et Clint. Une sorte de Garko/Camaso, deuxième round, qui tient ses promesses. Même si le visionnage à la suite du «Temps des vautours » le fait sans doute apparaître comme un spectacle légèrement plus timoré ou dirons-nous plus mesuré. Encore que cette conception des choses puisse être âprement discutée et en matière de discussion âpre, je fais une totale confiance aux amateurs de bobines canardeuses et transalpines.



Une chose semble toutefois limpide, Fago déroule ici avec prudence, mettant sa réalisation au seul service des rebondissements d'un script pondu par Ernesto Gastaldi et les frères Martino. Mais notre cinéaste débutant ne rechigne pas pour autant à se lancer dans quelques surprenants flashback larmoyants et autres fulgurances romantiques. Une jeune femme (peut être la fiancée de Johnny, mais ce n'est de toute évidence pas très bien expliqué) court sur la plage et disparaît presque par magie dans un océan de guimauve, celui du score de Nora Orlandi. C'est beau ! Ça n'a rien à foutre dans un western ! Mais c'est quand même très beau. Les spectateurs au cœur de pierre, retiendront plus volontiers la fort impressionnante scène où Garko, attaché tête en bas, parvient à se délivrer grâce à un couteau que seule une femme aimante (donc collée au frigo ) pouvait, dans son dernier souffle, lui apporter. (Visionnez les bonus de l'ami Curd, cette scène a été reprise dans un autre film).


Une belle photo, une paire de jolie filles (Susanna Martinková et Claudie Lange), une affiche de rêve (Garko/Camaso/Sancho), quelques superbes scènes et une fin laissant les portes ouvertes et en avale la clé. Johnny survit-il ou chevauche-t-il avec son frère, comme deux ravis de la crèche, vers un crépuscule éternel ... (Si c'est ça le paradis, je préfère sans doute l'enfer... non sans rire l'éternité à cheval, ça doit faire mal au cul) En tous les cas même les plus fins connaisseurs semblent relativement partagés sur cette fin à minima mystérieuse. Quoiqu'il en soit et n'en déplaise aux pisse froids comme aux cagues mous égarés sur ces pages, ce «Jour de la haine» tient  la route comme une ration de spaghetti tient au ventre. Il ne nous en faudra pas plus pour vous en recommander chaudement le visionnage, que dis-je, ne soyez pas rats, l'achat !



Le disque :

Le jour de la haine nous arrive dans une belle édition DVD signée Artus et dans un master des plus honorables au format scope 2.35 ( et 16/9) s'il vous plaît. Deux pistes audio (français et italien) sont disponibles, ainsi que des sous-titres français. Dans la diligence à bonus, du lourd avec "Cain et Abel" (une série d'entretiens avec Gianni Garko et Ernesto Gastaldi), un diaporama d'affiches et de photos, la traditionnelle  flopée de bandes annonces de la collection "Western Européens" et... je garde le meilleur pour la fin... notre indispensable dose de Curd Ridel. 12€90 et pas un dollars de plus... sur artusfilms.com