Chasseur de têtes : Critique


Votre travail ne vous satisfait plus. Vous rêvez de plus de responsabilités, d'un salaire à la hauteur de vos ambitions. La solution proposée par HeadHunter (Chasseur de têtes) se révèle aussi efficace que mortelle. Éditée en France zone 2 depuis octobre dernier, cette bobine qui date de 2005 s'offre un deuxième tour de piste dans les packs « Quadro » de l'éditeur émylia. L'occasion de revenir sur un film qui fait perdre la boule...


Synopsis :

Ben Caruso est un jeune cadre dynamique qui ne trouve plus aucun défi à son emploi. Lorsqu'un client lui donne l'adresse de Sarah Tierney, une chasseuse de tête corporative, il n'hésite pas à lui faire appel. À peine 24 heures après l'avoir contactée, Sarah lui déniche un emploi mieux payé et beaucoup moins demandant. Le seul aspect négatif est que c'est un travail de nuit. Dès son premier quart d'heure de travail, Ben ne se sent pas à l'aise. Des voix bizarres se font entendre et ses collègues semblent disparaître dès qu'il veut leur parler. En voulant rejoindre la chasseuse de tête qu'il avait engagée, Ben découvre qu'elle est supposément morte depuis dix ans. Pour pouvoir échapper à son nouvel emploi maléfique et retrouver la chasseuse de tête, Ben devra élucider un meurtre commis une décennie auparavant.




Critique :

Pour le plus grand bonheur des cinévores curieux et déviants ( l'un n'allant pas sans l'autre), l'éditeur Emylia lâche à intervalle régulier sur le marché français de la vidéo, une salve de productions horrifico-fantastiques indépendantes. Ce véritable festin d’œuvrettes aux qualités inégales ,naviguant entre le B movie désargenté et le Z de luxe, nous a réservé quelques bonnes surprises ( Smash Cut, Zombie Diaries ou Blood on the Highway ) , d'autres moins bonnes. Je serai presque tenté de dire « peu importe » puisque le simple fait de pouvoir visionner ces péloches obscures dans de bonnes conditions est à classé dans le tiroir aux bonnes nouvelles. Tout comme « The Cellar», « Night of  dead », Chasseur de têtes nous arrive sans doublage français, mais toutefois sous titré. Une économie de moyens à mettre en parallèle avec les réalités économiques inhérentes à l'exploitation de ce type de catalogue. Ces petits films s'adressant à un public très ciblé, généralement porté sur la VOST, nous pourrions dire qu'il s'agit d'un moindre mal.


Le premier contact avec « Chasseur de tête » est une délicieuse leçon d'opportunisme commercial puisque la jaquette nous annonce fièrement le « Le dernier P. Tarantino » . Bien entendu il ne s'agit pas de Quentin mais de Paul Tarantino, qui n'entretient au passage aucun lien de parenté avec l'auteur de Kill Bill. Chasseur de tête tourné 2005 reste à ce jour le dernier long métrage de sa courte carrière de réalisateur ( l'homme n'a réalisé que deux films). Autant ne pas le cacher, cet bobine indépendante fauchée comme les blés n'est pas exactement ce que l'on appelle un bon film. Elle n'en reste pas moins intéressante ….



Thématiquement pour commencer. Ici pas de débat possible sur une éventuelle dimension politique et sociale , Chasseur de tête à l'instar de « The Stuff » de Cohen ou encore du récent « Dream Home » annonce la couleur en prenant pour décor une problématique sociétale : Ici des plus actuelle actuelles, le marché de l'emploi. Le chasseur de têtes est d'ailleurs une sorte de créature mythologique récente du monde l'entreprise. Dans un système où le travail est la porte d'entrée à l'appartenance sociale , son pouvoir, bien que basé sur un joyeux et ésotérique fourre tout ( Graphologie, pseudo Psychologie, analyse de profil et de communication) s'abat sur l'individu. Dis autrement, le chasseur de tête n'existe pas (D'ailleurs Ben, notre cadre dynamique, semble être le seul à voir notre démoniaque experte en ressource humaine) et ses hypothétiques compétences ne sont objectivement qu'un cumul de croyances et de principes subjectifs, ici matérialisé par la magie noire ou la sorcellerie. L'autre versant de l'édifice apparaît en terme d'apport fantastique plus conventionnel. Notre héros devant pour échapper à l'étrange malédiction dont il est la victime, rassembler la corps et la tête de Sarah ( Un comble ! La chasseuse de têtes en question ayant pour ainsi dire perdu la boule!) , Headhunter verse dans un réçit Kingien basique.



Bien sûr impossible de juger ce genre micro production avec des critères de blockbusters Hollywoodiens, ni même avec ceux de la série B traditionnelle . Sans doute étranglé par son budget, Paul Tarantino délivre une réalisation sommaire et sans éclats. Reste que le visionnage de « Chasseur de têtes » intéressera sans doute les initiés et autres amateurs de cinéma bricolé...