Haven, Saison 1: Critique et test DVD


Chaque petite ville a quelques squelettes dans ses placards... Haven, mystérieuse bourgade du Maine n'échappe pas à la règle. Après s'être glissée dans la grille de SYFY Channel aux États Unis et en  France, la série TV  inspirée  d'un roman de Stephen King nous revient en DVD chez E-One/Aventi.  4 Disques, 13 épisodes et  une pluie de bonus. De quoi réviser avant un prometteuse saison 2 dont la diffusion débutera en Juillet de l'autre côté de l'atlantique.  Ça sort aujourd'hui et on en parle sur Ecranbis.com


Synopsis :

Le sergent du F.B.I. Audrey Parker est envoyé en mission dans une petite du Maine : Haven. Une fois sur place, elle s'aperçoit  que de nombreux événements paranormaux se produisent et que certains habitants semblent dotés de  pouvoirs mystérieux. Intriguée par ces découvertes, l'agent Parker décide de poursuivre son séjour dans la petite ville qui va s’avérer renfermer de nombreux secrets, dont celui de son passé...



Critique :

Depuis le « Carrie » de De Palma,  l’œuvre de Stephen King est  devenue une inépuisable source d'inspiration  pour le petit et grand écran. Si le simple nom de King suffit à faire vendre des livres,  son statut  incontesté de « Maitre de l'horreur » s'est depuis plus de 30 ans étendu au monde de l'image.  Beaucoup de spectateurs ne connaissant  ses œuvres qu'à travers leurs adaptations cinématographiques ou télévisées, le nom de Stephen King est doute aujourd'hui autant lié au 7e art  qu'à la littérature. Un rapport que l'auteur a lui même soigneusement entretenu.  Il s'essayera  même  à la réalisation au milieu des années 80 avec un succès relatif  (Maximum Overdrive) et profitera de son physique singulier pour s'offrir quelques seconds rôles. (Creepshow...) Si le cinéma fait de l’œil  au maitre, la télévision n'est pas en reste. On retiendra  une flopée de mini séries diffusées en France dans les années 90. ( « Ça », « Les Tommyknockers », « Le Fléau », « La Tempête Du Siècle », « Les Langoliers »)  et quelques téléfilms de qualités inégales.  Son Dead Zone, une première fois porté à l’écran par David Cronenberg dans les années 80  deviendra en 2002 une véritable série TV qui tiendra les spectateurs en haleine 6 saisons durant. C'est justement une partie de l'équipe de Dead Zone que nous retrouvons derrière HAVEN. 



Si la série s'inspire d'un très court roman  titré « The colorado Kid » et publié en 2005, elle n'est en rien une adaptation formelle. Nous pourrions même dire qu'elle prend le livre comme un décors plus qu'une trame.  Ainsi les personnages principaux des écrits de Stephen King,  deux vieux journalistes se voient relégués au second plan au profit d'une intrigue plus standard. La jeune journaliste Stephanie McCann devient Audrey Parker, agent du FBI débarquant pour les besoins d'une enquête dans le Maine.  Elle se voit accompagnée par Nathan Wuornos, le fils du shérif  et Duke Crocker, sorte Han Solo local. Côté distribution, pas de grande surprise puisque nous retrouvons des jeunes acteurs dont la carrière s'est jusque ici arrêtée au petit écran...On notera tout de même la présence d'Eric Balfour que nous avions déjà vu dans une plutôt calamiteuse production SYFY : La Fureur des Gargouilles (Réalisé dans la cadre de la série Maneater et édité chez Zylo en décembre dernier) mais aussi dans le « SKYLINE » des frères  Strause. On appréciera également la participation de l'excellent Stephen McHattie (PontyPool, 2012...)  en pasteur alcoolique ( Épisode : Papillon).




HAVEN, contrairement à l’œuvre originelle,  vire clairement au fantastique. Les habitants de cette petite ville fictive semblent développer d'étonnantes  aptitudes à la psychokinésie. Ils interagissent consciemment ou pas avec la matière, déclenchant des orages, des pluies d'oiseaux,  accélèrent le pourrissement de la nourriture et j'en passe. Par sa construction :  la  découverte de la face cachée d'une petite ville américaine apparemment sans histoire, Haven fait d'abord penser à Twin Peaks, bien que de toute évidence,  la présente série respectant à la lettre la cahier des charge des productions télévisuelles du moment,  est de façon formelle très éloignée de l'univers débridé de Lynch. Si un  tournage  en  35 mm et en décors naturels au Canada ( en Nouvelle Écosse pour être précis)  lui  donne un indiscutable cachet, Haven n'en est pas moins  conventionnel dans sa forme et son découpage narratif.

En dépit de ce conformisme  formel  lié au format et d'un budget visiblement assez serré, Haven s'offre une certaine consistance. Il faudra dépasser le pilote et se lancer à l'abordage du deuxième épisode ( le plus réussi du 1er DVD)  pour trouver l'envie d'y revenir. On est certes loin de l'euphorie provoquée par les 1ere épisodes de Lost ou Heroes , mais Haven parvient peu à peu  à creuser la psyché de  ses personnages  à brouiller les cartes de sa propre  intrigue. Alors que les séries US présentent souvent une même tendance à l’essoufflement après un pilote étincelant , Haven semble donc suivre un chemin inverse.  Voilà qui explique sans doute qu'en dépit d'un accueil mitigé à son lancement aux Etats Unis , Haven a peu à peu trouvé un public et qu'une deuxième saison soit en cours de production.

Il faut dire qu'avec intelligence, cette première saison  s'achève sous une pluie de questionnements ( seules les mystérieuses fissures qui se sont multipliées dans la ville se trouvent expliquées et encore...) avec en prime  un "twist" particulièrement gonflé. Il ne reste donc plus qu'à attendre avec patience la diffusion française de la saison 2 que l'on espère pour l'automne prochain et/ou un nouveau coffret DVD.



La question de l'apport Kingien dans la série reste en suspens , en dépit des efforts des scénaristes qui ont soigneusement caviardé le tout de clins d’œil  et de références au maitre de l'horreur. Le lien entre Haven et l’œuvre de King s'avère   assez distordu et  le plus souvent réduit à la citation.  Reste l’énigmatique mort du "Colorado Kid" qui revient au centre de l'intrigue dans les derniers épisodes.  Plus on s'enfonce dans le labyrinthe à  secrets de cette petit ville du Maine , plus on se dit que la série gagne à être considérée pour ce qu'elle est : C'est à dire  non comme un pur produit de l'esprit du master of horror mais plus comme une  série dérivée réussie,  un sorte de  X-files rural dont le visionnage s'avère  un lent mais imparable processus addictif.






Test technique :

Les 12 premiers  épisodes de cette saison  se trouvent repartis sur 3 DVD. Le quatrième disque embarque lui le 13e épisode et les nombreux bonus. Pour commencer , un making of composé de 3 sous parties : Bienvenue à Haven, les effets spéciaux d'Haven, la mythologie d'Haven. On trouve également un supplément titré les coulisses du tournage embarquant plusieurs chapitres ( Qu'est ce uque Haven pour vous, Profitez du bon temps, Haven Haven  Haven, entretien avec Emily Rose, les références de Stephen King, Interview SYFY d'Emily Rose).  Toujours sur ce même disque, les interviews des 3 acteurs principaux, la bande annonce de la saison 1, un documentaire sur les scénaristes au travail sur la saison 2. Notons que la totalité ces bonus est sous titrée en français. Enfin plusieurs épisodes proposent des commentaires audio ( 4 sur le disque 1, 3 sur le disque 2, 2 sur le disque 3 et 1 sur le disque 4) malheureusement uniquement en anglais non sous titré.

La série est elle présentée dans son  format d'origine 16/9  et accompagnée de 3 pistes audios 5.1 ( Anglais, Français, Allemand) ainsi que de sous titres ( Anglais malentendant, Français, Allemand) . Une édition techniquement excellente et surtout généreuse  en suppléments.

Épisodes à voir absolument :  Papillon (Butterfly - Épisode 2) , Le Caméléon (As You Were -Épisode 9), La Main qui Tue (The Hand You're Dealt - Épisode 10) et La Spirale (Spiral - Épisode 13)