Destination Mars: test DVD et Critique



En septembre, la planète rouge est à l'honneur. Après un premier coffret de la collection prestige consacré au légendaire Bela Lugosi en juillet dernier, Artus films revient avec « Destination Mars » qui regroupe sur deux galettes argentées, pas moins de quatre films de science fiction américains des années 50 : LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE (Invaders from Mars), 24H CHEZ LES MARTIENS (Rocket Ship XM),FLIGHT TO MARS et enfin RED PLANET MARS. Pour ne rien gâcher la chose est accompagnée d'un livret de 12 pages, de 4 cartes postales lobby cards et présentée dans un double digipack avec sur-étui. Une édition parfaitement indispensable pour tout cinévore collectionneur, Ecranbis.com vous invite donc à faire décoller vos cartes bleues de toute urgence. En attendant, un peu de review s'il vous plait !


Synopsis :

LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE (INVADERS FROM MARS)
Un petit garçon observant les étoiles avec son télescope aperçoit une soucoupe volante atterrir. Son père, un scientifique, parvient à rentrer à l’intérieur. Mais quand il revient, il semble bien différent…

24H CHEZ LES MARTIENS (ROCKETSHIP XM)
En partance vers la Lune, une expédition est déviée de sa trajectoire et se retrouve sur Mars. Là, les terriens découvrent qu’une grande civilisation a disparu après une guerre nucléaire, et que les martiens sont revenus à l’âge de pierre…

FLIGHT TO MARS
Une équipe d’astronautes et un journaliste (Cameron Mitchell) entreprend une expédition vers Mars à bord d’un nouveau type de fusée nucléaire. Fusée qui va intéresser grandement les martiens…

RED PLANET MARS
Un scientifique (Peter Graves) parvient à communiquer avec les martiens. Il révèle ainsi au monde entier que sur Mars, l’énergie existe en abondance, et l’espérance de vie est de 300 ans. La panique s’empare alors de la Terre…


Critique :

Qu'elle soit un eden lointain, un avant-poste de la civilisation dans un système solaire colonisé, ou peuplé de petits hommes verts bien décidés à installer leur résidence secondaire dans les jardins de la maison blanche, la planète rouge a toujours été un théâtre de choix pour la science fiction et le fantastique. Le mythe martien, intemporel polymorphe par nature, a donc traversé les époques jusqu'aux plus récentes escapades hollywoodiennes (Mission To Mars, Ghost Of Mars, Mars Attack). Dans les années 50, alors que la guerre froide et la crainte d'une invasion communiste s'installe, le cinéma d'exploitation va assurer son rôle cathartique avec excès. La rouille qui recouvre le sol de Mars au point de lui donner sa couleur tombe à pic. Elle symbolisera l'Union des républiques socialistes soviétiques, et le martien, l'envahisseur communiste. Une vision bipolaire du monde qui imprimera la pellicule bien au delà du cinéma populaire fantastique et presque 40 ans durant. Si les sondes d' exploration spatiales balaieront au milieu des années 70 toute possibilité d'une vie martienne, le cinéma continuera contre vents et marées à faire fondre sur notre petite planète bleue des kilomètres de bobines from Mars et d'ailleurs...


 Invaders from Mars

Mais offrons-nous un petit retour en arrière puisque le coffret d'Artus regroupe 4 films de la première moitié des années 50, à commencer par Invaders from mars  (Les envahisseurs de la planète rouge) de William Cameron Menzies, classique indémodable de la science fiction et remaké par Tobe Hooper au milieu des années 80. (Remake au passage totalement sous estimé mais nous y reviendrons un jour). Cette bobine, la plus connue du coffret est intéressante à plus d'un titre. Véritable bonbon pour les yeux pour amateur de plaisirs vintages inavouables, Invaders from mars propose une vision sournoise de l'invasion extraterrestre à mille lieues du tape à l'œil de « The Day the Earth Stood Still"  de Robert Wise. Dans les envahisseurs de la planète rouge , les extraterrestres se cachent parmi nous derrière le visage d'un père de famille, celui d'un voisin . On sent que la thématique de « Invasion of the Body Snatchers» roman sortie en 55 et adapté presque aussitôt au cinéma est sur le point, sans mauvais jeu de mot, d'éclore. L'autre aspect intéressant de la bobine de Cameron Menzies : L'enfant héros et les extra-terrestres. Ou plutôt une vision d'enfant sur l'invasion d'un autre monde. Un canevas que l'on retrouvera dans les années 80 de façon plus candide et optimiste avec le sacro saint E.T. De Spielberg, Explorer de Joe Dante jusqu'au plus récent Super 8 d'Abrams. Notons la présence d'une fin alternative (entre rêve et réalité, à vous de choisir! ) et d'un doublage français qui a le double mérite d'exister et de donner une irrésistible envie de se tourner vers la V.O.S.T.




Toujours sur le disque 1, 24h chez les martiens (Rocketship XM également connu sous le titre expédition Moon à ne pas confondre avec Destination Moon), métrage plus obscur datant 1950 et prenant pour point de départ une expédition sur la lune qui se finit sur mars par la découverte d'une civilisation revenue à l'age de pierre suite à une guerre nucléaire. Ici il n'est donc plus question de l'infiltration masquée de l'idéologie communiste dans la société américaine mais d'un part de conquête spatiale et d'autre part de péril atomique. Le message pas vraiment caché tient en une phrase : Arrêtez de faire les cons avec vos bombes ou nous risquons de finir comme les martiens. Si le visionnage de la chose ne se montre jamais véritablement ennuyeux , 24 h chez les martiens ne parvient nullement à dépasser sa condition de film sympathique. (C'est déjà pas si mal !) On apprécia au passage la colorisation « rouge » des séquences martiennes... Et une fin pour le moins étrange. La copie est également très belle, ce qui ne gâche rien.






Passons à la deuxième galette argentée avec FLIGHT TO MARS une production Monogram Pictures, firme spécialisée dans les petits budgets et réalisé par Lesley Selander (prolifique réalisateur de western) en 1952. La légende dit (ou pour être plus exact Cameron Mitchell) que le film aurait été entièrement tourné en 5 jours. Par ailleurs pour cause de budget défaillant, les décors de l’intérieur du vaisseau spatial auraient été empruntés à « Vingt-quatre heures chez les Martiens » et des accessoires proviendraient de la production de « Destination Moon ». Bien que ne se prenant pas vraiment au sérieux, Flight to Mars s'avère être un distrayant voyage dans les confins mal explorés du cinéma d'exploitation. Un monde coloré, peuplé de martiens aux noms improbables ( Ikron, Tillamar , Alzar ) de martiennes sexy en jupe ras la touffe, de tenues kitsch et de messages d'une apaisante niaiserie. Le récit est à la hauteur, puisque nos martiens à première vue très accueillants, sont surtout décidés à quitter leur planète pour s'installer sur Terre, même si cela passe par la force. Un spectacle Bis réjouissant.



Pour clôturer, parlons un peu du dernier film du coffret à savoir : Red Planet Mars. Le film prend la thématique martienne avec beaucoup de recul puisqu'il est surtout question ici d'établir un contact radio avec une forme de vie extra-terrestre. Exit donc les décors bariolés de Flight to mars, le deuxième film du disque deux nous ramène sur Terre et plus exactement dans un monde bipolaire. Américains chrétiens d'un côté, Russes communistes de l'autre. Bien que ce double affrontement suscitera un intérêt certains chez le cinéphile historien qui ne manquera pas de pointer du doigt (et du bon) cette propagande dégoulinante et l'art de jongler avec un budget insignifiant, Red Planet Mars, vu 60 ans après sa réalisation donne surtout l'impression de ne jamais décoller, au sens propre comme figuré.




Test Technique et verdict :

Première bonne nouvelle, ce coffret double DVD est vendu à prix très bas (18€90) et embarque 4 cartes postales superbes et un livret de 12 pages par le Pr Brave Ghoul. Pour le même prix au rayon bonus, vous aurez droit à 2 courts métrages : « La révélation » de Vincent Diderot et « Beyond Lifedome » de Viktor Alexis , des diaporamas et la fin alternative de Invaders from Mars. Au niveau des copies on oscille entre le bon (RocketShip XM ) et le moins bon. Mais compte tenu de la rareté de ces films, la présence de sous titre et le prix de l'édition, difficile de faire la fine bouche. Destination mars est un achat tout simplement indispensable pour tous les amateurs français de science fiction.