La nuit des maléfices : critique et test DVD


 Au mois de juin , Artus films traverse la Manche et se penche sur les chefs d'œuvres de l'épouvante anglaise avec une toute nouvelle collection titrée non sans pragmatisme «British Horror». La Griffe de Frankenstein (Horror Hospital), La Nuit des Maléfice et le Sang du Vampire ouvrent le bal. Une immanquable occasion d'explorer la face sombre du cinéma Grand Breton. Au menu zéro mariage et beaucoup d'enterrements. Ecranbis.com qui speak l'anglais very well, yes I am... assure les visites … 



Au 17ième siècle, dans un petit village perdu dans les profondeurs de la campagne anglaise, un certain Ralph Gower laboure un champs lorsqu'il met à jour un étrange et monstrueux crane en décomposition. Effrayé le jeune homme court annoncer sa découverte au juge local et ce dernier consent à venir examiner la sanglante trouvaille. Mais arrivé sur place, plus la moindre trace de créature dans les sillons. Pourtant quelque chose a bien été réveillé ce jour là et peu à peu le petit village sans histoire glisse dans la terreur et la folie. Une future mariée perd la raison la veille de son mariage, son fiancé en pleine crise d'hallucination s'en coupe la main droite (On vous laisse juger de la symbolique),  Angelique Black la plus pieuse des jeunes filles de la région s'offre dénudée au vicaire, les disparitions se multiplient et de bien curieuses cérémonies païennes sont organisées dans les bois. Là, près d'une église en ruine, on interrompt les coïts à coup de ciseaux (coitus interruptus cisaillus) en invoquant le malin... De retour de Londres, le juge décide de chasser la bête, ses immondes serviteurs et ce quelque en soit le prix... 

 

Le moins que l'on puisse penser, sorti de ces quelques 92 minutes, c'est que l'incompréhensible titrage français de l'effort de Piers Haggard ne fait pas honneur à son scénario. Le discours horrifique de «Blood On Satan Claw » ( littéralement «Du sang sur les griffes de Satan») ne se drape nullement d' obscurité ou pour le dire plus simplement, son fantastique récit se déroule essentiellement de jour. Mais Peu importe ! Lancée au milieu de années 60 sur les rails de l'horreur bon marché , La
Tigon British Film Productions de Tony Tenser entend tenir tête à la Hammer et L'Amicus. Est-ce alors le psychédélisme ambiant ? Le délicieux parfum hallucinogène des seventies ? Le Néo paganisme est dans l'air du temps et la sorcellerie squatte l'imaginaire. Au cinéma le «folk horror» sous genre puisant son discours dans l'occulte carabiné fait son apparition accouchant de ses premiers classiques (The Wickerman pour n'en citer qu'un... Un titre qu'il fallait... Osier). Un phénomène non exclusivement anglais puisque la même année que notre «Blood On Satan Claw », de notre côté de la Manche, un certain Mario Mercier se fendra de «La Goulve» suivi de près par «La Papesse». Deux pépites bizarroïdes à tendance soixante-huitardes hallucinées... à visionner si possible sous contrôle médical.



L'attrait cinéphilique de notre nuit des maléfices est bien entendu multiple mais puisqu'il nous faut bien commencer quelque part, commençons par les deux figures qu'il oppose face comme derrière la caméra. D'un côté la blonde Angel Black (Campée par Linda Hayden en début de carrière la belle venait venait d'apparaître dans «Une messe pour Dracula» sous l'étendard de la Hammer. ), de l'autre, un juge sans pitié (Patrick Wymark, lui en bout de course, l'acteur passera malheureusement de l'autre côté du miroir avant même la sortie du film sur les écrans anglais.). La sorcière, éternelle tentatrice, fille et épouse du diable, fruit et chair du péché, face à la rigoureuse droiture de l'homme et son expression ultime, brutale, punitive: La Justice. On ne manquera pas de voir cette nuit des maléfices à travers le prisme de la parabole misogyne et de la fable anti féministe. C'est à dire une analyse récurrente du mythe de la sorcière. D'autant plus qu'ici, le juge n'a rien de l'inquisiteur sans pitié de «The Witchfinder General» ou du sadique magistrat de «The Bloody Judge » Rugueux, déterminé mais définitivement du bon côté de la fable, Patrick Wymark affrontera le mal en le regardant dans les yeux... glaive à la main. C'est quand même autre chose que le mur des cons, me souffle mon chat toujours très au fait de l'actualité …


On verra également dans cette heure et demie, quelques visions brumeuses de bobines à venir. Le rassemblement d'enfants autour d'un démon d'origine agricole préfigure sans doute les «Children of the Corn» de Stephen King. Tandis que l'incarnation poilue, griffue et encapuchonnée du malin rappelle avant l'heure les créatures de M. Night Shyamalan et de son «Village» d'Amish bloqué dans le temps (The Village... Mais pas People, ne confondez pas). Pour le reste la nuit des maléfices est parcourue
par une certaine austérité cinématographique mettant par un jeu d'opposition très en valeur ses quelques séquences esoterico- horrifiques ou coquinettes. On s’étonnera enfin de l'esthétique florale des dites scènes de sorcellerie, ré-appropriation d'un des symboles du mouvement Hippie ? Versant démoniaque du Flower Power ? Va savoir... Le fantasticophile collectionneur est, quoi qu'il en soit, invité à invoquer le dieu CB en dansant nu autour du site d'artusfilms.com... Et envoyez nous vos photos, on aimerait bien voir ça...




Le disque:

Artusfilms vous propose de découvrir «La nuit des maléfices» dans une belle copie au format 1.85, accompagnée de mixages français et anglais, ainsi que de sous titres. Cet inavouable plaisir est accompagné d'une présentation du film par Alain Petit titré «Le Sang et le diable» (29 minutes), d'un diaporama d'affiches et de photos, des bandes annonces de la collection... Ainsi que d'une petite surprise. Un court métrage signé Thierry Lopez en personne (son huitième en fait) et dont le message pourrait se résumer à : La guerre, ça te change un homme... On ne vous en dit pas plus ! A vos platine ! 12€90 ( et ça les vaut) sur artusfilms.com dès aujourd'hui et à partir du 4 juin dans le commerce.

Alain Petit, l'homme qui affronta Ogroff !

Capture d'écran Hyrcania de Thierry Lopez