Tender Flesh : Critique et test DVD


Oui depuis quelques mois, les colonnes numériques de l'Ecranbis.com sont moins remplies que d'habitude. La faute à une actualité vidéastique en demi teinte mais également à un emploi du temps contrariant. Si nos petits doigts boudinées et poilus sont occupés ailleurs, sachez que c'est pour la bonne cause. Nous vous dévoilerons d'ici quelques semaines la petite surprise que nous concoctons dans l'arrière boutique de ce site depuis des mois. Mais pour l'instant motus et bouche cousue, on vous parle d'une des nouvelles galettes argentées venant enrichir la fabuleuse collection Jess Franco de l'éditeur français Artus Films.


« Une dernière impression de pellicule avant un saut de l'ange dans l'enfer de la vidéo et du Very Low Budget.»


Une édition double DVD exceptionnelle (et on vous expliquera pourquoi) pour «Tender Flesh», l'un des derniers films que le petit Jesus ait réalisé avec un peu de moyen. Une dernière impression de pellicule avant un saut de l'ange dans l'enfer de la vidéo et du (very) Low budget. Dans les années 90, le temps est au changement, le septième art semble résolu à se passer de ses mercenaires historiques, la filmographie du fou filmant fait un peu la gueule. Mais un coup de fil suffira à saupoudrer la grisaille ambiante d'un peu de rêve américain. « C'est de la poudre de perlimpinpin » aurait prévenu Emmanuel Marcron alors âgé de 8 ans et demi, en découvrant le mirobolant budget ! Mais c'est déjà suffisant pour convoquer les fesses d'ange d'une Amber Newman, Scream Queen en devenir, et le minois très bourgeois d'une Monique Parent. Même le Franco Nero avignonais, Alain Petit himself est prié de s’envoyer en l'air, pardon Alain, de prendre l'avion pour Malaga... Direction le vedettariat bisseux et les brûlantes nuits ibériques. Y'en a qui ne se refusent vraiment rien !

«Bien avant que le sexe faible n'organise sa vendetta à coup d'hashtag , Franco et le cinéma fantastique balançaient des déjà ses porcs. »

Au menu, de la chaire tendre ...Celle de Paula, femme enfant mais pas frileuse, certainement recrutée sac à dos sur l' épaule, malabar dans la bouche à la sortie d'un aéroport miteux par le premier gugus au prénom exotique et à la mèche rebelle. Aveuglé par l'amour ou par sa frange adolescente, la petite se retrouve à jouer les effeuilleuses dans un night club sordide. Et c'est d'ailleurs là qu'elle tape dans l’œil de deux couples lassés par l’échangisme standard et les orgies ordinaires. Bien avant que le sexe faible n'organise sa vendetta à coup d'hashtag et de « me too », Franco et le cinéma fantastique balançaient des déjà ses porcs. Nobles ou bourgeois mais toujours un peu désœuvrés et un peu pétés de tunes. Quand l'ouvrier de chez Renault, la serveuse de Mc Donald ou le petit personnel de guichet rentre chez lui le soir, après une dure journée de labeur, il cède plus volontiers au sommeil qu'aux idées perverses. Tout le monde n'a pas les moyens, ni le temps de ses penchants sadiques ! Mais passons.


« Tender Flesh échappe un peu à la description, tombant parfois dans l'érotisme bon marché pour chaîné câblée pour mieux renaître comme une œuvre très Franco».

Pour quelques billets verts, Paula accepte de payer un peu de sa personne en embarquant sur un yatch de luxe. Et tant pis si il faut  danser la Lambada avec une garçonne vieillissante, son mari cinéaste amateur et accessoirement publiciste pour Canon ... Au bout du voyage, une île exotique, un diner presque parfait et des jeux érotiques qui suivant l'adage, Jeux de mains, jeux de vilains, vont mal tourner. On imaginait bien que nos deux paires de coquins avaient quelques idées derrière la tête, mais l'on imaginait pas qu'après avoir abusé de Paula, ces derniers avait prévu de la chasser comme une biche, de la cuisiner et de s'en délecter. Œuvre miroir dans laquelle on croit reconnaître le reflet de «La comtesse perverse», Tender Flesh échappe un peu à la description, tombant parfois dans l'érotisme bon marché pour chaîné câblée pour mieux renaître à la force de séquences (carrément) audacieuses ou de plans à l'esthétisme fou, comme une œuvre «Très Franco».



Une chose est certaine, nous tenons là un must have pour les adorateurs du maître, d'autant plus indispensable que cette édition s'accompagne d'un making off copieux et inédit tourné par Alain Petit, permettant de voir Franco à l’œuvre, de plonger dans l’ambiance du tournage et de se délecter d'anecdotes surgissant du passé. Le dernier grand film de Jess Franco claironne la jaquette, peut être pas, mais c'est le fan transi de Michelle Bauer qui parle. Si le très bel Artwork rouge coco qui habille cette édition vous fait de l’œil, on vous conseille donc de succomber à la tentation.

Un œil sur le disque :

Le master au format 1.66 n'est pas le point fort de cette édition. On se consolera en se disant qu'il s'agit sans doute du seul matériel à ce jour disponible. Faute d'exploitation française, seule la piste originale anglaise et un doublage espagnol sont proposés avec bien entendu un sous titrage français de qualité. Outre l'introduction d'Alain Petit qui a trouvé une place sur le premier disque, les suppléments sont concentrés sur la deuxième galette. Et ce second disque justifie à lui seul l'achat de ce double DVD. Voici la liste des suppléments :

- «  From Malaga with love ( Making of avec 3 pistes audio)
- « La bouché du Cardinal » ( Présentation du film par Alain Petit)
- « Working with Jess » (le maitre à l'oeuvre)
- «  La vie est une merde » ( anecdote et clip vidéo)
- « Psycho-Lettes » (Court métrage)»