Little Deaths: Critique et test DVD


Amateurs de péloche folles et furieuses, accrochez-vous a vos télécommandes, «Little deaths», bobine anglaise hallucinée et hallucinante traverse la Manche le 15 novembre prochain et c'est Emylia qui régale. Au programme 3 vices, 3 fantasmes et la preuve que les cinéastes britanniques n'ont pas perdu la main lorsqu'il s'agit de se frotter à l'exercice de l'anthologie horrifique. Un spectacle déviant, sombre et violent qui mérite sans conteste le titre de « Film du mois ». Ecranbis.com ouvre pour vous ce livre de conte d'un genre nouveau. Eloignez les enfants...C'est un conseil !


Synopsis :

Little Deaths est une étude fascinante des manipulations émotionnelles et des différentes formes d’addiction, de la drogue à la dépendance affective. Mélange artistique d’idées transgressives et de visuels minimaux et réalistes des films indépendants britanniques, chaque segment est une assertion esthétique unique qui se nourrit et s’abreuve cependant de sa cohorte, pour former un tout d’une impressionnante cohésion.





Critique : 


La genèse de Little Deaths, c'est pour commencer la rencontre et l'amitié de trois réalisateurs indépendants londoniens :  Sean Hogan, Simon Rumley et Andrew Parkinson. C'est aussi un constat et une idée: Cela fait bien longtemps qu'une bonne anthologie fantastique n'a pas pointé le bout de son nez sur les écrans. Alors pourquoi ne pas en réaliser une. Nos trois compères sautent sur l'occasion et concoctent chacun de leur côté une ébauche de scénario. Au moment de réunir les écrits, ils découvrent que les trois histoires sont liées par un double thème commun  : Horreur d'un côté et sexe de l'autre. Un lien rendant superflue toute nécessité de raccrocher artificiellement les segments entres eux. Mais le vent ne va pas tarder à tourner  et les problèmes ne font que commencer. Difficile en effet de trouver des acteurs consentants à foncer tête baissée dans un cinéma aussi extrême. Et même une fois le film tourné, le premier montage panique les producteurs au point de charcuter  les scènes les plus chocs des épisodes signés par Hogan et Parkison, entrainant illico presto leur démission. Ils finiront par revenir dans le bateau et accepter l'exploitation d'une version censurée à la condition qu'une version uncut soit également proposée aux distributeurs. Bonne nouvelle des étoiles, c'est cette version intégrale et non censurée qui se trouve édité ce mois-ci par Emylia.




Comme nous vous l'expliquions dans le chapeau introductif, «Little Deaths» s'inscrit dans la tradition du film à segments. Une forme classique du cinéma de genre et un exercice périlleux par excellence. Difficile en effet de faire coexister au sein d'un même métrage : des histoires indépendantes, une variété de tons et les visions respectives de plusieurs réalisateurs. Un segment finit par toujours, par son originalité ou ses qualités visuelles, par sortir du lot avec pour conséquence directe de déséquilibrer le métrage. Mais si il existe des bobine touchées par la grâce, «Little Death» en fait résolument partie. Explorant les couloirs les plus sombres du vice et de l'addiction , les 3 fables de Little Dearths : « House and home », « Mutant tool » et « Bitch » finissent par former un triptyque horrifique d'une rare homogénéité, et au delà une œuvre étrange, lugubre, et bestiale ...

On ouvre le bal avec « House and Home » et son un couple de Britanniques bien comme il faut. Deux tourtereaux qui prennent un malin plaisir à attirer des jeunes femmes sans abris en leur promettant un peu d'argent et un repas. Une fois accueillies, lavées, rassasiées et droguées (ça c'est du Bed and Breakfast !), l'addition est salée et ces pauvres âmes perdues sont contraintes d'accepter les jeux les plus immoraux. Manque de chance pour notre tandem pervers, la victime du jour n'est pas exactement ce qu'elle semble être. Un «tel est pris qui croyait prendre» parfaitement maîtrisé sondant dans un premier temps les marécages du Torture Porn classieux avant d'ouvrir le robinet du fantastique...On vous en a déjà trop dit ...



Le segment «Mutant tool» accroche lui son récit à une prostitué junkie qui s'essaye à un nouveau traitement expérimental censé la guérir de son addiction. Mauvais pioche, la composante principale de ce remède miracle est en fait sécrété par le sexe géant d'un monstre enfermé dans le sous sol de l’hôpital et les effets secondaires sont carabinés... Un pitch comme on en fait plus et un psychiatre fou continuant en secret les expériences des savants nazi sont au programme de ce chassé-croisé de destin. De loin le segment le plus fou et barré du lot.

Dans «Bitch», qui porte décidément bien son nom, une jeune femme dominatrice et perverse fait vivre un véritable calvaire à son partenaire, le contraignant à des pratiques sexuelles dégradantes et en le trompant à la moindre occasion. La victime semble dans un premier temps soumise, voir complice mais pas pour très longtemps. L'idée d'une revanche ( Yeah Boy power!) commence peu à peu à germer dans son esprit. Qui des deux sera le plus dérangé ? Un dernière descente en enfer construite comme une lente mais inexorable montée en pression. Sans doute le segment le plus réaliste, cru et terre à terre qui trouvera son apothéose dans les préparatifs d'une vengeance gratinée sur fond de musique pop sautillante.




Vous l'aurez compris  «Little Deaths» vient confirmer tout le bien que nous pensions du cinéma fantastique anglais, de sa faculté à dépasser les codes du genre et à se ré-inventer sans cesse. Un film à la fois brillant et obscur, transgressif et malsain. Une péloche horrifique qui a une âme. C'est le coup de cœur du mois et c'est un 17/20 non discutable.

Test Technique :

Emylia propose le film dans une édition simple DVD Premium ( mais aussi en Bluray Combo). La galette argentée que nous avons eu dans les mains délivre une image sans faille dans son format d'origine 2.35 accompagnée de deux mixages 5.1 plutôt sympathiques. ( Français et anglais) . Mention spéciale pour le doublage français qui ne démérite pas. Des sous titres frenchy sont également de la partie. Seul point noir de cette édition, une absence totale de bonus.