Battlestar Rebellion: Critique




A l'heure où les fantasticovores goûtent aux joies de la plage et aux après midi de farniente, Ecranbis.com baisse le rythme mais ne tombe pas le rideau. Pour preuve, nous avons pu jeter un œil à «BattleStar Rebellion», super production russe qui prendra le chemin de nos platines DVD et Bluray le 1er août 2012 et dont nous avons déjà publié dans le numéro de juin de notre fanzine quelques images inédites. Il est désormais temps de passer à un review en bonne et due forme...


Synopsis :

Nous sommes en 2157. L'âge d'or de la civilisation humaine. Les pilotes du Free Search Group sillonnent l'espace à la recherche d'un vaisseau spatial russe piloté par Maxim Kamerrer, 22 ans, qui s'est écrasé sur Saraksh, une lointaine planète habitée. Après de longues années d'une guerre nucléaire, une crise environnementale règne sur la planète et la société en place doit faire face à de graves problèmes sociaux et à une paix fragile. Le vaillant cosmonaute va découvrir une mystérieuse terre régie par les Pères Inconnus, cinq gouverneurs anonymes manipulant la conscience des habitants par le biais d'émetteurs spéciaux. Ici Maxim fera la connaissance de nouveaux amis, aura des ennemis, trouvera l'amour et, après avoir traversé de nombreuses épreuves, il prendra finalement la tête d'un mouvement rebelle visant à défier les cinq avides gouverneurs…


Chronique :

Depuis le «Nighwatch» de Timur Bekmambetov et sa suite «Daywatch», le nouveau cinéma fantastique russe ne cache plus ses ambitions transfrontalières. Il les sublime même, donnant au moindre bout de péloche estampillée «
Российская Федерация» des airs de vidéos clips géants. Déluge d'effets spéciaux numériques, fulgurances visuelles, le message a le mérite d'être clair. Oncle Sam, gare à tes fesses, le cousin Sergeï envoie du lourd ! De ces quelques heures de plaisir cinématographique venues du froid, tout n'est pas forcement à retenir. Le meilleur côtoie même le pire. Il faut dire que dans cette marche forcée vers la mondialisation de l'entertainment, la mère Russie paye sa dîme de quelques sacrifices culturels. Et lorsque elle ne le fait pas, les re-montages pour l'export s'en chargent. Difficile d'effacer de nos mémoires le douloureux cut US de «Night Watch» ou d'expliquer pourquoi ce même montage fut exploité dans les salles européennes, offert mutilé à un public pourtant plus enclin à en appréhender la dimension poétique. Mais passons et intéressons nous à «BattleStar Rebellion» derrière lequel se cache «Обитаемый остров»(The Inhabited Island).




Pour adapter à l'écran le roman éponyme des frères
Strugatsky, Fyodor Bondarchuk a disposé de moyens inédits. 10 mois de tournage en Crimée et 36,6 millions de dollars US de budget faisant de «BattleStar Rebellion» (son titre français) le plus gros budget de l'histoire du cinéma russe moderne. En résulte 225 minutes de pure S.F. exploitées dans son pays d'origine sous la forme de deux longs métrages. La première partie (115 minutes) a connu une sortie cinéma en décembre 2008 , tandis que la seconde, titrée «Skhvatka» (110 minutes) imprimera les écrans en Avril 2009. Avec plus de 20 millions de dollars US de recette sur le territoire russe, le film (du moins son premier volet) parvient  à se hisser à la 4e place du box office annuel devançant même Harry Potter et le prince de Sang mêlé.
Pas de grande surprise pour la France, «Battlestar Rebellion» nous arrive avec quelques années de retard, sans passer par les salles obscures et sous la forme d'un remontage de 115 minutes compactant les deux épisodes. Montage qui doit sans doute être similaire à celui édité en DVD et Bluray chez nos voisins allemands sous le titre "Dark Planet" en début d'année. (Notons tout de même l'existence outre Rhin d'une édition spéciale Bluray 3 disques, permettant de jeter un oeil au diptyque original).


Évidemment, le space opéra russe annoncé a de quoi titiller la curiosité et les DVD teaser que l'éditeur a pris soin d'envoyer à la presse il y a quelques semaines déjà, ont sévèrement aiguisé nos appétits de vidéovores compulsifs. Le cinéma exotique, lorsque il ne vient pas d'Asie étant traditionnellement accueilli dans l'hexagone avec défiance, on ne s'étonnera pas que quelques uns de nos confrères se soient laissé aller à un scepticisme prudent. Rajoutons à cela que barrière de la langue aidant, peu de gens ont de ce côté du web entendu parler du film. Le spectacle sera-il à la hauteur des attentes ou des craintes suscitées ? Dès son générique façon bande dessinée, Bondarchuk apporte une partie de la réponse tout en annonçant le grand écart cinématographique à venir. Son Battlestar Rebellion devra autant à la littérature russe qu'au serial comic. Une adaptation à priori très fidèle du roman des Strugatsky servie dans l'écrin d'une culture SF mondialisée. Et si la portée politique du récit, pointant sans beaucoup de réserve du doigt l'ex régime soviétique, ne fait aucun doute, on verra tout aussi clairement en Maxim, son héros blondinet et athlétique, fraîchement débarqué sur la planète Saraksh, une incarnation moderne de Guy L'Eclair. Mais BattleStar Rebellion n'est pas qu'un «Flash Gordon chez les soviets …»



Là encore pas de doute possible, chaque séquence, le moindre plan semble traversé par une impérieuse nécessité: celle de donner le change et tenir la dragée haute au blockbuster yankee. Décors somptueux, armée de figurants, festival d'effets numériques, musique symphonique, Battlestar Rebellion emprunte aux productions Hollywoodiennes le vocabulaire de l'opulence. Impression amplifiée par un montage qui divise le runtime d'origine en deux se concentre pour le coup sur ses arguments les plus spectaculaires. Le risque ? Que les 115 minutes résultantes tournent à la démonstration visuelle sans fond, à la fresque décorative, exclusivement bling bling, victime du légendaire hermétisme scénaristique russe. (Souvenons nous de «The Interceptor» ou plutôt tentons de l'oublier). Sur ce point, disons le,  Fyodor Bondarchuk s'en sort plutôt bien et aidé par le recyclage de 40 ans de cinéma SF (Dune, L'armée des 12 singes, Starship trooper, Brazil, Le 5e élément, Batman) il parvient sans mal à embarquer le spectateur dans ses bagages.  Les fines bouches pourront toujours arguer que le propos délivré tient plus de la bande dessinée primaire que de la fresque fantastique. Et effectivement vu dans ce format condensé pour ne pas dire compilatoire, sacrifiant toute subtilité présumée sur l'autel du «Grand ! Fort ! Puissant !» «Обитаемый остров» apparaît surtout comme un pop corn movie venu du froid, un divertissement fantastique pur. (Presque un film américain ! C'est dire !). Bref, un inédit vidéo haut de gamme et un petit plaisir coupable que le fantasticovore curieux tout comme l'amateur de spectacles S.F. rutilants ne se refuseront pas. Les boudeurs sont donc priés d'aller bouder plus loin... 3.75/5

 

Test technique:

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous n'avons eu entre les main qu'un DVD non définitif timecodé n'embarquant qu'une piste audio: celle du doublage français. Difficile donc de parler des spécificités du disque qui sera commercialisé en août prochain.