La crypte du vampire: Critique et test DVD


Dans sa nouvelle salve de gothiques italiens, Artus films exhume un "Christopher Lee" méconnu et par conséquent "nécessaire" au sens nanarlandifique du terme, dit autrement: Il le faut ! Il le faut tellement que caressant le sombre objectif de faire apparaître en notre sainte platine, une galette de la chose, la petite équipe d'ecranbis.com dut s'adonner, des nuits durant , à d'étrange rites payens. Au matin du 5e jour, dans la brume matinale un carrosse jaunâtre nous apparu, un suppôt de la poste en descendit et nous délivra de nos souffrance... Chroniqueur de produit culturel, y'a pas à dire, c'est du sport !

Chronique :

Cinq années avant de passer de l'autre côté du miroir, l'italien Camillo Mastrocinque (Un ange pour Satan avec Barbara Steele) signe sous le pseudonyme de Thomas Miller, «La cripta e l'incubo» également connu sous les titre de La crypte du vampire, Crypt of the Vampire (pour la télévision américaine) ou encore Terror in the Crypt (pour son exploitation dans les salles anglaises). Cet effort gothique italo-hispanique eu la bonne idée (et la bonne étoile) de convoquer un certain Chistopher Frank Carandini Lee, entré dans la légende du cinéma de genre en 1958 lorsqu'il revêt pour la première fois et pour un cachet de misère (On parle de 700£) la cape du conte Dracula (le cauchemar de Dracula de Terence Fisher). Désormais, son nom, son regard pénétrant et son physique longiligne seront à jamais associés à la star des Vampires. L'acteur arpente fiévreusement les plateaux européens incarnant avec un indiscutable génie le machiavélique,le perfide ou plus généralement le visage du mal. Sa soif de tournage l'entraînera sans surprise en Italie où il débute en incarnant le Baron Roderico da Frankurten dans «Les temps sont durs pour les vampires» (1959 ) et enchaîne avec l'incroyable peplum de Mario Bava : «Hercules contre les vampires», péloche entrée au panthéon du mauvais genre (pour les cinévores français du moins) grâce une improbable réplique «Vas en avant Hercules !»



En 1964, Lee apparaît dans La gorgone de Terence Fisher, The Devil-Ship Pirates de Don Sharp, mais également dans deux films d'horreur italiens: Notre «La cripta e l'incubo» du jour et «Il castello dei morti vivi». Cette dernière bobine clôturera sa période italienne. Empressons-nous de dire que la chose est également visible dans notre coin du monde sous son titre français «Le château des morts vivants» dans un DVD édité par, le monde est petit, Artus films. Mais revenons à notre La «cripta e l'incubo» qui plante ses malicieuses ratounes dans l'un des piliers de la littérature vampirique, la nouvelle qui précéda de 26 longues années le Dracula de Bram Stoker, c'est à dire la «Carmilla» de Sheridan Le Fanu. Par une sombre nuit dans les bois, la jeune Tilde Karnstein succombe à la morsure d'une créature de la nuit. Au même moment à des centaines de kilomètres de là, sa cousine Laura se réveille horrifiée. Cauchemar ou vision ? Une chose est sûre, cette noble famille semble avoir quelques fantômes dans les placards. Et lee conte ( Christopher Lee) craignant que les tourments de sa fille ne cachent la prochaine réincarnation de Sheena Karnstein, jadis accusée de sorcellerie et morte crucifiée, demande au beau Frederic Klaus de mettre la main sur un portrait de sa peu fréquentable ancêtre.




Alors que Laura confesse à Frederic que «dans la solitude, il est difficile d'être gay» (Tu m'étonnes...), la douce Llubja semble tomber du ciel. Coup de foudre entre les deux adolescentes qui devront limiter leur passion naissante à son expression la plus pudique. Oh plaisir de l'époque... Les caresses, les étreintes et regards brûlants s'échangent sans jamais que les lèvres ne s'offrent. Peu importe, le spectateur comprendra de lui même la nature charnelle du lien qui se tisse entre Laura et Llubja, sous les yeux impuissants d'un Christopher Lee qui laisse pour une fois son dentier au vestiaire. Si il y a quelque chose de plus assumé dans cette crypte du vampire c'est bien une volonté de répondre au standard du genre. Sur ce point Mastrocinque se montre hardi. Château, crâne, cérémonie de magie noire, gouvernante maléfique, cris dans la nuit… Toutes les ficelles du cinéma gothique s'entremêlent 81 minutes durant. Le spectacle résultant paraît par conséquent assez convenu ce qui ne l'empêche pas d'offrir quelques très jolis plans habillés de noir et blanc et chose plus rare, quelques jumpscares en état de marche, comprendre fonctionnant à autre chose qu'au  jus de patine temporelle ou autre dérivé d'un plaisir cinéphilique. Impossible de ne pas citer là la scène incroyable où la gouvernante, assise dans un cercueil désigne Laura du doigt. Quelques 60 ans après sa réalisation, ce simple effet de mise en scène parvient encore à glacer le sang... Magique !



Il en faudra certes un peu plus pour faire entrer cette «Cripta E 'lincubo» dans le  carré VIP  du cinéma fantastique italien. Reste que cette oeuvre de Mastrocinque, pudiquement sulfureuse, joliment troussée et forte d'indéniables qualités graphiques constitue une très fréquentable addition à la collection Gothique d'Artus films. Bref un petit plaisir pelliculé sur lequel ni le collectionneur insatiable, ni l'aventurier de la bobine perdue ne saurait cracher. 3,5/5


Test technique :

Le crypte du vampire nous est ici proposé dans un transfert tout ce qu'il y a de plus satisfaisant au format 1.66 d'origine. Artus a pris soin de proposer le mixage original en langue italienne ( Dolby digital) ainsi que son pendant francisé. Outre les sous titres dans la langue de Molière, les bandes annonces de la collection et le traditionnel diaporama, le bisseux pourra se délecter d'une présentation ( La crypte et l'incube)  du sympathique Alain Petit. Supplément passionnant mais malheureusement un peu court  (21 minutes certes , mais quand on a faim, on a faim ! ). Mon cher Alain nous aurions tellement aimé que tu nous parles un peu de Mastrocinque et que tu arrêtes de faire le difficile avec le cast feminin. Franchement, peux-tu jurer un main sur le Necronomicon que tu n'en ferais pas d'Adriana Ambesi ton quatre heure  ?