Hollywood chainsaw Hookers : Critique et test DVD



Tout vient à point à qui sait attendre... L'adage a la qualité de caresser les décrocheurs de lune dans le sens du rêve, mais il faut ajouter que la patience du cinévore peut aussi connaître quelques limites. D' Hollywood Chainsaw Hookers la plus culte des saillies exploitatives du prince de la débrouille, nous n'avions eu droit qu'à la publication éparse de clichés promotionnels. Des amuse-gueules appétant mais tristement immobiles livrant à nos mirettes souillées d'émotion la grande Michelle et un jouet vibrant du genre «costaud». Petit détail amusant, la plupart de ces célèbres clichés n'étaient même pas tirés du film mais d'une séance de shoot pré-tournage.  De 1988 à 2014, nous avons eu pour ainsi dire le temps de nous mettre un plan de tabac sur l'oreille et de le voir sécher... Bonne nouvelle de la mare vidéastique aux crocodiles, la chose a droit à un zone 2 français quelques 26 printemps après sa réalisation. En cette période propice au taillage de haies, tignasses et plus si affinité, Ecranbis.com abandonne pelle, râteau, tondeuse et passe aux choses sérieuses.

Vous avez la tête dans les étoiles ?
 Alors qu'il vient juste de mettre en boite «Deep Space» (Un sous Alien avec Charles Napier, devenu dans l'hexagone «L'invasion des cocons» grâce aux efforts conjoints de feu La 5 et du tout aussi feu Fil à films), Fred Olen Ray est appelé au secours d'un de ses proches, le cameraman Gray Graver. Ce dernier est empêtré dans la post production de «Moon in Scorpio» pour le compte de la Transworld Entertainment. Ironie du sort, le film a été en partie financé par le succès d'une autre savoureuse série B de Fredo le magnifique: Commando Squad. (Disponible par chez nous dans une édition semble-t-il sauvage). Un sauvetage cinématographique qui fera l'objet d'une tractation des plus curieuses. En échange d'un précieux coup de patte, Olen Ray reçoit 5000 dollars sous la table et la permission d'utiliser le matériel de tournage durant les jours de pause. La rédaction d'un script minimal suffira à la prévente les droits vidéo pour le territoire américain.

Michelle Bauer... l'une des trois Vidéo Scream Queens
 Pour la modique somme de 25 000 billets verts, Camp vidéo obtient l'exclusivité de la distribution US. Et du haut de ce pécule miraculeux, Fred Olen Ray tournera son chef d’œuvre en 35 mm, en 5 jours et demi s'il vous plaît... Un montage dont seuls quelques coquins illustres (Corman , Warren & co) ont le secret. Roi du clin d’œil cinéphilique, le cinéaste décide de reprendre contact avec un acteur qu'il a croisé sur le tournage de «Demon Lover» (de Don Jackson). Un certain Gunnar Hansen, dont l’interprétation masquée de "Leatherface" marqua la carrière au fer rouge. Ce dernier, quelque peu réticent à l'idée de retâter de la tronçonneuse... ("Fred, tu fais scier" aurait-il déclaré de source peu sure) va finir par accepter mais il nous faut immédiatement concéder que sa brillante apparition se trouve vampirisée par deux des plus belles plantes carnivores de la forêt «Bis». 

A ma gauche Linnea Quichley, déjà sacrée «Scream Queen de compétition» suite à quelques sauts périlleux filmiques («Douce nuit, sanglante nuit» et «Les rues de l'enfer» ainsi que pour un effeuillage d'anthologie dans "Le retour des morts vivants" de Dan O'Bannon). A ma droite, Michelle Bauer, ex-playmate attachante (comprendre un temps spécialisée dans le bondage) qui connut une première carrière dans le cinéma pour messieurs esseulés sous le pseudonyme de Pia Snow. On la voit d'ailleurs dans le cultissime «Café Flesh» ou encore dans «Bad Girls» (A priori le seul film dans lequel la demoiselle joua du pipeau pour de vrai, le reste des exploits de Michelle étant à mettre au crédit de simples prêtes fesses).

Attention, elle va tirer un coup !

Le propos de notre pépite du jour embrasse goulûment le film noir, caresse l'érotisme, étreint le gore et défourrage la parodie. Détective désabusé et un peu branque, Jack Chandler (Jay Richardson) est un digne rejeton de la cité des anges. Dans la moiteur entêtante des nuits californiennes et les impasses mal éclairées, l’enquêteur court après une jeune fugueuse : Samantha (Linnea Quicgley). Trouver une blonde dans les rues de Los Angeles, c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin, me direz vous. Mais de curieux faits divers vont le mettre sur une piste. Celle d'une secte de filles de joie armées de tronçonneuses...

En 1988, tirer un coup pouvait vous coûter un bras ! Le message pas très caché puisque trônant sur les visuels promotionnels d'époque n'est pas simplement humoristique. En débarquant de sa Floride natale aux débuts des années 80, Fred Olen Ray découvre la fesse cachée d'Hollywood. Les dernières pages de canards, les petites annonces kinky et les relations tarifées. Quelles surprises peuvent bien se cacher derrière ces fiévreux appels aux coïts ? S'interroge le jeune homme. L'idée d'Hollywood Chainsaw Hookers lui serait ainsi venue. Il l'exploitera d'ailleurs à nouveau (Rien ne se perd, tout se recycle) l'année suivante dans le mordant Beverly Hill's Vamp, un quasi remake sauce vampirique toujours avec Miss Bauer.

Virgin dance of the double Chainsaws !
 Resté jusqu'ici inexplicablement invisible en France, le film fut sans surprise occulté par une bonne part de la littérature cinéphilique locale ou au mieux réduit à la citation polie, honneur réservé aux nanars que l'on a pas vu. Outre Atlantique, la chanson n'est pas la même puisque le film y est considéré comme culte et fait encore l'objet de conventions, conférences et âpres discussions.  Il faut dire qu'en plus d'être un film important dans la carrière de son géniteur (l'un de ses meilleurs, allons-y), il est aussi à l'instar de «Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama» de David DeCoteau et quelques autres bobines sorties des mêmes eaux, une œuvre clef de la compréhension de la série B américaine de la deuxième partie des années 80 (Une production cinématographique assumant sans rougir sa vocation :  remplir les linéaires des vidéoclubs) et  une marche vers  l'installation des Vidéo Scream queens (Bauer, Quicgley, Stevens).  C'est dire si il est temps pour les bisseux de bonne famille de se délecter de cette pépite exploitative et foutraque, déconneuse et délicieuse, entièrement dédiée au plaisir des yeux... et des sens.

Ah Linnea...



Le disque :


Hollywood Chainsaw Hookers nous parvient avec une image au ratio quelque peu exotique 1.5 et un master 4/3. Ce qui correspond à qu'on peut trouver les diverses éditions jusqu'ici disponibles (Le premier Z1 US, l'édition Allemand CMV pour en citer deux). Il ne s'agit donc pas du transfert 16/9 anamorphique (Format approchant le 1.7) réalisé par Retromedia pour l'édition 20e anniversaire du film en 2008. Vous pourrez donc vous consoler en admirant la toison pubienne de Madame Bauer qui avait perdu de sa superbe sur  le disque US 20th anniversary suite à un recadrage un poil (c'est le cas de le dire) trop poussif.  Vous l'aurez sans doute compris, l’intérêt de cette édition française inespérée tient donc essentiellement dans ses sous titres français, ce qui devrait permettre pour la toute première fois aux anglophobes de jeter un œil à la chose dans des conditions sympathiques. Pour le même petit prix (le disque est vendu une douzaine d'euro), vous aurez droit à un chouette court métrage de David Marchand.

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