La venus noire: Critique et test DVD



Stupeur et tremblements dans le petit monde du cinéma Bis... En ce premier semestre 2014 , Severin Films, éditeur américain émérite débarque sur les côtes vidéastiques françaises, deux productions Harry Alan Tower dans les mains. A ma gauche le «Lady Libertine» de Kikoïne, à ma droite la Venus noire de Mulot !  Ces deux offrandes à priori financées par PlayBoy sont déjà dans les bacs. Ecranbis.com les a accrochées à son tableau de chasse. 


Claude Mulot, parfois caché sous pseudonyme de Frédéric Lansac a tourné quelques unes des plus sulfureuses pages de l'érotisme à la française. On lui doit quelques indiscutable classiques dont «la femme Objet» un porno au propos très fantastique traversé par Marilyn Jess. Nous pourrions également évoquer le quasi culte «Sexe qui parle» sans oublier les scénarios de plusieurs fresques et frasques Pecassiennes (Marche pas sur mes lacets, on se calme et on boit frais à Saint Tropez, Embraye Bidas ça fume). Notre homme se retrouve au début des années 80 aux commandes de Black Venus pour le compte d'Harry Alan Tower qui signera par ailleurs lui même le script, en trempant son imagination dans la prose d'Honoré de Balzac. Josephine Jacqueline Jones, élue Miss Bahamas en 1979 y lancera son éphémère carrière (quatre bobines et une révérence). Suivie de près par la niçoise et sublime Florence Guérin. Une nymphe en cachant une autre, les plus observateurs d'entre vous remarqueront sans aucune doute et bien qu'elle ne soit nullement créditée au générique , la présence de Monique Gabrielle. Playmate américaine appelée à devenir l'Emmanuelle d'Emmanuelle 5 tout en connaissant une mini carrière américaine, entre furtives apparitions et simple figuration (Flashdance, Le palace en délire). 


Riche collectionneur d'art, Jacques est un loup blanc des lupanars. La nuit à peine tombée, il écume claques et bordels, langue pendue, à la recherche d'un peu d’extase. Sa chevauché fantastique le conduit chez Madame Lili (Helga Line), mère maquerelle ayant flairé dans le «Bed sans breakfast» un potentiel commercial certain. No vacancy ! L'établissement affiche complet, piaules et femmes de chambres étant prises, Jacques insiste pour se rincer l’œil. Ce à quoi Lili consent à condition toute fois que cela ne le soit justement pas : à l’œil. Admirant par la magie de miroir sans teint, l’ardeur du petit personnel, notre amateur d'art croit reconnaître Venus, une créature fatale à la peau d'ébène. Plongeant dans ses songes, il se souvient d'un bal où la belle au bras, il la poussa dans ceux d'un autre. Armand, un jeune (ou presque), beau (ou presque) artiste sans le sou et à priori sans peigne.


Dans une valse étourdissante, Venus et Armand allument le feu du désir et convolent jusqu'au modeste atelier de l'artiste dans l'espoir de l'éteindre. Subjugué par la beauté de la jeune femme, Armand lui propose de la sculpter, la plante s'effeuille, l'artiste s'applique. La réalité du matin rattrape les amants du soir. L'hôte n'a pas de quoi payer son loyer. Le propriétaire cognant à la porte, l'invitée entre de force sur le marché du travail. Elle sera mannequin dans un magasin de robes, mais la clientèle apparaît plus disposée à parler suçons que chiffons. Ainsi elle finit se faire entretenir en entretenant elle même le gazon d'une mondaine esseulée... Pendant ce temps, Armand fou de rage et de désespoir, sentant son amour perdu à jamais termine sa sculpture "La venus Noire" dans la douleur. Affamé, malade, il refuse obstinément de vendre son œuvre à Jacques...


Il y a deux choses dans cette Venus de Mulot. La déchéance conjointe de l'artiste et de l'amant. Sa belle plante exotique ayant la fesse baladeuse et l'intention de prendre l'ascenseur social coûte que coûte, Armand voit dans sa sculpture,le seul et unique moyen de garder Venus dans ses filets . Il apprendra qu'en ce monde, les belles choses qu'elle soient de pierre comme de chair sont faites pour les gens riches. Jacques aura la fille, la statue et la mère Guerin en prime. La morale n'est décidément jamais là quand on a besoin d'elle. Le monde n'a pas fini de voir de jeunes insouciantes escalader de petit vieux pour se donner des airs de petites filles riches. De l'autre côté, il y a la tragédie du Softcore... En donner à voir régulièrement, suffisamment pour éveiller les sens, mais point trop. Le cinéma érotique, un cinéma d'allumeur ? Mulot y va mollo, close up interdit, on ne voit rien de près et l'on voit peu de loin. Mais l'aventurette, délicieusement vintage, se laisse étreindre sans réveiller l'ennui. Recommandable et recommandé ! 


Le disque:

Pour sa première escapade française, Severin livre un jolie édition au master plein cadre accompagnée de pistes française et anglaise. Minimaliste mais efficace !