Le manoir maudit: critique et test DVD



C’est le printemps et “Artus” revient à ses premiers amours. Si vous y voyez une relation de cause à effet, merci de la garder pour vous... Non parce que je vous vois arriver avec la bouche en cœur et vos histoires de montée de sève.  Franchement, vous êtes chiés quand même, j’essaye de faire des chroniques à peu près sérieuses et vous d’entrée là, paf ...du cul. Enfin bon je suppose qu’on a le lectorat qu’on mérite. Je disais donc avant que vous m’interrompiez (vous êtes vraiment chiés quand même !) qu’après s’être payé deux nouveaux titres à sa collection Western “Européen” (Profitez en, le mot pourrait être frappé de désuétude dès l’année prochaine), l’ours nous offre deux nouveaux gothiques italiens. A commencer par une rareté : Metemspycho aka Le Manoir Maudit.

"Au programme, une œuvrette gentiment bizarroïde ne pouvant revendiquer la qualité de film réussi mais qui  a toutefois le mérite d’embrasser le genre avec générosité"



Rareté relative puisque la chose est disponible en zone 1 depuis l’été 2000 chez Image Enterainement sous son titre international “Tomb Of Torture” . Titre finalement plus parlant que son pendant francophone et moins racoleur que son relatif teuton “Die Bestie von Schloß Monte Christo". Au programme, une oeuvrette gentiment bizarroïde ne pouvant revendiquer la qualité de film réussi mais qui  a toutefois le mérite d’embrasser le genre avec générosité. Un gothique de seconde zone ?  Je n’irai pas jusque là, mais il y a un peu de ça...En effet. Permettez-moi donc d’écrire simplement que le manoir maudit n’est pas un gothique de premier choix.


"Metempsycho donne justement beaucoup à regarder : Un monstre, une fantôme, une armure qui marche,  des nymphes torturées à la cave, une arbalète farceuse et une érotisme certes contenu mais néanmoins présent"

La faute à un script  joyeusement bateau s’accrochant aux jupons d’Anna, Blondinette (ou rouquine claire… avec le noir et blanc,  il faut goûter pour être sûr et il faut être sur pour gouter)  à l’air déterminé et aux cauchemars récurrents. La belle se voit en comtesse (jusque là rien d’extraordinaire, c’est pour ainsi dire très féminin) mais  plus précisément en comtesse Irène,  assassinée aux portes du mariage Son père, médecin de métier, se persuade qu’un petit tour sur les lieux du crime délivrera la gamine.  Mais croisant le regard d’Anna  le prince Raman, fiancé de la défunte en avale son turban ! Fichtre la cauchemardeuse serait le portrait crachée de la belle Irène.

Pas franchement aidé par un scénario enfilant les lieux communs comme des perles, Boccaci tente de dérouler et d’étirer son run time aux prix d’ insistantes déambulations dans et autour du dit manoir. La visite parait un peu longuette et l’on s’attend à chaque ouverture de porte se voir lâcher un “Alors vous le prenez ?” On comprend en tous les cas que le budget anémique de l’entreprise oblige le brave homme à quelques sacrifices…A commencer par une distribution à la peine et un direction d’acteurs parfois très théâtrale. Oui il faut un peu d’imagination pour prendre un Hamster pour un rat, et l'enturbanné de service pour un véritable prince indien. Mais permettez moi de n’y voir que détails…

"La ballade brille par son inconstante, parfois par son inconsistance  mais vaut finalement toujours le coup d’œil."


Il  faut bien plus que quelques écarts, faux raccords, et dialogues creux pour faire dévier le cinéphile de son chemin glorieux,  le soustraire à la tentation de voir. Et Metempsycho donne justement beaucoup à regarder : Un monstre, une fantôme, une armure qui marche,  des nymphes torturées à la cave, une arbalète farceuse et une érotisme certes contenu mais néanmoins présent… La nuit tombant,  la photographie devient pinceau et redessine la banalité des extérieurs campagnard, le sous sol du manoir devient théâtre et la mise en scène de Boccaci se réveille en plein cauchemar mais inspirée.

Oui...la ballade brille par son inconstante, parfois par son inconsistance  mais vaut finalement toujours le coup d’œil.



Un oeil sur le disque :
Une copie 1.66 aux changements de bobines plutôt marqués, une seule et unique piste audio française (Avec quelques décrochages en anglais sous titré pour cause de version intégrale) Dans le cave aux bonus,  un Alain Petit en grande forme. 14€90