Armées jusqu'aux dents : Critique et test DVD


Vous pensiez avoir tout vu avec «Nude nuns with bigs gun » ou «Hobo with a shotgun» ? Et bien vous vous mettez un talon dans l’œil! (Sic!)  «Ticket-off trannies with knive » péloche underground d’Israël Luna trainant une réputation des plus sulfureuses, traverse l'atlantique à la nage ( comprenez sans doublage français) le 18 octobre prochain grâce aux efforts de BQHL. Pour cause de traduction délicate, le public français découvrira la chose sous le titre plus sage de «Armées jusqu'aux dents». Un petit bonheur ne venant jamais seul, BQHL proposera le même jour un autre métrage du même jeune réalisateur: «Fright Flick». Ecranbis.com ne reculant devant rien, nous avons imploré des nuits durant l'éditeur (sous ses fenêtres en imitant le loup!) pour avoir des disques de test. On ouvre le bal avec « Armées jusqu'aux dents »...



Synopsis :

Quand la délicieuse et innocente Bulles Cliquot arrive au night-club faire sa performance avec un oeil au beurre noir, ses consoeurs transgenres suspectent d’abord son dernier Toy-boy ! Les filles décident alors d’aller se détendre en enchaînant les cocktails dans un bar gay local. Elles sont totalement désorientées par la méchante attaque d’une bande de voyous transphobes. Humiliées, mais pas brisées, les féroces reines de la nuit enrôlent, pour se venger, d’autres trans, armées de lames acérées…





Critique :

La démocratisation du DV aura permis à toute une génération de jeunes cinéastes de faire ses armes cinématographiques. Si beaucoup se sont bornés à errer sans but dans plaines arides du survival ou dans les caves du torture porn, terrain de jeu idéal pour réalisateur fauché et débutant, d'autres se sont tournés vers des genres plus déviants ou ont foncé tête baissée dans l'underground. En d'autres temps, les péloches résultantes par nature "bien agitées du bocal" seraient sans doute restées invisibles pour le plus grand nombre mais par la magie du DVD et le courage de quelques éditeurs, certaines finissent par nous arriver. A l'instar de «Gutterball » (slasher fou à tendance 80's édité par notre regretté NEO Publishing ), «Zombies of the mass destruction» (chez Opening), «Blood On the Highway» (chez Emylia), «Ticket-off trannies with knives» a réussi à se frayer un chemin jusqu'à nos platines DVD.




Souvent considéré comme le fils indigne du film d'auto défense, le «Rape and revenge», littéralement «Viol et revanche» a tourné quelques unes des plus belles pages du cinéma d'exploitation. Par nature violent et extrême, flirtant aussi bien avec l'underground que le commercial de bas étage, ce sous genre pas comme les autres a connu, contre toute attente  son revival avec un blockbuster hollywoodien et pas des moindre: le «Kill Bill» de Tarantino. Le secret ?  Une recette qui  depuis les années 70 n'a pas changé. Des  Héros et des héroïnes  agressés sauvagement qui s'offrent pour le meilleur comme pour le pire, une revanche carabinée en mode "Fallait pas me chercher". Une intemporelle apologie de la loi du talion qui sert d'ailleurs de canevas à ce «Armées jusqu'aux dents».




Formellement très influencé par la vague «Grindhouse», Israël Luna va importer dans son film tous les tics visuels du tandem culte Tarantino -Rodriguez. Traitement vidéo post prod destiné à donner à l'image un aspect pellicule craspec  ayant trainé 20 ans (au moins) dans le pire drive-in du New Jersey , bobine manquante et j'en passe. On s’amusera également d'un plan séquence nocturne et introductif «ras la salle de jeu» assez bien envoyé. Des artifices esthétiques qui ne masquent pas « fort heureusement » une réalisation vidéastique sans moyens, doublée d'un amateurisme réjouissant. Particularités qui font, du moins dans les yeux du connaisseur éclairé, tout le charme de ce genre de productions Bis et Z.




Vous l'aurez sans doute compris, le concept  de «Ticket-off trannies with knives» est de remplacer la jeune fille de bonne famille, la vierge effarouchée, la pom pom girl bien propre sur elle  par une bande de reines de la nuit et d'entrainer le récit sur les pentes de la dérision voir de la trans-gression (On s'est retenu, mais on a fini par le sortir notre jeu de mot bidon). L'humour est  bien entendu omniprésent (la scène de l’hôpital, le défaut de langue post traumatique), le gore finalement assez gentillet répond également à l'appel. Cerise sur le gâteau , un final qui pousse cette revanche des blondes par où ça rentre difficilement (ou alors si mais en y mettant du sien)  qui justifier,a pour un public averti du moins, le visionnage. Amateur de Z underground et de cinéma déviant, faites feu. Les autres restez loin de cette bobine, on ne sait jamais. On ne voudrait pas que vous vous fassiez du  mal ! ;) 


Notes : Lors de sa projection au festival de Tribeca , le film a soulevé une certaine controverse, qui nous semble, suite au visionnage de ce spectacle fun, déviant et joyeusement taré,  assez déplacée.




Test technique :

L'éditeur nous a fait parvenir un disque non définitif (mais qui devrait refléter le contenu du disque commercialisé) qui délivre une image de qualité correcte au format 1.77 accompagnée d'une piste audio en simple stéréo et en langue anglais. Que les non anglophones se rassurent, des sous titres français sont disponibles. Rayon bonus, on a droit à deux bandes annonces éditeur, un making of de 25 minutes, un bêtisier, l'indispensable chapitre 4 manquant ( notre fameuse bobine perdue) et un dernier supplément titré : Nacho & Chuez Show.