Sappho : Critique et test dvd





Non content de livrer à intervalles réguliers les fantasticovores français en B-Movies et autres bobines malencontreusement restées bloquées de l'autre côté de l'Atlantique ou de la Manche, Emylia donne également sa chance aux succès de box office locaux. Nous avons ainsi pu découvrir récemment toute une série de bobines exotiques … Le bulgare Zift , l'indien Quick Gun Murugan, le coréen Woochi et c'est désormais au tour de l'Ukraine d'offrir à nos mirettes fiévreuses son succès maison. Sappho sortira le 6 décembre, Ecranbis.com l'a vu...

Synopsis :

1926, après une romance éclair, Phil et Sappho arrivent sur l’île grecque de Lesbos pour leur lune de miel. C’est sur cette île paradisiaque que Sappho rencontre et tombe amoureuse d’Hélène, la fille d’un archéologue russe immigré. Lorsque Sappho présente Hélène à Phil, c’est le coup de foudre et leur attirance ne va que grandissante provoquant de plus en plus la jalousie de la jeune femme et répétant ainsi la situation de la célèbre poétesse antique : Sappho. La jeune mariée est alors de plus en plus persuadée d’être la réincarnation de la poétesse Sappho sans réaliser vraiment la fin tragique de cette légende.




Critique :

Surprenant succès au box office Ukrainien, Sappho (Сафо. Кохання без меж) réalisé par l'anglais Robert Crombie aura mis plus de trois ans pour rejoindre les quais français. Un accostage timide puisque le film nous arrive directement en vidéo et dans une édition, disons-le ouvertement, assez minimale. Le disque proposé par Emylia n'embarque en effet qu'une simple piste audio anglaise et des sous titres français. La sulfureuse et troublante affiche originale faisant passer le métrage pour ce qu'il n'est pas, c'est à dire un film de sport pour messieurs esseulés, a tout simplement été jeté par dessus bord au profit de de nouveaux visuels moins... Explicites. Petite parenthèse, Les amateurs de jeu des 7 erreurs pourront s'amuser à chercher sur le web, la jaquette du DVD mexicain titré « Pasion sin Limites » qui offre une variation assez amusante des visuels ukrainiens et un rhabillage dans tous les sens du terme. Mais passons...


S'ouvrant sur une très belle séquence entre mer et nuit américaine, Sappho laisse entrevoir dès ses premières images ses qualités de fable onirique et contemplative. La mer, la nature, la Grèce et plus précisément les rochers de Lesbos seront le théâtre de ce conte érotico-dramatique qui non content d'étaler  la plastique au demeurant parfaite de de ses jolies comédiennes, semble aussi s'attacher à une toute autre exploration. Celle des étranges et sombres mécanismes de l'éternel trio amoureux. Le ménage à 3, triangle sentimental impossible, pilier structurel et organisationnel de l'enfer sartrien se voit donc ici offrir une place de choix dans ce huis clos charnel et insulaire. L'amour est ce que vous en faites nous clame la jaquette... Mais, de fil en aiguille pour ne pas dire d'étreinte en étreinte … Sappho se montre sans doute bien plus une réflexion sur la passion que sur l'amour.


Ce voyage initiatique et transgressif finit bien entendu dans le mur. Comprenez dans un épisode schizophrénique et destructeur, la jeune mariée tout émoustillée par sa relation estivale et adultérine se persuadant d'être la réincarnation de la poétesse grecque. Il y a des portes dans l'inconscient qu'il vaut mieux ne pas ouvrir et Sappho glisse lentement mais inexorablement vers la folie. Qu'on se le dise, la morale n'a pas été invitée à ce festin des sens et on sera surpris de voir à peine le destin de sa femme scellé, ce Brave Phil, amoureux éconduit et trahi, sauter dans les bras d'Helene. Comme de voir cette dernière passer de tentatrice dévergondée experte à future mère au foyer en un tour de main. A moins qu'il soit justement ici question de transgresser la transgression  ou d'accrocher le bonheur aux fenêtres de l'inaccessible ?



Rêve éveillé à mi chemin entre le conte polisson et le récit symbolique, le film de Robert Crombie parvient à éviter toute forme de vulgarité et se débarrasser de tout message dogmatique. Le tout s'habillant en plus d'une réalisation raffinée,   cette curiosité Ukrainienne pour intellectuel coquinoux,  fait plutôt bonne impression.

Test Technique :

Image sans faille au format 1.85 et mixage anglais 5.1 Dolby digital et DTS correctes sont au programme de cette galette estampillée « Edition Premium ». Pas de bonus à se mettre sous la dent et les yeux. Notons la présence de sous titre français et de quelques bandes annonces éditeur pour faire passer la pilule.