Les monstres viennent de l'espace : Critique et test DVD


Après un premier coffret consacré à Bela Lugosi, un second à la SF martienne et un troisième aux dinosaures, la collection prestige d'Artus films vient s'enrichir d'un nouveau titre avec «Les monstres viennent de l'espace». Au programme deux galettes "from outer space", 1 livret cosmique, 4 lobby cartes postales collector et 4 péloches monstrueusement bis. Inutile de préciser qu'il s'agit là d'une acquisition indispensable pour tout cinéphile déviant un tant soit peu collectionneur (surtout que la chose est proposée pour un peu moins de 23€). Ecranbis.com de retour de ce visionnage massif, annonce la couleur...





Critique :

Starifiés par le cinéma des années 30, les monstres classiques ont régné en maitres sur l'imaginaire fantastique populaire. Mais dans les Fifties, les loups garous, vampires et autres frankenstein vont connaitre une concurrence venue d'ailleurs. Au japon, Godzilla, lézard géant et mutant naît des cendres d'Hiroshima. Aux États unis, la peur de l'envahisseur communiste s'exprime aussi à travers le cinéma d'exploitation et les extraterrestres s'installent à Hollywood. Si le spectre de la guerre froide a cessé il y a longtemps de planer au dessus de l'Amérique, ils sont encore nombreux, créatures humanoïdes, polymorphes ou simple petit gris à visiter nos écrans. Il faut dire qu'en marquant l'enfance de toute une génération de cinéastes US, la thématique extraterrestre ou plus généralement la SF américaine est devenue une intarissable source d'inspiration … De références en révérences, de remakes honteux en recyclages assumés, le monstre venu de l'espace n'a pas fini d' hanter les couloirs du cinéma moderne. En ce, le coffret d'Artus apparaît comme un nécessaire voyage dans le temps, mieux un indispensable retour aux sources...
 



THE HIDEOUS SUN DEMON

Après avoir trainé son futal dans bon nombre de péloches SF, Robert Clark s'essaye à la réalisation en 1959 avec "The Hideous Sun Demon", un film qu'il co-réalise avec Tom Boutross. Les deux hommes partagerons un autre point commun: cet hideux démon solaire fut leur premier et dernier film de cinéma (au poste de réalisateur). La légende dit que pour cause de budget anémique : la bobine fut tournée sur douze week end afin de limiter les coûts de location de caméra. Si les qualités cinématographiques de la chose ne pèsent pas bien lourd, le pitch vaut résolument le détour. Après avoir absorbé la dose de radiation (ou de Whisky) de trop, le docteur Gil McKenna, partagé entre son amour de la science et celui de la bouteille, développe une étrange sensibilité aux rayonnements solaires. Notre scientifique va même prendre le train de l'évolution en sens inverse, en retournant (soyons fous !) au stade reptilien. Obligé de rester à l'ombre sous peine de se transformer en monstre à écailles, il parvient tout de même faire vaciller les cœurs de son assistante (une belle brune) et d'une chanteuse de bar (une jolie blonde) ...Mais se voit systématiquement contraint de les abandonner façon Cendrillon, au levé du jour, son visage redevenant citrouille à la moindre éclaircie. Bien entendu, vu plus de 50 ans après sa réalisation, cet hideux démon solaire ne devrait donner ni coup de chaud, ni sueurs froides, reste un superbe "craignos monster" qui certainement poussé par la honte finira par tomber de haut.



NOT OF THIS EARTH

En 1957, Roger Corman, producteur et réalisateur déjà compulsif, a la forme. Il réalise pas moins neufs bobines dont nous retiendrons entre autre «Teenage Doll» et «The attack of the Crab monster» qui fut d'ailleurs exploité en double programme avec notre «Not of this earth». Revenons à nos moutons ou plutôt à notre alien. Au programme une variation cosmique sur le thème du vampire et un bien curieux Mr Jonhson qui se trouve être un extra-terrestre de la planète Davana. Planète en péril pour cause de radiation élevée et que notre envoyé mystère est censé fournir en sang humain. Petite particularité, ce visiteur à la dégaine inquiétante cache sous ses lunettes de soleil, un regard mortel et crépitant. Sa mission sera bien entendu un échec, mais à peine son extraterrestre enterré, Corman annonce la couleur...D'autres viendront. Il ne s'est d'ailleurs pas trompé, ce petit classique du bis SF a eu droit deux révérencieux remakes dont un de Jim Wynorski traversé par le jolie minois (et le reste du corps) de l'ex-hardeuse Traci Lords. On retiendra une magnifique créature bisseuse, croisement improbable mais néanmoins mortel entre une méduse et un parapluie...ainsi qu'une apparition de Dick Miller (qui deviendra l'acteur fétiche de Joe Dante) en vendeur d'aspirateur.



THE COSMIC MAN :


Si la carrière cinématographique d'Hebert S. Green s'étale de 1945 à 1973, il n'aura véritablement réalisé que deux films dont ce «The cosmic man» en 1959. Le reste de sa filmographie l'enferme en effet dans la fonction de réalisateur de seconde équipe. Le film s'ouvre sur l'étrange arrivée sur terre d'un ovni sphérique ressemblant à s'y méprendre à une balle de Babyfoot flottant dans les airs. Il faudra attendre une vingtaine de minutes pour que notre homme cosmique daigne s'en extraire et provoquer la panique en ville en prenant l'apparence d'un spectre. Il réapparaitra finalement sous la forme d'une endive binoclarde aux intentions résolument pacifistes. Pour le remercier d'avoir guéri un petit garçon sur un fauteuil roulant, les méchants militaires l'étourdiront à grands coups de champs magnétique. C'est aussi ça l' "american way of life" ! Péloche fort sympathique et délicieusement kitsch, "the cosmic man" est à classer au rayon bonne surprise de ce coffret en dépit d'un monstre absent des trois quarts du film. État de fait que notre alien balaiera d'un revers de réplique:  "Il est préférable que je reste dans l'obscurité, vous ne comprendriez pas mon apparence ». Ah d'accord …Tout s'explique ... 





KRONOS, LE CONQUERANT DE L'UNIVERS


C'est finalement en fin de carrière et en plein virage fantastico-SF que le réalisateur d'origine allemande Kurt Neumann  marquera l'histoire du cinéma. On pourrait citer Vingt quatre Heures chez les martiens (RocketShip XM que l'on retrouve sur le coffret Destination Mars du même éditeur), She Devil, Konos et bien sûr the Fly (La mouche noire en France) en 1958, sans doute son film le plus populaire mais dont il ne connaitra malheureusement pas le succès. Neumann décède en effet (dans des circonstances encore discutées) juste avant la première. Kronos fut comme une cinquantaine de productions de la moitié à la fin des années 50, tourné en Regalscope ...Une forme de cinémascope noir et blanc.

Curieusement, Kronos débute sur deux récits parallèles. D'un côté une entité extraterrestre voyageant de corps en corps ...De l'autre, l'entrée dans l'atmosphère d'une soucoupe volante que l'on s'efforcera de nous présenter comme étant un astéroïde. A l'intérieur, un gigantesque monstre d'acier (baptisé Kronos en référence à la mythologie grecque)  venu se nourrir de toutes les sources d'énergie disponibles sur notre pauvre planète. Nous apprendrons en effet, que les extraterrestres sont parvenus à transformer l'énergie en matière et qu'ils ont par la même occasion épuisé leur réserve. Excellente série B SF, Kronos se distingue par ses qualités visuelles, par son robot cubique et par la portée écologique de son discours. Entre deux possessions le Dr Elliot prévient : la crise énergétique et l'épuisement de nos richesses terrestres nous pendent également au nez. Une leçon de clairvoyance ...





Test Technique: 

Comme à son habitude, Artus Film a bien fait les choses. Le coffret "Les monstres viennent de l'espace" arrive dans un coffret digipack avec fourreau, un livret et quatre cartes postales. Les  films sont repartis sur deux disques. Rayon technique VOST pour tout le monde (sous titres optionnels). La qualité des copies oscille entre le correct (Not from this Earth) et le très bon ( Kronos ). 22,90€ dans toutes les bonnes crémeries. Pour toutes ces bonnes raisons, Ecranbis.com accorde un 16/20.