La dame en noir : Critique et test DVD



Après avoir caressé les toiles françaises cet hiver, «La Dame en noir» s'offre une sortie vidéo en fanfare, un jour de fête nationale. Metropolitan vidéo (distribution Seven 7) en proposera en effet le 14 juillet prochain des éditions DVD et combo Bluray/DVD. L'occasion pour ce que la France compte de fantasticovores de confirmer la (très) bonne impression laissée par son exploitation dans les salles obscures... Le fantôme de Donna est-il digne de hanter votre salon et vos soirées d'été? Réponse en fin de review...

Synopsis:

Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. Dans l’impressionnant manoir de la défunte, il ne va pas tarder à découvrir d’étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets. Face au passé enfoui des villageois, face à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars…


Chronique:

Après avoir marqué l'histoire du fantastique au fer rouge, la Hammer, étoile noire du cinéma d'exploitation anglais, va connaître un inéluctable déclin. Poussé du bord de la falaise dans les années 70 par un public lassé des fresques fantastico-gothiques, elle rebondit péniblement sur le petit écran avant de se résoudre au silence, ne survivant que du recyclage documentaristique de son prestigieux catalogue. Effroi ultime pour les cinéphiles de l'étrange, on apprend en 2007 que la société est passée sous le giron d'Endemol, tentaculaire décharge à concepts télévisuels. La simple perspective de voir John De Mol mettre la main sur tout un pan de l'histoire de cinéma a de quoi glacer le sang. Le célèbre homme d'affaire va cependant jurer mordicus de relancer la production maison. Et contre toute attente il tiendra parole. Après un série Web intitulée «Beyond The Rave», les premières échos pelliculés du vaisseau Hammer impriment les écrans radar. La mise en bouche sera constituée de trois métrages: Wake Wood, La locataire (exploité furtivement, 70 copies, dans les salles françaises) puis Laisse moi entrer. Manque encore un film fort, fondateur, capable de cristalliser cette renaissance. 




Tous les regards se tournent alors sur l'adaptation d'un roman de Susan Hill resté bizarrement bloqué de l'autre côté de la manche:«The woman In Black». Une sombre histoire de bicoque inhabitée, de spectre vengeur, qui a déjà inspiré chez nos voisins britanniques une pièce de théâtre et un téléfilm. C'est Jane Goldman (Kick-Ass, Stardust, X-men: le commencement) qui se chargera de l'adaptation. La réalisation est, elle, proposée à James Watkins, scénariste de «Descent 2» et réalisateur du trippant «Eden Lake». Mais, le véritable buzz qui entoura la production et la sortie de «La dame en noir» est à chercher ailleurs. Et plus précisément du côté de Daniel Radcliffe. Sortant tout juste de l'écrasant rôle d'Harry Potter dans la série de film éponyme, le jeune acteur entend lui aussi prendre un nouveau départ. «The woman in black» avait, sur le papier du moins, tout pour plaire. Mais les dieux du cinéma ne se penchant pas toujours sur les berceaux remplis d'espoir, la crainte de la douche froide accompagna les aficionados du mauvais genre jusque dans les salles obscures. 




Nous fûmes heureusement et rapidement rassuré. Passé son énigmatique introduction à la photo crémeuse, cette nouvelle production Hammer plonge tête baissée dans les profondeurs boueuses de l'Essex, au pied de la demeure d'Alice Darblow, Radcliffe en offrande à l'étrange malédiction qui s'est abattu sur les environs. Faut-il l'admettre, en dépit d'un budget tout sauf pharaonique, l’écrin filmique est de toute beauté, tournant le dos à toute sophistication inutile et autre fulgurance tape à l’œil. Une simplicité classieuse qui permet à James Watkins de tisser à pas de loup une relation entre Arthur Kipps et le spectateur. Quelque part entre compassion (l'homme brisé depuis le décès de sa femme, ne parvient pas à reprendre son souffle) et sang glacé... Car non content d'avoir atteint une certaine degré de réussite formelle, The Woman In Black invite la peur à impressionner sa pellicule. Même les longues séquences de couloirs, effroyables pièges au mécanisme pourtant connu, y fonctionnent à merveille. Qualité que le petit écran, par nature moins immersif, n’altère pratiquement pas. 


 

On pourra certes toujours taxer ces 86 minutes d'exercice de style «presque forcé» et reprocher à son réalisateur de s'être laissé enfermer dans un Ghost Movie classique et prévisible. Mais «La Dame en noir» gagne en raffinement ce qu'elle perd en originalité et restera à ne pas en douter l'un des meilleurs films fantastiques de cette année 2012. Un perle sombre que le cinéphile éduqué s'empressera de déposer sur le velours de la mémoire. Bref un très bon film ... dont Daniel Radcliffe sort grandi au sens propre comme figuré...C'est cette fois sûr et certain, Hammer is Back...4/5



Test Technique :

Pas de grandes surprises du côté de Metropolitan Vidéo qui offre à «La dame en noir» une édition DVD techniquement haut de gamme. Image irréprochable au format scope d'origine accompagnée de mixages Dolby Digital 5.1 particulièrement dynamiques. La section bonus un peu légère, propose elle : un making-of, un interview de Daniel Radcliffe, un très court document sur le personnage d'Arthur Kipps et enfin les bandes annonce du film, de la locataire et Hunger Games.