The Theatre Bizarre : Critique et test DVD



Après une exploitation éclair dans une poignée de salles françaises, The Theatre Bizarre revient comme un  boomerang sur les terres plus fertiles de la vidéo. Wild Side offrira à ce qui nous est présenté comme une affectueuse et cinématographique référence au Grand Guignol, des éditions DVD et Bluray  le 3 octobre prochain. Ecranbis.com livre pour l'occasion ses impressions post visionage.


Chronique: 

Il faut appeler un chat un chat,  l'évocation de «Dying God», dernier long sorti de la besace de Metaluna appelle  en général chez le cinévore éduqué à deux types de réaction. La première est un mutisme gêné (Ne parlons pas des choses qui fâchent), la seconde, un douloureuse et prudente tentative d'analyse (C'était vraiment très... intéressant). Tout ce que touche Jean Pierre Putters, héros national de la fantasticosphère et fondateur de nos cinéphilies (du moins la mienne) se transforme-t-il en or? L'effort de Fabrice Lambot, même si n'est pas dénué de qualités, a eu le mérite de répondre à ce  questionnement métaphysique de façon aussi claire que négative. Mais les enfants de l'autre cinéma ont le rêve dur et l'espoir à fleur de peau. L'annonce de «The Theatre Bizarre», co-production Severins Films/ Metaluna fut donc accueillie avec l'enthousiasme qu'elle mérite. Averti par une missive dont nos cousins (très lointain) d'Allocine ont le secret : (The Theatre Bizarre : le film devant lequel tout le monde s'évanouit,  publié le 30 janvier 2012), nous avons décidé de ne pas prendre de risques et de visionner  la galette de test que nous a envoyé Wild Side dans des conditions optimale de sécurité : Bassine à vomi, défibrillateur semi automatique et infirmière à porté de seins.



Si l'anthologie est une forme récurrente du cinéma fantastique et horrifique, elle est aussi pour ne pas dire avant tout un exercice casse gueule. La juxtaposition de visions et de tons différents, la segmentation du métrage, aboutissent presque invariablement (il y a bien quelques exceptions mais convenez qu'elles soient rare) à un déséquilibre  dommageable à l' homogénéité de l' ensemble.  Pire conduisent  souvent à la mise en concurrence des différents «sketches» censés se compléter. Un tronçon piteux  suffisant à tirer l'ensemble vers le bas, la perfection, cible par nature difficile à atteindre semble disparaître dans les limbes de la création. Ajoutez à cela la sensibilité de tout à chacun, et vous voilà face à un véritable rubik's cube filmique... D'ailleurs telle une malédiction,  la critique s'abat sur ces compilations de courts métrages avec une argumentation constante : Dis donc mon coco, c'est bien joli ton machin mais par moment ça sent la chaussette sale!


Alors que tout  le monde semble s'être accordé pour le flinguage de «La reine des crapauds » (The Mother of Toads),  premier acte tourné dans les Pyrénées  par Richard Stanley (réalisateur d' Hardware disponible chez nous dans des éditions  DVD et Bluray pirates vendues en grande surface, quel pays d'escrocs, je vous jure), je dois avouer avoir été plus séduit par cette très classique histoire de sorcellerie lorgnant sur la 9e porte de Polanski. Quelques jolies séquences satanico-coquines, un monstre dans la brume et Catriona MCColl (Frayeurs, L'au delà,  La maison près du cimetière) en sorcière, il en faut peu pour rendre un bisseux heureux. Au diable donc les grincheux qui ont pointé du doigt la touche amateurisante qui habille ces 19 minutes.


« I love You » est signé par la main de Buddy Giovinazzo qui «Tromatisé» par ses premières expériences cinématographiques s'est depuis réfugié dans le travail à la chaîne pour la télévision Allemande. Un segment qui rappelle à qui veut l'entendre que «celui qui trompe se trompe» ou pour le dire plus crûment «Celle qui a le feu au c... risque fort d'un jour avoir froid partout». Contrairement à l'héroïne, mi bourreau, mi victime de ce drame mortel, la chose se voit troussée avec raffinement et douceur, ce qui n'empêche pas quelques saignées fort à propos. Dommage que le tout finisse à  l'image de sa photographie «blanc hôpital» par manquer de couleurs et d'aspérités ... Reste une belle illustration de l'expression  «un couple qui se déchire."



Les 17 minutes concoctées par Tom Savini, incontestable roi des effets spéciaux mais également (on l'oublie souvent)  acteur et réalisateur, sont joliment titrées Rêves Humides (on ne voit vraiment pas de quoi il parle) et débutent de la plus engageante des manières. Comprenez en suivant à l'étage une jeune, frêle et fort peu vêtue demoiselle. Malheureusement, la tente dressée et le moment de planter le drapeau venu, l'entre jambe de la nymphe semble cacher une paire de pinces émasculantes. On savait que sur The Theatre Bizarre, il y a avait quelques coupes mais quand même … Ce Wet Dream aussi drôle que sauvagement gore ne cherche nullement à se donner des airs et c'est sans doute le secret de sa réussite. Du vrai cinéma d'exploitation...

Changement radical de ton avec The Accident de Douglas Buck et ses  10 minutes somptueusement chorégraphiées autour d'une thématique tournant à priori le dos au fantastique: Une jeune femme et sa petite fille sont les témoins d'un accident de la route. C'est beau, c'est beau ( Je vous avais dit que c'était beau ? ) mais on cherche vraiment ce que cette fable éminemment philosophique portée par le questionnent d'une enfant confrontée à la mort, vient faire dans notre théâtre de l'étrange. On va donc  continuer à chercher... Si on trouve on reviendra vous le dire...



«Vision Strain» du Canadien  Karim Hussain part de ce qui aurait pu être un bonne idée avant de s'engluer dans son propre discours. Une étrange demoiselle découvre qu'elle peut s'approprier les souvenirs d'autrui en prélevant à l'aide d'une seringue un peu de liquide sous rétinien (oui ça fait mal rien que de le lire, alors imaginez quand il faut l'écrire). Elle décide donc d'assassiner des femmes en marge de la société (Si ça c'est pas du sexisme et de la discrimination... et  ils sont où nos professionnels de l'indignation?) afin  d'écrire leurs mémoires. Plus choquant que réussi... Et ce n'est justement pas très choquant.



David Gregory, réalisateur de Plague Town et  initiateur du projet «The Theatre Bizarre» ferme la marche avec seize minutes dégoulinantes et hautement calorifiques. Sweets  narre la séparation définitive d'un jeune homme et d'une gourmande insatiable. La substantifique moelle de ce repas filmique prend la forme d'un  indiscutable constat : «Quand on vit en couple, on finit sérieusement  par se gaver... ». Il faut avoir l'estomac bien accroché, ne craindre ni l'excès de sucreries, la bidoche et les retours de liquide gastrique. Une grosse et grasse réussite ! Notons pour clôturer ce tour d'horizon qu'un segment titré «Theatre Guignol»  se voit lui même charcuté  afin de servir de fil conducteur.  On ne retiendra de cet effort transitionnel de Jeremy Kasten que la performance d'Udo Kier... 3/5 et en on en parle plus.

Test Technqiue :

Wild Side propose de découvrir « The Theatre Bizarre » dans son format 2.40  avec une qualité d'image variable selon les segments. On reste quoi qu'il en soit dans le parfaitement tolérable. Le doublage français a droit à une mixage DD5.1 tandis que la piste sonore originale a elle droit à du DTS 5.1 du DD 2.0 . Dans la boite à bonus, les makings of de 3 segments, un commentaire audio de l'équipe du film, une bande annonce. L'édition Bluray embarquerait d'autre suppléments, malheureusement  nous ne l'avons pas eu entre les mains.

Note : Ce film est interdit au moins de 16 ans .