Comedown : Critique et test DVD


Il faudra un jour nous expliquer pourquoi le cinéma de genre britannique se fait régulièrement bouder par la critique française. Ses récentes pépites (Heartless , Little deaths) accueillies sans enthousiasme, ses productions plus modestes (The Hike, Axed, Salvage...) ignorées ou torpillées en trois lignes dans la presse spécialisée... La vitalité de la production fantastique anglaise serait-elle sur le point d'agacer les plumes les plus zélées de l'hexagone? On ne serait pas loin de le croire... Tout en concédant  volontiers que la cuisine pelliculaire de nos voisins d'outre manche distille des saveurs inégales... Edité par E-One et distribué par Wild Side en DVD et Bluray le 27 mars prochain,  «Comedown» remettra-t-il les pendules des cinéphiles frenchy  à l'heure de Big Ben? Ecranbis.com s'interroge encore...


Après Kidulthood, un «snapshot» de la jeunesse  du West London, Menhaj Huda  tente le grand écart en se frottant à l'horreur. Sur la papier  son «Comedown» a tout du pari sévèrement burné. Le slasher, genre codifié à l’extrême est, par nature, peu polymorphe. Un peu refroidi par les rendez-vous manqués du métissage thématique que constituent «Attack the Block» ou «La horde», les amateurs d'hémoglobine que nous sommes sont en première intention... dubitatifs. Accrochons-nous toute de même au destin de Loyd qui après un court séjour en prison, retrouve sa petite amie Jemma avec la ferme intention de se tenir loin des tentations de la banlieue londonienne. La jeune femme porte en effet depuis quelques mois un enfant.. .Ces bonnes pensées ne suffiront pas à éloigner le couple de leurs copains de galère. Alors que la nuit tombe sur le quartier, la petite bande s'élance dans l'exploration d'une barre d'immeuble abandonnée avec deux idées en tête: installer au sommet une antenne relai pour une radio pirate et fêter comme il se doit le retour de Loyd.


Mais pour le jeune homme, la soirée tourne mal, il est drogué de force et Jemma disparaît dans le labyrinthe de béton. Passablement éméchés, les jeunes se lancent à la recherche de la jeune fille. Ils ignorent encore que le bâtiment est devenu le terrain de jeu d'un voisin pas comme les autres et que la mort les attend au bout de chaque couloir, au sommet de chaque escalier. Entre sanglante tentative de descente au rez de chaussée et vrai descente aux enfers, le propos «Comedown» remue la lame du  Slasher dans la plaie du réalisme sociétal... Ou de la transposition culturelle. On ne sait justement plus trop. On aurait en tout cas aimé que Menhaj Huda  trempe un peu plus sa caméra dans le premier pot plutôt que dans le second  Dit autrement, avec ses banlieusards défoncés à l'exta,  mal embouchés et chassant le pigeon à coup de marteau,  Huda met d'entrée un mur entre son film et son potentiel public… Udentification compliquée, merci de réessayer plus tard …

Sur ce point, il apparaît presque comme une évidence  que «Comedown» porte les stigmates de ré-écritures multiples et  nous apprendrons d'ailleurs sans grande surprise dans les bonus que le film devait initialement épouser le point de vue d'un voisin poussé à bout par une jeunesse sans repère. Il faut également dire que la structure du slasher, basique par nature, ne laisse que peu de place à l'étude  du personnage. Au pays de Jason, Michael et les autres, tout est (pardon du jeu de mot) tranché! Victime ou bourreau ne connaissent finalement que deux états: Vivant ou mort. Car oui Comedown se veut en plus être un remix cinemato-hiphop de film d'horreur et c'est, bonne nouvelle, alors qu'il devient plus viscéral, que la sauce finit par prendre un peu. Essentiellement grâce à son héros, Lloyd et son  grand dadet sympathique, Collin, secrètement amoureux de Kelly (Jessica Barden, dont nous avions déjà pu apprécier les talents de peste dans le pince sans rire «Tamara Drew»).  Le reste est pour ainsi dire une simple histoire de couloirs, d'obscurité et d'effets numériques tirés par la capuche.



Cinématographiquement, l'effort de  Huda se veut d'une cohérence à toute épreuve. Ces quelques effets stylistiques introductifs et conclusifs mis de côté, le cinéma proposé se veut simple, statique, brutal, monté au couteau et pas du genre à flatter la rétine. Et cette excursion urbaine impose (c'est d'ailleurs à nos yeux l'une des grandes qualités du cinéma indépendant anglais) définitivement un ton, mieux une atmosphère. Dans son slalom filmique, ComeDown ne rate donc pas toute les portes mais le résultat final manque sans doute trop d’homogénéité pour s'extraire de la masse des productions DTV actuelles. Menhaj Huda caressait-il d'ailleurs vraiment cet espoir? à la vue de ces 90 minutes, nous en douterions presque ….


Le disque :

E-one offre un  joli écrin vidéastique à «Comedown» avec une édition au format 1.85 d'origine, malheureusement un poil granuleuse, accompagnée de mixage Dolby Digital 5.1 et stéréo en langue anglaise et française. Le doublage est relativement correct mais nous noterons la présence de sous titre français pour les amateurs de VO. Bonne pioche du côté des bonus où nous aurons droit à de courts segments (au découpage très web) répartis en 3 groupes : Rencontre avec l'équipe du film, rencontre avec les acteurs et enfin les coulisses du tournages. Des suppléments qui même atteints par une autosatisfaction visiblement très contagieuse, se montrent finalement assez instructifs.