Horror Hospital : Critique et test DVD


French poster

Une Frankeinsteinerie par le producteur d'Inseminoid avec l'Alfred des Batman Burtonniens, ça vous dirait ?  Ecranbis.com continue d'explorer l'arrière salle du cinéma fantastique anglais en surfant sur la brillante et naissante collection «British Horror» d'Artus Films. Après «La nuit des Maléfices» et avant «Le sangdu Vampire», c'est au tour d'Horror Hospital de passer sur le billard pour une ablation du review... Sans anesthésie, il va de soi.   

«La police, si on allait lui raconter cette histoire, elle dirait sûrement qu'on l'a inventé». Ne riez pas, la réplique que je m'autorise ici à reproduire a le double mérite de conclure l'effort d'Anthony Balch tout offrant un résumé assez réaliste de son propos. Dans les suppléments de la galette, Alain Petit prévient d'ailleurs... les géniteurs de la chose eurent l'idée de ce titre fourre tout sur la terrasse d'un café Cannois sans avoir le moindre la moindre ligne de synopsis en tête. Anecdote que nous n'auront aucun mal à croire tant cette heure et demie horrifico-britannique brille par sa nature de mille feuilles bizarroïde. Dit autrement:  A défaut de grande idée directrice, Horror Hospital tente d'en faire cohabiter quelques unes plus modestes dans son récit à tiroir. Et ça commence plutôt fort, par l'improbable apparition d'un voiture James Bondesque modifiée pour la chasse à l'homme. Lame affûtée sur flan, sac récepteur à l'arrière, la berline du Dr Storm est à la guillotine ce que Gilette est au rasoir. Deux pauvres patients en fuite (Ah non pas l'hôpital) en font les frais. Décapités d'un coup de volant, ils réussissent à marquer un panier de la tête. Une vraie accroche pour le regretté « Infos du monde" ou le regrettable  "Nouveau Détective" fleurons français du journaliste d'investigation.

la griffe de Frankenstein

L'instant d'après nous voilà accrochés aux baskets d'un certain Jason Jones, sorte de transposition grand bretonne de Cricri ( personnage phare de l'oeuvre Max Pecassienne) qui après avoir été violenté par un chanteur de rock travesti décide de prendre des congés mérités. A l'agence de voyage «Vacances au poil !», un certain Pollack (Dennis Price) subjugué par la braguette du jeune homme lui conseille de séjourner à Brittlehurst, une clinique de remise en forme miraculeuse. On en sort dit on le cerveau lavé dans un corps propre. Sur le trajet, Jason rencontre Judy qui vient justement visiter sa tante, ex tenancière de bordel teuton, reconvertie dans la secteur «Santé» après avoir croisé le chemin d'un toubib sans scrupules, le Dr Storm. Sur place nos deux tourtereaux découvrent un curieux manoir gardé par une milice de gorilles casqués et des patients aux regards vides portant d'énormes cicatrices sur le front. Il ne tarde pas à apprendre que le machiavélique médecin, ancien disciple de Pavlov (ça conditionne !), a fuit la Russie de Staline pour poursuivre les expérience de son maître. La nuit venue, il opère à la chaîne les jeunes gens dans l'objectif fou de se constituer une armée d'esclave qu'il pilote à coup d'équipements électroniques, voire sans (Et la commande vocale fut !). Mais une autre menace plane au dessus cet hôpital et les bois environnants, une créature Frankensteinienne attendant dans l'ombre son heure pour frapper...

Horror hospital

Difficile pour le cinéphile de savoir par quelle bout prendre cette aventurette fantastique. Même panique chez les distributeurs qui multiplièrent vainement les étiquettes et les titrages. Horror Hospital deviendra ainsi  «La griffe de Frankenstein» en France, «Computer Killer» ou «Docteur Bain de sang» en Amérique, ou plus suprenamment «Diario proibito di un collegio femminile» chez nos voisins italiens.  Même Artus a semble-t-il hésité puisque le catalogue papier trônant  fièrement dans les boîtiers de la collection présente le film sous le même visuel mais avec le titre français d'exploitation : «La griffe de Frankenstein». Flou artistique quand tu nous tiens, aux errances scénaristiques de l'effort de Balch répond un flottement tonal certain...  

Oui ! Horror Hospital développe un langage ouvertement horrifique et médicogore mais il est également traversé par une inattendue loufoquerie. Il ne faudra par exemple pas s'étonner le jeune Jason tenant de fuir le décadent manoir du Dr Storm, profiter d'un passage en cuisine pour s'empiffrer goulûment. Cette dimension drolatique plus ou moins maîtrisée finit par donner à la bobine la saveur d'un épisode de Scooby doo ... Pour adultes, il va sans dire car la chose se permet quelques dérapages charnels, parfois délirants (Les tentatives infructueuses d'accouplement entre deux lobotomisés qui ont visiblement perdu le mode d'emploi) ou ouvertement Sadiens. (On comprend furtivement à la fin que le Dr Storm utilise les jeunes femmes qu'il a opérées dans d'inavouables jeux pervers).

La créature d'horror hospital


Storm, parlons-en, puisque ce docteur Maboul constitue le plat de résistance de ce repas fantastique. Michael Cough, plus de 180 films au compteur et une fin de carrière marquée par des apparitions  Burtonniennes (Batman , Batman le défi, Sleepy Hollow et la voix du Dodo dans Alice au pays des merveilles), offre son inquiétant faciès à la science. Superbe prestation, même si le final révélant que le chirurgien azimuté est aussi une sorte de simili frankenstein, offre à Horror Hospital une incohérence supplémentaire. On veut bien avaler que Storm portait un masque mais pourquoi s'est il trimballé en fauteuil roulant une heure et demie durant ? La réponse ne viendra pas, du moins pas du film qui s'achève sur l'inévitable résurrection du monstre et d'une main surgissant des sables mouvants. (Qui sont comme chacun le sait monnaie courante dans la campagne anglaise).

Fauché, farfelu, cinématographiquement un peu à l'ouest et définitivement «Weird», La griffe de Frankenstein n'est peut être pas une pépite du cinéma fantastique européen mais constitue en tous les cas une vraie curiosité.  Amateurs de plaisirs vintages, vous avez l'autorisation de trépaner vos comptes bancaires.

La griffe de Frankenstein

Le disque :

Artus propose de découvrir « Horror Hospital » dans une copie relativement honorable au format 1.77 d'origine en langue française et anglaise accompagnées de sous titres français. Dans les sous sols : L'hôpital de l'horreur, autopsie du film pratiquée au scalpel par le Dr Petit (33 minutes, réanimation incluse). le recours à l' imagerie médicale ( Affiches et photos en diaporama). Enfin les bandes annonces des sévices à venir dans la collection "British Horror"...  12€90 la consultation, les cartes vitales ne sont, nous dit-on, pas acceptées. Merci. A commander dès aujourd'hui sur le site l'éditeur ou début juin dans le commerce.

image tirée d'Horror hospital