Au début des années 2000,
l'apocalypse derrière nous, l'homme méduse, Didier Lefevre pour les
intimes, accouchait d'un numéro majeur (18 oblige) et érectile
puisque tout entier consacré à Charles Band. Une publication
épuisée depuis belle lurette, qui continuait de s'échanger à
prix d'or, sous le manteau, passant de slip en culotte pour échapper
à l'ISF. Par chance le Brave Didier qui est un homme du peuple a
décidé de réguler ce marché parallèle et clandestin en réitérant
son effort. Qu'on se le dise Medusa Fanzine dix huitième du nom sort
à nouveau de l'occulte et des entre jambes, en version deluxe s'il
vous plaît. Ecranbis.com a traversé cet abécédaire à la nage…
Et à la marge.
Car si il y a une qualité que l'on peut attribuer à Charly, c'est bien celle de nourrir l'imaginaire contre vents et marées, en périphérie de l'industrie cinématographique traditionnelle... 259 bobines lancées en l'air avec un sens aigu de l'indépendance et autant de déclarations d'amour au genre jetées au pied d'une quarantaine années de vie terrestre. Enfant de la balle, né sous la bonne étoile? Ou pas... L'homme, mi Lucas, mi Corman, embrasse le sens de la démesure du premier et le réalisme pingre du second. Il ne ne devra finalement son succès (que quelques esprits mal tordus qualifieront à coup sûr de relatif) qu'à lui même, à son sens de famille, celle de sang comme celle du cœur. A sa coquinerie aussi... peut être... sans doute... Car si Mr Band n'est pas le premier à se déclarer ouvertement «floué» (Voir un interview en deux parties donné au magazine Fangoria et aussitôt traduit dans l'Ecran Fantastique au milieu des années 80) , il ne sera pas le dernier à accompagner ses déambulations de peu harmonieux bruits de casseroles. La polémique qui suivit la mise en vente de rééditions de K7 Wizard vidéo dans des boites certifiées d'époque (si on vous le dit) mystérieusement retrouvées dans une entrepôt (Voilà voilà) n'en est qu'un des plus récents exemples.
On lui pardonnera tout à Mr Band, ses suites dans
les idées, ses petites entourloupes, son sens envahissant du
E-commerce, son mercantilisme acharné... un poil lourdingue, ses
brouilles et embrouilles... Car derrière la façade de son magasin à
web ouvert (Full Moon Direct), au royaume de l'auto promotion
permanente et de la fidélisation à outrance, se cache celui que
nous avons tous rêvé d'être. Celui qui a, sans discussion possible,
écrit quelques unes de plus belles et plus folles pages du cinéma
d'exploitation moderne. Soyons en par conséquent sûrs, la cinéphilie, le temps, sauront lui accorder la place qu'il mérite
dans l'histoire du 7e art. Aussi nous prendrons ce MEDUSA FANZINE
18 comme l'évidence d'une réhabilitation en cours, mieux, un
crédit sur une reconnaissance à venir...
Évidemment,
l'exploration filmographique d'une telle trajectoire donne pour
commencer le vertige... Ajoutez que les productions en question nous
sont parvenues dans manière totalement anarchique. Si les droits des
efforts Fullmoonique récents finissent en général par trouver
preneur pour le territoire France, bon nombre des pépites ici
chroniquées n'ont jamais connu officiellement d'autres supports que la
bande magnétique. C'était le cas de l'excellent «Terrorvision»
( un des mes films préférés) dont le seul disque existant au monde
fut longtemps un bootleg avant que le titre ne connaisse soudainement
les joies de la haute définition en double programme avec «The
Video Dead». Quelques perles eurent droit à des éditions DVD plus improbables, Crash'n' Burn par exemple qui sera vendu sous les
visuels d'Eliminators repris par une édition à la provenance
douteuse vendue au prix du plastique dans les supermarché de France
et de Navarre. Quand on sait qu'Eliminators fut, lui, exploité en VHS
avec la jaquette de Decapitron (l'un des nombreux projets avortés de
l'empire Bandesque)... Il y a de quoi en perdre son lapin et manger
son chapeau... Tout aussi curieusement, le délicieusement Z Breeders
et ses vierges nageant dans une piscine de sperme extra terrestre aura
l'honneur d'une très sérieuse édition MGM... (Sans doute un abus de
coke...). Les premiers Puppet master sont aussi à ce jour manquant à
l'appel dans notre beau pays, La chose devrait être réglée cet été
par Artus films et, pour les pressés, les anglais de 88 films se
sont déjà exécutés. Cet éditeur a d'ailleurs quelques autres fort
recommandables galettes en catalogue....
A ce
bordélique état de fait, Mr Lefevre et ses collaborateurs opposent
rigueur et choix éditorial. Dans ton cul la chronologie, ce sera un abécédaire... ! (Désolé j'ai l'écriture bi polaire ou comment un billet
commencé en douceur vire soudainement Rock'n'Roll). Une soixantaine de
belles chroniques, 2 interviews (Brian Yuzna, Jeffrey Combs) et les
focus indispensables (Les Full Moon inédits , Les différents labels
de Charles Band...) Alors précisons-le aux côtés des classiques
«maisons» (Ghoulies, Re animator, Dolls, Trancer,
Troll...) , des efforts plus confidentiels mais pas introuvables (Glutors, Shadowzone), on y trouve les chroniques de titres nettement
moins courants… Je pense en particulier à ce qui a pu être
réalisé sous l'étendard Torchlight et Moonbean. Mais aussi à ces
films qu'il ne nous a pas été donné de voir.
Quitte à me
(re)lancer dans la métaphore gastrono-micro-ondable (technique de
survie que quelques longues années de célibat m'ont permis de maîtriser), cette Medusa Reloaded a beau être du réchauffé, le
néophyte, le Bandophile et la ménagère depuis de 18 ans devraient y
trouver de quoi manger. A moins qu'il ne faille considérer la chose
comme un comptoir à sucrerie pelliculaire et une invitation à la
débauche vidéastique. Dans les deux cas, on en reprendrait bien une
louche... La chose est à commander 10 euros port compris par chèque
(Didier Lefèvre, 4 rue de la rotonde, 62217 Achicourt), paypal
(ornelladidier@yahoo.fr) . Notez qu'il s'agit d'un retirage limité dit autrement : Grouillez-vous !