Million Dollar Crocodile : Critique et test Bluray

Rentrée oblige, les nouveautés pleuvent sur nos platines DVD et Bluray. Dans ce grand marathon de visionnage, à quelques jours de vacances méritées (Oui car mine de rien, Ecranbis.com est resté online tout l'été) on s'est arrêté sur «Bai wan ju e», un ex-inédit devenu miraculeusement disponible depuis le 3 septembre dans tous les marécages de l'hexagone, sous le titre plus bandant de «Million Dollar Crocodile». Au menu un gros lézard de dix mètres de long, cuisiné à la sauce comédie asiatique. Faut-il (ou pas ?) croquer dans cette galette résolument "Mad in China" et  estampillée «Factoris films» , la réponse (du moins la notre) ne se fait pas attendre...

Mondialisation culturelle oblige, voilà que la Chine agite sous nos yeux incrédules sa première créature «CGIsée». On nous souffle même que Million Dollar Crocodile serait le premier film de monstre Chinois... tout court. Enfin court, façon de parler puisque notre bestiole du jour, un crocodile un tantinet glouton atteint sans s'étirer, ni quitter ses bottes les 24 pieds. Un Creature feature communiste! Mao s'en serait retourné dans sa tombe, Ronald Reagan en aurait avalé le drapeau américain. Mais que fait l'ONU, la police, Chuck Norris et François Hollande ? (Pour ce dernier, n'attendez plus, électro-encéphalogramme est désespérément plat depuis un an et demi). On se rassure, le film de Li Sheng Lin a beau s'être fait rebaptisé «Croczilla» chez nos cousins d’Amérique (Histoire de jouer la carte d'un catastrophisme gentiment racoleur) , il tourne le dos aux DTV à écailles de l'Oncle Sam. Un peu d'exception culturelle ne peut pas faire de mal... Et ce n'est pas de ce côté du web qu'on écrira le contraire.



Dans Million Dollar Crocodile, on suit les trépidantes aventures d'un jeune garçon, Xiao qui après avoir lu une mauvaise traduction d'Aragon se dit que peut être en effet : Le reptile est l'avenir de l'homme. Le gosse, fort de ce poétique et bancal postulat, va vivre une véritable et intense roman d'amitié, non pas avec Glenn Medeiros, mais avec un croco géant portant le doux nom d'Amao. Oh ! joies cumulées de la finance internationale et de l'effet papillon, un banquier vend un produit toxique à New York, un grec tombe à l'eau, un mollusque devient président de la France et une famille Chinoise crie famine. (ça ne marche que dans ce sens ...). Le propriétaire de l'animal, touché par la crise, au bord de la faillite, ne parvenant plus à nourrir ses bêtes, se trouve contraint de vendre à l'animal à un vil commerçant  qui va promettre de s'en occuper. C'est d'ailleurs, exactement ce qu'il va faire en s'empressant d'alimenter le marché local de la restauration.



Pas très emballé à l'idée de terminer dans une boite de ravioli au bœuf de chez Findus ou en soupe au troquet du coin, le monstre fait un peu la moue, traîne les pattes et finit par se dire qu'il vaudrait sans doute mieux se faire la malle que de finir en sac. Dans son effort libératoire, Amao éjecte celui qui tentait de le cuisiner,  croise une jeune fille en détresse de retour d'Italie, avale son téléphone portable (ça peut toujours servir, en cas d'urgence) et par la même occasion un sac contenant 100 000€ … (Ce croco est caïman vénal... NDLR).

L’équation scénaristique est improbable, je le concède, sachez qu'elle accouche d'un résultat tout aussi indescriptible. Un délire quasi retenu. Une sorte  de mariage de raison entre horreur et humour. Et si sa reptilienne mariée a tout de la croqueuse d'homme, coups de sang et effusions gore n'ont à priori pas été invités... ou plutôt ont été évités à la nuit de noce.  Dit autrement, Million Dollar Crocodile reste soudé aux rails de la comédie familiale gentiment couillonne au risque sans doute d'indisposer les amateurs de chairs en lambeaux et autres fantasticophiles déviants.



Mais … mais... mais cette aventure croquante devrait par la même occasion faire de l’œil à un public plus conventionnel, moins spécialisé et peut être plus jeune. Parmi les bons côtés de la pépite exotique : un montage qui traîne pas des pieds (le film ne dépasse par l'heure et demie),  des apparitions numériques joliment envoyées et quelques situations savoureusement cocasses. Ce qui fait au moins trois bonnes raisons de préférer ce «Bai wan ju e» aux pénibles téléfilms crocodiliens made in USA... Mais qu'on se le dise: Les amateurs de tétons farceurs et  de tripailles à l'air peuvent aller se rhabiller fissa.

Test Bluray :

Factoris Films s'est fendu d'un Bluray réussi embarquant un master haute définition au piqué ma foi excellent et au format scope d'origine s'il vous plaît. Niveau plaisir du tympan, vous aurez droit des pistes audio en DTS HD HR 7.1 en langue française et chinoise. (Doublage français assez correct). Notons la présence de sous-titres français. Côté bonus, on retrouve comme à l'époque d'Emylia une copie digitale compatible tout périphérique (hd264) et surtout illimitée. (Attention le transfert nécessite un lecteur Bluray informatique). En espérant que cela donne des idées à d'autres éditeurs... Notons enfin pour nos amis non résidents en France (et ils sont de plus en plus nombreux si on en croit les statistiques du site) que ce Bluray est "Region Free" et les menus en langues Français/Anglais.