Comtesse Dracula : Critique et test Bluray



Au mois de mai, fais ce qu'il te plaît. Pas sûr que l'adage embrasse l'enthousiasme de votre banquier, et pour cause. Au moment même où les sacro-saintes «grandes vacances» pointent timidement le bout de leur nez, à l'heure il serait de bon ton de mettre quelques deniers à l’abri du vent et de la tentation, les éditeurs français redoublent d'imagination pour planter leurs canines dans nos petit pécules hivernaux ! Jugez sur pièce ! Du côté de chez Artus , on met la science fiction italienne et russe à l'honneur. Dans le rutilant catalogue d'Elephant films, on délivre des passeports pour la haute définition à tour de bras : Le club des monstres, La fille de Jack l’éventreur, le cirque des vampires, les sévices de Dracula et notre objet d'étude du jour : Countess Dracula plus connu dans l'hexagone sous le titre: La comtesse Dracula. Une chronique sanglante de l'Ecranbis.com s'imposait.

Miroir, mon beau miroir !

Hammer ! Le simple fait de prononcer le nom de la firme mythique suffit généralement à arracher le cinéphile  lunaire à ses voyages immobiles...
 Hammer... Films et non MC. Pas question d'évoquer, oh ça non jamais dans ces respectables colonnes numériques l'auteur demi honteux d'un touche pipi musical à succès. (You can touch this... Tudududu....) Hammer films ! L'usine anglaise de l'horreur qui eut la malice de soustraire les monstres classiques aux griffes acérées d'Universal Studios et de la prétentieuse Amérique. Mais après une grande décennie de triomphes et d'exploration du bestiaire fantastique, aux portes des 70's , alors que, outre Atlantique, Georges Romero offre une nuit à ses morts vivants, le porte drapeau de l'horreur à l'européenne perd un peu de sa superbe. Sur grand écran, le commerce de la peur a pris d'autres formes, d'autres chemins et s'habille d'autres discours. Le cinéma gothique a-t-il dit son derniers mot ? Certes non, mais dans son exploitation obstinée des thématiques qui lui sont chères, dans son incapacité à renouveler son verbe cinématographique et son esthétisme, la Hammer creuse avec les ongles, centimètre cube après centimètre cube sa propre tombe.


«Countess Dracula» nous permet de poser nos valises dans un petit hameau de l'Europe du 17e siècle, au pied du château des Nadasdy. Cette famille noble vient de faire l’expérience du deuil. Oui, l'homme de la maison est passé de l'autre coté du miroir laissant derrière lui une veuve plus décrépie qu'éffondrée. Au moment des comptes, comprendre lors de la lecture du testament, le jeune lieutenant Imre Toth, fils d'un ami de la famille tape dans l’œil de la comtesse fraîchement esseulée. Mais de toute évidence, la couguar n'est pas encore très à la mode et Imre l'ignore copieusement. La pintade enrage de se voir ainsi toisée et s'en va telle une furie laver cet affront dans sa baignoire. Une altercation avec une servante maladroite va toutefois lui redonner quelques espoirs. Un petit accident de couteau et voilà qu'un filet de sang glisse sur la joue de la gamine. L'effet sur la vieille peau est stupéfiant. La comtesse Nadasdy vient de découvrir le plus puissant des élixirs de jouvence et le secret de la jeunesse éternelle. Le sang humain... (Parce qu'elle le vaut bien !)

L'art de tenir la chandelle et la tête de veau.

Malheureusement, les effets de ce lifting naturel se trouvent limités dans le temps et la veuve va devoir vider plus d'une domestique pour créer l'illusion. Pire, une saignée sur la moins farouche des villageoises va lui révéler que seul le sang d'une vierge a le pouvoir de gommer les odieux ravages du temps. Elle va donc trouver une main secourable en la personne du capitaine Dobi. Vieux gradé à la barbe farceuse  qui rêve dans le plus grand secret de secouer la châtelaine d'avant en arrière et de haut en bas. Dobi s'arrange alors avec le garde champêtre pour retenir la fille Nadasdy de retour d'exil, et se charge de désigner quelques volontaires à la prise de sang intégrale. La comtesse pourra se faire passer pour sa propre fille sans s'en trouver inquiétée. Mais malgré les efforts déployés, Imre s’interroge sur la disparition de la vieille femme et l'apparition conjointe d'une jeune nymphe blonde dans les couloirs du château.

Si vous ne l'aviez pas saisi par vous même, le titre «La comtesse Dracula» n'a ici qu'une justification vaguement commerciale et, pour aller plus loin, le présent métrage n’entretient qu'un rapport distant avec le thème du vampirisme. Oubliez donc prestement les dentiers rutilants et les  festivals de ratounes à l'air, l'effort de Peter Sasdy s'inspire d'un véritable personnage historique. Elizabeth Bathory, une comtesse hongroise qui mérita (nous dit-on) le surnom de Comtesse sanglante. Cette serial killer antique aurait en effet participé à la mise à mort de troupeau de jeunes vierges. Le chiffre serait encore à ce jour entouré de mystère, entre une poignée et 600, comme quoi les problèmes de comptage n'ont pas attendu la manif pour tous. Une légende populaire ne tardera pas envelopper ce fait divers de quelques morbides détails. La diabolique aurait pris un certain plaisir à tremper son noble popotin dans le sang présumé régénérateur de ses victimes. Le fameux syndrome Rika Zaraï.

Ingrid Pitt,tout aussi volage que dans "La maison qui tue"

L’exécution de ce «Comtesse Dracula» se montre définitivement classique. Dans l'air de son temps, le film est surtout teinté d'un érotisme contenu mais néanmoins omniprésent toute en restant extrêmement prude sur ses écarts sanguinolents. A l'exception des séquences où Elizabeth, nue comme un ver, se badigeonne (Oh la cochonne !)  de sang à l'éponge. Dit autrement la charge horrifique semblera sans doute un peu surannée aux kidz de la next génération et autres jeunes loups en quête de sensations fortes. Mais pour les autres, bisseux carabinés et carabineurs, cinéphiles éduqués, les 89 minutes passées en compagnie de l’affriolante Ingrid Pitt s'habilleront, à n'en point en douter, d'un charme indiscutable. Aussi, le visionnage de ce Hammer, dans une copie haute définition de surcroît, s'impose à tout fantasticovore digne de ce nom.

Le disque :

Elephant films livre le film de Peter Sasdy dans un chouette combo Bluray + DVD, coiffé d'un sur étui cartonné. Nous avons droit à un beau master HD (Pas de miracle, il y a un peu de fourmillement sur les plans sombres ) et une copie restaurée, le tout au format 1.77,  accompagnée d'une piste anglaise sous titrée en français s'il vous plait. L'édition a la qualité  de proposer un décryptage du film par le rédacteur de l'Ecran Fantastique,  Alain Schlockoff en personne. Un supplément intéressant et sympathique (17 minutes) ainsi qu'une galerie d'images et des bandes annonces. 

Commandable sur amazon.fr au prix de 19€99 en cliquant sur ce lien ou sur le site de l'éditeur :elephantfilms.com


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Alain Schlockoff en personne