Lurking Fear : Critique et test DVD

 
Fidèle à sa devise"Classic Movies Treated With Respect" littéralement des films classiques traités avec respect, 88 Films continue d'ouvrir les cieux britanniques à la pleine lune d'un des plus prolifiques artisans de la série B américaine. L'éditeur s'en est même fait une spécialité et clame jusque sur la page internet être devenu, je cite, "The home of Full Moon features in the UK". Une diablement bonne nouvelle pour les vidéovores français qui voient débarquer en zone 2 nombre de péloches restées jusqu'ici bloquées de l'autre côté de l'Atlantique et dont notre "Lurcking Fear" du jour constitue un  spécimen aussi rare que parfait. Accrochez vous à vos pelles et à vos pioches, Ecranbis.com vous entraîne outre Manche et outre tombe le temps d'une chronique à déterrer les morts !


1994 est-elle une année faste pour la Full Moon ?  Nous serions bien tentés de répondre par l'affirmative puisque la firme se rendit coupable de quelques treize (chiffre porte bonheur ? ) bobinettes fantastiques parmi lesquelles figurent pèle mêle:  une flopée de suites plus ou moins attendues (Trancers 4, Trancers 5, Puppet master 5, Suspecies 3: Bloodlust, Prehisterya 2) mais aussi le second long métrage de Richard Elfman : Réducteur de têtes (Disponible chez Artus Films), un David Decoteau plus notoire qu'indispensable (Test Tube Teens from the Year 2000) sans oublier un western "SF" gratiné titré Oblivion. Voilà une brochette pelliculaire qui tient au ventre et aux mirettes !  Connu pour avoir malicieusement délocalisé  une partie de sa production dans la douce Italie des années 80 (en rachetant au passage les studios Dino de Laurenti),Mr Band poursuit son trip européen au début des 90's en lorgnant cette fois sur les plateaux roumains.


Subspecies dont la production fut, à en croire les quelques numéros de vidéozone dédiés à la série, des plus incertaines, sera un test réussi. C'est par conséquent sans grande surprise que la Full Moon va tenter de réitérer l'exploit. "Lurking Fear" fait partie de ces tournages expatriés pour raison économique profitant à la fois d'une main d’œuvre bon marché et des décors naturels roumains. Le film s'inspire de "La Peur qui rôde" nouvelle de H.P. Lovecraft écrite en 1922 et publiée sous la forme d'épisodes dans le courant de l'année 1923. Il était question de la fascination d'un jeune homme pour une croyance locale étrange et tenace: la potentielle présence d'une créature rodant autour d'un village perdu dans la forêt et attaquant ses habitants.  Le projet date en fait des années 80 et des années dorées de l'Empire Pictures. Après  le succès de  Reanimator, From Beyond, Lovecraft constitue pour Band un filon à exploiter. D'ailleurs Stuart Gordon, auteur des pépites précitées aurait été pressenti à la barre. Mais c'est finalement  bien des années plus tard et sous l’étendard Full Moon que C. Courtney Joynen est appelé à transposer le lugubre récit sur petit écran.


 L'homme est une des nombreuses étoiles de la galaxie Band. Scénariste de Prison, Class of 1999, Puppet master III, il passe à la réalisation avec Trancer troisième du nom au début des 90's. Lurking Fear constitua son deuxième métrage en qualité de réalisateur. Pour satisfaire les attentes présumées du spectateur américain,  il introduit dans la narration originale une vague intrigue criminelle. Un bad boy typique du cinéma US, tout juste libéré de prison et une bande d'odieux malfrats viendront donc agrémenter le face à face des habitants et de peu avenantes créatures souterraines. Le tout  filmé dans une sombre et effrayante église roumaine, plantée au beau milieu d'un cimeterre du genre flippant.


Ne le cachons pas plus longtemps, tout ou presque dans ce qui est donné à voir dans "Lurking Fear" donne à son spectateur l'impression d'avancer en territoire connu. Le film, classique d'un bout à l'autre, vaut en fait surtout pour son casting et ses créatures remarquablement conçues. Jeffrey Combs y retrouve un énième rôle de Toubib allumé. Ashley Laurence rescapée des trois premiers Hellraiser campe les femmes fortes maniant  poings et flingues. Vincent Schiavelli prête également son inoubliable gueule à la lugubre aventure.

Il serait sans doute un peu gonflé que de claironner en ces pages que  "Lurcking Fear" constitue d'une manière ou d'une autre le haut du panier de la production Full Moon de l'époque.  Mais l'effort de C. Courtney Joynen, fort de ses SFX réussis, des ses beaux décors et de son casting de gueules connues, parvient a transcender le convenu de son propos et  constitue un divertissement horrifique tout à fait plaisant. Il délivre même quelques moments d'ivresses comme un délicieux combat de chattes toute griffes dehors dans la boue d'un cimetière. Rien que pour ça, il faut avoir vu "Lurking fear" s'exclameront les amateurs de filles bagarreuses ! Les fans de Charly peuvent en tous les cas y aller sans avoir peur des griffures !



Le disque :

88 Films nous propose comme à son habitude une édition  simple mais joliment torchée. Le film est présenté au format 1.33 4/3 avec la qualité d'image que l'on peut attendre des productions Full Moon de l'époque. Une seule et unique piste américaine d'origine est proposée. L'absence d'option francophone et de sous titre risque donc de rebuter quelques cinéphiles de ce côté de la Manche.  Pour vous consoler un making of, un teaser et une palanqué de bandes annonces éditeur viendront prolonger le plaisir du visionnage. L'authoring est superbe, la jaquette réversible permet de retrouver les visuels d'époque. A commander dans toutes les boutiques pratiquant l'import ou cliquant sur ce lien: Lurking Fear sur amazon.co.uk.