Horrible : critique et test DVD



Si la lecture de la chronique d'Anthropophagous ne vous a pas coupé l’appétit, soyez rassurés, il y a des restes. Pour ne rien vous cacher, j'avais misé sur la trêve vidéastique pour tirer le rideau numérique... En congés! Repassez en septembre ! Je me voyais déjà, détendu de la chronique, traînant en slip du soir au matin, m'affalant sur le premier canapé de passage, mon chat sur la tête.... n'ayant pour seule et unique souci, la rédaction de quelques menus écrits destinés à la publication des prochains numéros de Médusa fanzine et Vidéotopsie. Mais voilà, la cinéphilie ne dort jamais ! Huit heures du mat tapante, après une nuit folle, partagée avec une télécommande dont j'ai oublié le nom (C’était une asiatique, c'est la seule chose dont je me souviens), l'équipe de Bach Film au grand complet tambourine à la porte: «Débout ducon !». Pas le temps de poser le pied à terre, que la serrure cède... Plaqué au sol par Monsieur, frappé à coup de digipack par Madame, je me souviens soudainement avoir oublier de chroniquer quelques galettes... Horrible non ?
D'Amato a-t-il percé les mystères de la femme ?

1981, à peine remis d'Anthropophagous, le tandem d'Amato/Eastman revient, avec l'un des plus beaux visuels de l'histoire du cinéma fantastique italien sous le bras. Ce sera Horrible pour la France, Absurd pour l'Angleterre (où il fut classé dans la fameuse liste des Video nasties), Rosso Sangue pour les Italiens. Les trois appellations collant à merveille à ce produit du terroir transalpin, il n'est pas forcement nécessaire de trancher. Seul le retitrage «Monster Hunter» américain interroge. Les droits tombés outre-Atlantique dans les mains d'un certain Charles Band (Un mec pas très connu, pas la peine de retenir son nom), la chose gagnera un vrai titre à la con et  un visuel la faisant passer pour une prolongation de la nuit des morts vivants. Notez au passage que le film fait partie des fameuses "Big Box" soit disant perdues, miraculeusement retrouvées puis vendues à prix d'or par l'ex empereur ( 45$ pièce, 50$ avec dédicace de Band, c'est du bon boulot nourrir les gosses et éventuellement s'acheter une mobylette, pour les ballade du dimanche matin...avec...  mais je ne vais pas réécrire la chanson). A l'heure où j'écris ces lignes, 210 pigeons manquent d'ailleurs encore l'appel, à votre bon cœur messieurs dames.
Maintenant dès que je pécho une meuf, je la chauffe direct !
Monsieur Lemaire, à nouveau convoqué dans les bonus pour le plus grand plaisir des bisseux rigolards, ne se trompe pas. Horrible répond a un double cahier des charges... Profiter de la vague gore italienne et du succès d'Antropophagous tout en embrassant un genre en vogue : le slasher à l'américaine. Problème, le maigre postulat de départ, son psychotique échappé de l’hôpital, semant des cadavres comme le petit poucet sème des cailloux, peine à rendre le récit véritablement consistant et même apte à soutenir sa furie visuelle. Le petit flirt avec le fantastique voire la science fiction (notre tueur a acquis la capacité de régénérer tissus comme cellules et souffre par conséquent d'une forme aiguë d'immortalité), ne semble pas véritablement passionner D'Amato. En résulte une déambulation aussi sanglante qu'inexpliquée dans les galeries du macabre. Tête percée, passage au four... et j'en passe. Tout pour le plaisir des yeux , aussi crevés soient-il... 

Bernard, Il a un compas dans l’œil, dommage qu'il soit planté

Bizarrement, Horrible, bien qu'amputé d'un scénario à la hauteur, impose une ambiance voire un climat. Est-ce le talent de D'Amato de sans cesse perfuser son métrage en scènes choc ? Est-ce l'indiscutable présence d'Eastman qui suffit à faire naître l'angoisse dans nos petits cœurs de spectateurs ? Il s'avère bien difficile de répondre. Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Quitte à enfoncer le clou je ne suis pas loin de préférer les coups de sang d' «Horrible» aux tripes d'Anthropophagous. Sans doute par la gratuité du métrage et sa capacité à maintenir son propos dans le "dérangeant" ....  jusqu'à son dernier plan.

Reste à établir le lien supposé qu'Horrible entretient avec Anthropophagous le premier fut parfois présenté comme la suite du second. Outre le fait de remettre sur les rails le tandem D'Amato/Eastman, plusieurs indices pourront sans doute mettre le cinéphile attentif sur la bonne voie. Nous noterons pour commencer que notre maboule  se retrouve intestin en mains au début d'Horrible Comme cela était le cas à la fin d'Anthropophagous et surtout qu'il s'est échappé de Grèce. Preuve en est qu'il s'en passe décidément des belles à Mykonos  (si en plus de se la mettre, ils se la bouffent... ).
Quand on vous disait que c'était tiré par les cheveux...

Le disque :

L'édition Bach reprend «à priori» le même matériel utilisé par le Zone 1 américain (Mya) qui est la meilleure édition disponible à ce jour (du moins à ce que je sais). Le film est présenté dans un format approchant le 1.75 non anamorphique (4/3) et utilisant deux sources. D'un côté un transfert de qualité "à mes yeux" acceptable (admirez la prudence) mais il est vrai, flanqué d'une petite barre blanche sur le côté droit. Auquel a été ajouté, dans l'objectif de fournir le montage le plus complet possible, quelques scènes extraites de VHS. D'où les changements de qualité. (Comme sur le zone 1). On peut certes discuter de l'intérêt d'avoir monté ces séquences plutôt que de les mettre en bonus. Même si cela pose un problème d'homogénéité de la copie, je suis plutôt pour l'idée de l'insertion dans le film. On retrouve comme dans l'édition d'Anthropophagous des pistes française, italienne et anglaise, accompagnées de sous titres français. Dans le four à bonus, une présentation du film par Christophe Lemaire, une bande annonce et un diaporama. Le tout embarqué dans un digipack contenant 3 cartes postales collectors. A commander sur le site de Bach film pour le prix d'un conso à l'Amnesia du Cap d'Adge... 

Christophe tentant d'imiter l'affiche du film...C'est pas parfait !
Mais y'a quelque chose !