Sharktopus, le coffret : Critique et test DVD



Après un mois de mai vidéastiquement fade, les éditeurs français reprennent du poil de la bête.... Et de bêtes, il en est justement question dans un coffret double disque édité par Program Store et entièrement consacré à la naissante saga des « Sharktopus » produite par Roger Corman. La chose est attendue le 2 juin 2015 dans tous les échoppes dignes de ce nom. Ecranbis.com a pris une galette de test dans ses filets...


Remis au goût du jour par l’avènement de l'imagerie numérique comme par l'intense production de  Nu Image, de Ufo films et autre The Asylum, le bestiaire fantastique s'enrichit à vue d’œil. Squales volants, dinosaures crocodiliens, piranhas anacondas, araignées des glaces, tout semble bon pour remplir les petits écrans et les grilles de programmation nocturne des réseaux câblés américains. Ce renouveau du «Creature Feature» (comprendre film de monstre), poussé aux portes du Muckbuster, a même connu son premier succès populaire : Sharknado. Ou comment passer du Tricatel télévisuel au phénomène de société. Un état de fait qui ne pouvait échapper à celui que l'on surnomme parfois «le pape de la série B », Roger Corman. Producteur économe et renifleur de talents, l'homme ne pouvait rester les bras croisés face au pillage de ce qui constitua quelques décennies durant son fond de commerce.



Dans « Sharktopus », le croisement d'un requin et d'une pieuvre, opéré dans le plus grand secret par l'agence Blue Water (sous le contrôle de l'armée américaine, fallait-il le préciser) va tourner au drame balnéaire. Et ce sont quelques brochettes de touristes en bikini qui se trouvent sacrifiés sur l'autel de la sécurité nationale, victime collatérale d'un course à l'armement génétique. Nos braves chercheurs ayant de toute évidence totalement perdu le contrôle de leur hybride  infernal, il faudra compter sur une poignée d'audacieux et courageux civiles pour faire cesser le carnage. Dans une suite tout aussi foutraque et sympathiquement racoleuse, notre «Sharktopus » affrontera un autre malencontreux brassage d'ADN : Le ptéracuda. Ptéra pour ptérodactyle, cuda pour barracuda. Mi oiseau reptilien, mi poisson carnassier, mi préhistorique, mi contemporain, la bestiole a été mise au point par un scientifique nécessairement inconscient ; le Dr Rico Symes, qui ni plus chanceux, ni plus doué que les scientifiques du premier film, peinera à dompter sa création. Seules les tentacules espiègles et l'exceptionnelle dentition d'un Sharktopus pourra venir à bout de cet amalgame contre nature.Cela tombe bien, un bébé requin-pieuvre a été pêché au large des côtes mexicaines et se trouve exposé dans un proche centre aquatique.


Aussi surprenant que cela puisse paraître aux jeunes loups parcourant ces colonnes numériques, Sharktopus ne marque pas la première apparition d'un requin pieuvre sur les écrans. Dans les douces années 80, en guise de réponse tardive aux «Dents de la mer » de Steven Spielberg, le cinéma d'exploitation italien nous avait livrer un premier spécimen dans « Apocalypse dans l'océan rouge ». Cette délicieuse roublardise signée par la main de Lamberto Bava avait marqué les spectateurs de l'époque par l'habileté du cinéaste à repousser sa bestiole hors du cadre. Fort heureusement « Sharktopus » et « Sharktopus vs Pteracuda » ne souffrent nullement des mêmes maux. Leurs créatures s'y affichent sans la moindre pudeur , dans des apparitions CGIsées souvent discount mais toujours rigolardes. Le ton des deux métrages est d'ailleurs à l'identique, tendant bras et tentacules à la parodie et au second degré, pour le plus grand plaisir d'amateur de nanars instantanés, « So bad it's good » et autres joyeusetés vidéastiques.



Sortie d'un vague doigt pointé sur la folie des hommes, les dangers de la sciences et l'obsession militareuse, ces deux plats de fruits de mer filmiques ne s'embarrassent d'aucun sous-discours. Et c'est peut être paradoxalement par cette inconsistante et cette légèreté que ces deux bobinettes fantastico-déconneuses constituent une pêche de choix en ce début de mois de juin. A condition d'aimer les jolies filles en bikinis, les images de synthèses et accessoirement le poulpe. Au rayon des choses remarquables, le cinéphile ne manquera pas de noter l'apparition rigolarde de quelques tronches célèbres : Eric Roberts (le frère de Julia), Robert Caradine (Fils de John et demi frère de David) et Roger Corman venu  vérifier l'adage "Un sou et un sou" dans une une scène d'anthologie !




Un œil sur le disque :

Program Store ( Distribution Arcades) a eu la bonne idée de livrer « Sharktopus » et sa suite dans un coffret double DVD vendu à prix mini (sous la barre des 20€). Ils nous sont ici présentés au format 1,77 (pour en prendre plein la dalle) dans des masters 16/9 aux normes, accompagnés de mixages stéréo français et également anglais avec sous titres optionnels. Dans la barque aux bonus, une seule et unique bande annonce à se coincer sous la dent.