Kill Your Friends: Critique


Owen Harris aurait-il un petite contre l’industrie musicale ? Un destin ordinairement contrarié, quelques démos au placard  ou quelques mélopées  restées lettre morte ?   Son “Kill your friends” hésite en tous les cas entre singer le poisson et croquer  le bocal. Il y a d’un côté,  la tortueuse et torturée  trajectoire d’un jeune loup fait directeur artistique sous une pluie de galettes argentése, l'âge d’or du Compact Disc dit-on désormais avec une nostalgie pas toujours très assumée (par crainte du  “vieux connisme” ) De l’autre, le folklore d’un artisanat se rêvant industrie, machine à Kleenex,  dans une Angleterre  ballotée entre l’indie rock et la musique électronique… On croit d’abord à une descente aux enfers, aux tourbillons de l'âme,  à l’inévitable réveil de quelques pulsions animales inavouables et en bout de course l’amok…  Mais le chemin, mille fois emprunté par le cinéma de genre, se refuse finalement. Contre toute attente…


"le chemin, mille fois emprunté par le cinéma de genre, se refuse finalement. Contre toute attente… "




Bien plus qu’un vol au dessus d’un nid de coucou, Owen Harris s’offre un audacieux survol du panier de crabes dans la lignée du “Loup de Wall Street” ou pour prendre un exemple moins réussi mais toutefois plus hexagonal : "99 francs". La satire d’une machine à rêve, précisement faite de la matière des rêves, de poudre aux yeux et d’un snobisme cache misère. Certains pourrait croire le trait forcé mais celui qui a usé son futal du coté du palais des festivals en plein MIDEM,  ceux qui ont un jour traversé cette cour des miracles,  ou profité des open bar des soirées aux Martinez, savent que non ou plutôt pas tant que ça.  Résultat, la peinture est aussi réussie que délicieusement acide.

"il faudra un peu plus que quelques rails de coke, une paire de fesse et deux homicides pour donner le tournis à des spectateurs rompus à ce genre de fable. "




Cela suffit-il à faire de “Kill your Friend” un culte movie instantanné ? Celui que Owen Harris tente justement de nous vendre, à grand renfort de situation trash et de répliques Rock’n’roll. La réponse est plutôt non. L’impression d’un apocalypse sous cloche persiste, le petit tour de piste des quelques pathétiques magiciens se mettant à croire au coup de la carte montante n’embrasse pas le caractère vertigineux des véritables tours de passe passe. Ceux qui se jouent dans les tours de  Wall Street ou de la City. N’est pas trader qui veut ! se dit-on. Et il faudra un peu plus que quelques rails de coke, une paire de fesse et deux homicides pour donner le tournis à des spectateurs rompus à ce genre de fable.

"Bien plus qu’un vol au dessus d’un nid de coucou, Owen Harris s’offre un audacieux survol du panier de crabes  "




Reste deux choses. La performance  impeccable de Nicholas Hoult et le fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde. ça fait déjà beaucoup…