Exorcisme tragique: Critique et test Bluray


Après avoir été un des premiers éditeurs de la niche bis à se frotter au support Bluray (Avec une édition remarquable du « Venin de la peur » de Lucio Fulci), Le Chat Qui Fume semble décidé à enfoncer le clou avant l'été. Le plus félin des acteurs de vidéo française revient en effet avec deux nouveaux titres et des éditions à tomber par terre: A ma gauche, La Nuit Des Diables (La notte dei Diavoli) de Giorgo Ferroni. A ma droite, Exorcisme Tragique ( Un bianco vestito per Mariale) de Romano Scavolini... C'est d'ailleurs de ce dernier métrage dont nous parlons aujourd'hui...

Marialé, blondinette tourmentée et faut-il l'avouer, un peu dérangée connaît la vie de château avec le beau Paolo. Loin des tumultes de la ville et des mondanités, les journées s’enlacent, la belle se lasse. La bâtisse devient prison, les remontants et calmants une ration quotidienne . Bien décidé à rigoler un bon coup, la douce parvient à tromper la vigilance de Paolo et du domestique. Elle convoque par télégramme une poignée d'anciens camarades, fantômes surgissant d'un passé qu'on devine plus éthylique qu’idyllique. Le temps de dire ouf, celles personnes s'époumone déjà au portillon...

"Une proposition baroque et déviante, dont l'inspiration gothique très assumée tutoie le modernisme."

Exorcisme Tragique, Un bianco vestito per Mariale, A White Dress for Marialé, Les monstres se mettent à table... Cette bobine signée par la main de Romano Scavolini (Essentiellement connu des bisseux pour son «Cauchemars à Daytona Beach ») ne manque pas de titres...ça tombe bien chacun explique et raconte à sa manière, un peu du spectacle à venir. Une proposition baroque et déviante, dont l'inspiration gothique très assumée tutoie le modernisme.

Big bisou.... toum toum toum...Big Bisou.....

"Exorcisme tragique ne lésine pas sur la noirceur et le souffre lorsqu'il s'agit de mettre à nu l’âme humaine... "

 La structure «Agatha Christique» du scénario, convoque le parfait échantillonnage d'une bourgeoisie désœuvrée, une poignée de jet-setteurs trompant l' ennui dans de petites orgies costumées. On s'y travestis, on s'y adonne aux jeux sadiques, masochistes et saphiques jusqu'à goûter ses propres limites: jalousie, dégoût ou vexation. Enfermé dans un manoir de campagne, ce beau monde ne tardera pas à découvrir que la mort a également été invité.

Myriam El Khomri rencontre Philippe Martinez


Fausse piste ! Exorcisme Tragique ne doit pas plus à L'exorciste de Friedkin ( et à la vague exploitative qui suivra l'ambulance de près) qu'au Giallo, genre auquel l'effort de Scavolini est pourtant parfois associé. Non ici, il est surtout question d'exploiter le canevas narratif de «Dix Petits nègres» et de s'essayer aux récits paraboliques ...Une robe blanche, immaculée (qui ?), forcement virginale et évidemment souillée par le rouge...Couleur fascinante s'il en est … Entre passion et colère, pulsions de vie et pulsions de mort. Il y a aussi ces convives avançant masqués au sens propre comme figuré et qui face à l'ignominie du crime vont commencer par quitter le déguisement pour finir par tomber le masque. Et puis au bout du tunnel, l'idée que tout ce qui y entre doit finalement  sortir. (Oui l'image est un peu merdique)..Catharsis quand tu nous tiens ! Finalement,  sorti de ces 88 minutes, le titre français n'apparait plus si à côté de la plaque...Car c'est bien d'un exorcisme, au sens large et non religieux dont il est ici question.Celui d'un traumatisme

"La structure Agatha Christique du scénario, convoque le parfait échantillonnage d'une bourgeoisie désœuvrée, une poignée de jet-setteurs trompant l' ennui dans de petites orgies costumées".  



D'un point de vue formelle, Exorcisme Tragique est un film assez beau, assez troublant, Très visuel. J'écrivais baroque plus haut... On en retiendra une séquence absolument superbe autour de la danse d'une des protagonistes. Une scène dont l’étirement donne littéralement au spectateur l'impression de déambuler dans cette soirée inquiétante. On sent clairement chez Scavolini, une volonté de mettre le spectateur dans une situation de voyeurisme, voire plus (C'est à dire de l'impliquer, il y a un plan qui est pratiquement en vue subjective à un moment dans le film, c'est d'ailleurs un plan qu'on retient car il est somptueux). D'autre part, même si la mécanique narrative est assez classique, j'écrirai presque basique, il y a dans l’étude des personnages, quelque chose de très subtil . Un foisonnement de non dits, de sous entendus dans les rapports que peuvent entretenir ces mêmes personnages. Trio amoureux, couple dysfonctionnel et des cadavre dans les placards. Exorcisme tragique ne lésine pas sur la noirceur et le souffre lorsqu'il s'agit de mettre à nu l’âme humaine...

"Finalement... le titre français n'apparait plus si à côté de la plaque...Car c'est bien d'un exorcisme, au sens large et non religieux dont il est ici question.Celui d'un traumatisme" 

Fais commeeuuuuu l'oiseauuuuuuuuuuu !

Un œil sur les disques:

Non content de livrer "Exorcisme tragique" dans un master scopé sublime (version italienne sous titrée ou française au choix), le chat qui fume s'est fendu d'un des beaux combos de l'histoire de la vidéo française. Les suppléments se bousculent au portillon, jugez sur pièce:

- Histoire d'Ida ( 53 mn - Entretien avec Ida Galli)
- Esotérique et cryptique (37mn - Entretien avec le réalisateur Romano Scavolini)
- L'exorcisme de Marialé (13mn -Présentation de Jean François Rauger)
- Scavolini l'Anarachiste ( 12mn par Olivier Rossignot)
- Des scènes inédites
- Des films annonces
- Un rip de la VHS française d'époque

Une très grande édition !!!



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