Les collines nues: critique et test DVD


Artus films aura attendu le mois de février pour livrer sa première galette. L'éditeur français, droit dans ses bottes, poursuit une exploration du western américain et commence l'année 2017 avec une œuvrette relativement obscure et peu documentée, tombée à pic dans le domaine public outre atlantique : «The Naked Hills » qui vient trouver dans son titrage français (Les collines nues) une traduction litterale. Ecranbis.com ouvre le chemin...


"Planté au beau milieu des fifties, Les collines nues apparaît d'abord comme un western économe recentré sur la destinée de deux papillons de nuit pris dans la lueur des réverbères."

Planté au beau milieu des fifties, Les collines nues apparaît d'abord comme un western économe recentré sur la destinée de deux papillons de nuit pris dans la lueur des réverbères. L'énième récit d'une ruée vers l'or ou d'une fuite en avant... Les collines de Californie en point de mire, la soif de l'or pour motivation.

  Évidemment, la dimension parabolique du récit ne tarde pas à émerger. Métal précieux ou dieu dollar, au fond peu importe, c'est bien le rêve américain qui est ici dans la balance. Mirage justifiant tout et son contraire... Là où rien n'est impossible, au fond rien n'est impensable. Les deux hommes ne tardent pas à découvrir que tout décors a son envers et à l'instar d'Hollywood ou Wall street, le miracle californien peine un peu à cacher l'évidence. A l'homme honnête, trois vie ne suffiront pas à devenir riche. La réussite connaît ses raccourcies et ceux ci passent nécessairement par des routes mal éclairées. L'argent sale est une affaire de mains propres. Si le cinéma Américain se met à causer comme Mélanchon, le monde est mal barré...se dit-on... 

"Évidemment, la dimension parabolique du récit ne tarde pas à émerger. Métal précieux ou dieu dollar, au fond peu importe, c'est bien le rêve américain qui est ici dans la balance. "



Par la juxtaposition de deux destins, Les collines nues se donne  souvent l'apparence d'un conte moral, rappelant avec fermeté et insistance son spectateur à l'ordre. L'espoir a parfois le parfum d'un venin. Au fond, débarrassé des oripeaux du Western , le chemin de Tracy est celui qu'emprunte tout homme rêvant  de caresser la lune. Et même lorsque la chance tourne, que la colline livre enfin le trésor de ses entrailles... Cette éclaircie se paye au prix du sang, d'un amour déçu...Celui d'une petite employée refusant de blanchir les liasses de monsieur... et celui d'un fils que Tracy n'a pas vu grandir. Noir c'est noir... Cette petite production indépendante a le mérite de choisir son camp... Même son happy end fait la gueule ! Si je puis dire... 

"Le film confirme l'extra ordinaire capacité de l'Amérique à raconter sa face sombre, à faire jaillir ses doutes et produire son auto critique, sous la forme d'un cinéma populaire, sous le prétexte du cinéma de genre. "



Côté facture, l'effort ne brille pas particulièrement mais Shaftel s'applique à tenir la barre. Classique , modeste, son jet se traverse avec plaisir (Peut être parce que la dite traversée n'est pas très longue... ) Mais c'est surtout par l’inattendu de sa proposition, prenant le modèle américain (enfin l'idée  que l'on se fait du modèle américain) à revers, que le métrage marque des points et confirme l'extra ordinaire capacité de l'Amérique à raconter sa face sombre, à faire jaillir ses doutes et produire son auto critique, sous la forme d'un cinéma populaire, sous le prétexte du cinéma de genre. Rien que pour ça, ça vaut le coup d’œil.


Un œil sur le disque :

Artus films livre «Les collines nues » dans une édition épurée. Une copie correcte baignant dans son ratio 1.37 d'origine, accompagnée d'une simple piste audio anglaise et de sous titres français. Dans la mine aux bonus, un diaporama et des bandes annonces. Ok donc  !