L'antéchrist : Critique et test DVD



Ça ne bande pas mou du côté du chat qui fume ! Qu'on me pardonne le familier de cette introduction mais il paraît tout à fait impossible de fermer les yeux sur l’extrême vitalité de l'éditeur héroltais. Au crépuscule de mars, le matou crapoteur vient se frotter à nos télécommandes avec «Le gauchiste» ...pardon ...L’antéchrist ( hé ...Je n'étais pas loin hein ? ) De quoi déclencher quelques ronronnement oh combien gênants chez quelques cinéphiles dont je préfère taire ici le nom, par respect pour leurs femmes et enfants. Il faut tout de suite ajouter que la chose nous arrivant accompagnée de deux décryptages de 30 minutes (un de David Didelot , l'autre de Christophe Gans) et ayant deplus fait l'objet d'un dossier complet dans le N°12 de «Videotopsie », la péloche apparaît pour l'observateur, le critique ( c'est à dire lorsque l'observateur ne se sent plus pisser) comme un colis piégé. Oui mon cher ami lecteur , que dire qui n'a pas encore été dit sur ce jet maléfique d'Alberto De Martino ?


«L'antéchrist est pour commencer la contrefaçon toute italienne d'un succès tout hollywoodien"

A la votre !

Ce qu'il y a de bien avec «L'antéchrist», c'est qu'il touche pratiquement à une définition littérale d'un cinéma que nous vénérons, cet astre brumeux, cet animal tentaculaire que le quidam étiquette entre mimétisme partiel  et confusion totale, Bis. Cinéma Bis, vous avez bien lu... C'est à dire un cinéma de répétition, de réponse, de faussaire dont la seule justification naviguerait entre  un opportunisme joyeux et  un mercantilisme encore plus joyeux. Pour le dire autrement « L'antéchrist» est pour commencer la contrefaçon toute italienne d'un succès tout hollywoodien, à savoir « L'exorciste ». Ce qui tiendrait sans doute de l'escroquerie (ne serait-ce d'intellectuelle) , si l’œuvre issue de cette tentative de duplication n'embrassait pas un caractère totalement et involontairement unique. Cette inimitable façon d’imiter qui caractérise aujourd’hui encore quelques décennies de cinéma d’exploitation italien.

Eau précieuse ou eau bénite....Mais il va falloir faire quelque chose...

"un métrage pétri de religion…  Jusque dans son titre pointant du doigt une figure de l’eschatologie chrétienne"


A l’instar de son venimeux modèle , l’Antéchrist  apparaît d’abord comme un métrage pétri de religion…  Jusque dans son titre (pointant du doigt une figure de l’eschatologie chrétienne) tout comme le titrage du film de Friedkin lorgnait de l’autre côté du ring, sur le prêtre chasseur de démon tel qu’il est défini par les évangiles. Pour bien situer l’Antéchrist sur l’échiquier chrétien , je vais prendre deux exemples parlant, deux films pour ne pas écrire deux chefs d’oeuvre qui vont au coeur des années 80 et à quelques mois d’intervalle, se répondre d’ une contradiction frappante. “Le nom de rose” d’Annaud et “Prince of Darkness” de Carpenter. Vous allez me dire, les deux films n’entretiennent pas à première vue un rapport évident et pourtant …

Et pourtant nous avons là deux films qui vont placer leur propos dans un contexte religieux et chrétien  quasi outrancier  (dans le sens où les intrigues vont habiter  un monastère pour le premier, une église de banlieue pour le second, c’est à dire dans les des cas, la maison du seigneur)  et décrire des trajectoires inverses. Dans le nom de la rose, des personnages qui se trouvent êtres des religieux vont par un procédé de rationalisation dé-construire une mystique chrétienne. Convenir que le mal n’est ni démon ni mystère mais part de l’âme humaine. Dans Prince of Darkness, des personnages rationnels puisque scientifiques vont par une procédé empirique faire le chemin inverse, c’est à dire  reconstruire cette même  mystique chrétienne, aller vers considération du mystère, convenir que oui le mal existe et  que ce mal est démon.

" Guérisseur et psychiatre sont écartés, d’un procédé tenant pratiquement de la publicité comparative.  Seule La Croix lave les âmes plus blanc que blanc…" 

Lévitons heureux, lévitons couchés !

Le film de De Martino plongé dans le décors d’une ferveur catholique très latine et très romaine ,a cette particularité de tourne le dos à la construction ou la déconstruction d’une mystique mais d’operer  de facto son acceptation. Dit autrement L’antechrist n’est pas un film habité par doute…Un peu à la manière d’un “Don Camillo” qui sous le couvert d’un pastiche s’offre l’affrontement d’un sympathique  curé de campagne à qui le Christ parle pour bon et d’une poignées de gauchiste présentés comme stupides et  illettrés. Alors oui c’est un pastiche, mais c’est un pastiche qui a choisi son camp. Il suffit d’ailleurs de voir comment De Martino ballait devant la porte d’un catholicisme convaincu , faisant fuir les charlatans … Guérisseur et psychiatre, d’un procédé tenant pratiquement de la publicité comparative.  “La croix” lave les âmes plus blanc que blanc… Le reste n’est que marque de distributeur et poudre de perlimpinpin. Point à la ligne…

Dinde sur le point de découvrir la magie de Noël !

Pour le reste, il serait mentir d’écrire que cette confrontation entre le bien et le mal s’habille d’une quelconque modernité. Oui “L’antéchrist” baigne dans le jus de son époque, emprunte dans les boutiques à la mode au risque de paraître daté ou datable. C’est paradoxalement peut être ce qui fait aujourd’hui son intérêt et ce qui l’extrait de l’intarissable ruisseau d’un cinéma possédé !

Un oeil sur le disque : 

Pas de lézard du côté du chat qui fume mais un disque au poil : Digipack , master 16/9 et format flat, des pistes audios française, italiennes et anglaise et des sous titres frenchy. Dans les bonus, des entretiens avec David Didelot, Christophe Gans, Adolfo Troiani, un générique alternatif et des bandes annonces… 15 boules bien investies !  Prière (façon de parler) de commander par là : http://lechatquifumedvd.com/fr/