L'attaque de Fort Douglas : Critique et test DVD



Un western «sauce B» plein de Stockshots par le réalisateur de La mouche, avec la femme de 50 pieds, la fiancée du Dr Frankenstein, le shérif de Gremlins, ça vous dit ?  Ça tombe bien ! Aujourd'hui, Ecranbis.com ne se «Mohawk» pas de vous et vous prépare à l'Attaque de Fort Douglas. Une péloche de 1956 à laquelle Artus a eu la bonne idée de délivrer un passeport vidéastique en ce mois de mars cinéphiliquement très chargé.


La chronique :

Nous avions déjà furtivement évoqué le cas Kurt Neumann dans nos colonnes numériques, profitons donc de cette édition inattendue de Mohawk pour marquer la pause et jeter un regard bienveillant si possible, au curieux parcours d'un réalisateur allemand en terre cinématographiquement sainte. Débarqué sous l'ardent soleil de Californie pour teutoniser quelques productions hollywoodiennes, le Brave Kurt ne tarde pas à faire reconnaître son talent et se voir confier une série de low budget rutilants. 1939, il rate un premier rendez vous avec le fantastique. Notre homme est pressenti pour donner une fiancée à Frankenstein et une suite au classique de James Whales avant qu'Universal, émoustillé par le succès de l'homme invisible, parvienne à convaincre Whales de reprendre le flambeau. Peu importe, 6 années plus tard la chance lui sourit enfin et Neumann s'élance dans la réalisation d'une série de Tarzan.



A l'image de son héros (Johnny Weissmuller) sautant de liane en liane, Neumann passe d'un genre à l'autre, se forgeant la réputation d'un artisan pragmatique, roi du «Souriez, ça tourne» pendant pelliculaire du «vite fait bien fait». Il ne tarde pas à faire de l'oeil au western, à moins que cela ne soit l'inverse. Mais c'est surtout en opérant un abrupt virage dans la science fiction (et par conséquent par la petite porte) qu'il entre dans l'histoire du cinéma : Vingt-quatre heures chez les Martiens, She devil, Kronos... Une carrière couronnée par ce qu'il faudra bien nous résoudre par appeler son chef d’œuvre : The Fly avec Vincent Price. Un classique parmi les classiques pour des générations de fantasticovores mais également un succès instantané auquel, coup du sort, son géniteur ne goûtera pas. Kurt Neumann envoie le générique de fin à l'âge de 50 ans dans ces circonstances de nos jours encore discutées.

Revenons en 1956, date à laquelle un bien curieux projet lui tombe entre les mains. Edward L. Alperson, qui a produit trois années plus tôt l'Invader from Mars (Les envahisseurs de la planète rouge) de William Cameron Menzies, achète (ne nous demandez pas comment) des stocks shots de «Drums Along the Mohawk» de John Ford, et entend les recycler dans un nouveau film. Une leçon d'économie pour le producteur et un travail d'équilibriste pour les scénaristes qui parviennent, en tirant sur toutes les coutures, à faire entrer ces fameuses séquences dans un récit «prêt à tourner». Neumann, en bon cinéaste allemand, s'arme de rigueur (déjà) et ficelle le tout avec un indiscutable sens du spectacle. Disons-le ouvertement, les dits inserts sautent littéralement aux yeux (rien que par leur divergence photographique). Autrement dit, quand la tribu des Mohawks enflamment les abords du Fort Douglas, le spectateur n'y voit pas que du feu.




On s'en fout! Serions-nous immédiatement tentés de rajouter, tant les 78 minutes résultantes se montrent divertissantes. Tout commence par l'arrivée dans notre fameux fort de la jeune et blonde Cynthia et de sa tante. Les deux femmes ont profité d'un convoi de colons pour rejoindre un incroyable fiancé: Jonathan, artiste au pinceau baladeur, croqueur de vaches et de jeunes filles. Pris la main dans Greta (la peu frileuse fille d'un commerçant) et courant déjà, par conséquent, deux lièvres en même temps, notre collectionneur de flirts ne trouve rien de mieux que de s'enticher d'une jolie indienne aux yeux bleus. L’infâme Butler qui tente depuis des mois d'attiser les tensions entre les Mojawk et les colons, y voit une occasion inespérée de déclencher une guerre. Tandis que Jonathan batifole près de la rivière avec sa nouvelle conquête, Butler prétend que le jeune homme a été tué par les indiens, et n'hésite pas à assassiner de ses mains le fils du chef de la tribu voisine. L'attaque de Fort Douglas n'est désormais plus qu'une question de temps...



Pour donner vie à cette incroyable aventurette au pays de la série B, Neumann convoque Scott Brady, jeune premier qui trouvera rapidement refuge dans la production télévisuelle (s'offrant un dernier rôle clin d’œil dans le Gremlins de Joe Dante), une Lori Nelson toute droit sortie du «Day the World Ended» de Roger Corman, Allisson Hayes (Inoubliable Femme de 50 pieds) Mae Clark (l'Elizabeth du Frankenstein de Whale). Bref que de beau monde pour un western brandissant le drapeau de la série B  de la main droite, et une photo superbement colorée de l'autre. 

On ne se voilera pas la face, L'attaque de Fort Douglas n'a rien de l'indispensable classique mais le cinéphile collectionneur, amateur de raretés et autres bobines arrachées aux griffes de l'oubli, y trouvera plus que son compte. Chers amis, préparez-vous à  dégainer les cartes bleues et vite car les galettes estampillées «Western» d'Artus s'arrachent en général comme des petits pains. Autrement dit si ce n'est pas déjà collector, ça ne tardera pas à le devenir... Vous savez ce qu'il vous reste à faire.





Le disque :

La galette éditée Artus film nous permet de découvrir «L'attaque de Fort Douglas» dans une copie 1.33 certes imparfaite, mais acceptable. Vous pourrez jeter une oreille aux pistes anglaise (avec sous titres amovibles) et française. Notons qu'afin de présenter le film dans sa version la plus complète, une poignée de passages ne sont pas doublés. Dans le coffre à bonus, un diaporama, des bandes annonces et une aussi  intéressante que massive présentation du film par le dessinateur Georges Ramaïolli.