Le fier Rebelle : Critique et test DVD



Qu'on se le dise, «Le Fier Rebelle» (The Proud Rebel) chevauche à nouveau, et plus de cinquante ans après sa sortie en salle, en direction de l'hexagone. Le film de Michael Curtiz rejoindra «L'Attaque du Fort Douglas » et «Fort Invincible» dans la naissante collection «Les grands Classiques du Western» de l'éditeur français Artus films. S'il vous faudra encore attendre quelques semaines pour trouver la galette sur les linéaires de vos vidéostores, les impatients pourront se ruer dès le début du mois de mars sur le site l'éditeur. Premier arrivé, premier servi... Ecranbis.com est parti en éclaireur... Ce qu'on ne ferait pas pour nos lecteurs ...



Une filmographie riche de 173 films, dont 80 pour le compte de la prestigieuse Warner Bros et quelques chefs d'œuvres au compteur (L'Oscarisé Casanblanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman pour n'en citer qu'un), la contribution de Michael Curtiz au septième art et à l'industrie hollywoodienne donnerait presque le vertige. Confessons-le, 1958 n'est sans doute pas l'année la plus faste du réalisateur d'origine hongroise, mais il se fendra néanmoins  de «King Creole» avec Elvis Presley et de notre «Proud rebel» avec le bel  Alan Ladd. Un western larmoyant, diront les puristes (bande de cœurs de pierre va!), qui colle aux tiags poussiéreuses de John Chandler (Alan Ladd en personne), sudiste ratissant l'Amérique à la recherche d'un médecin capable de  soigner son fils  muet depuis la mort de sa femme.

Sa quête va le conduire dans une petite bourgade et sa route va malheureusement croiser celle des fils d'un éleveur de moutons: Harry Burleigh . Provoqué gratuitement, Chandler distribue quelques châtaignes et écope aussitôt en retour d'une peine de trente jours prison pour avoir troublé la tranquillité de l'ordre public (comme quoi la justice, il n'y avait pas encore Taubira que c'était déjà un peu la merde,  milles excuses pour cette remarque somme toute très personnelle mais sincère). Le vieux juge laisse néanmoins à Chandler la possibilité d'échapper aux joies du  mitard en s'acquittant de la  faramineuse somme de 30 dollars. John ayant visiblement laissé son portefeuille dans le sud, une inconnue accepte de régler cette simili caution.  Non! Cette femme, ce n'est pas Anne Sinclair mais Linnet Moore. Une vieille fille, rustre aux entournures, propriétaire d'une ferme, qui lui demande en échange de travailler dans les champs (et non de la travailler sur le champs, quoique l'un dans l'autre…).



Évidemment les femmes ont toujours quelque chose derrière la tête (des cheveux ?) et la proposition n'est pas complètement désintéressée. Le clan Burleigh convoite depuis des années la ferme de Linnett et la simple idée de faire enrager le vieux propriétaire et sa progéniture l'enchante. Au fil des jours, John et Linnett s'apprivoisent et le regards se font tendres, voire gênés (que c'est mignon ! Que c'est mignon). Le petit (interprété par le véritable fils de Ladd) n'a pas retrouvé la parole mais il gambade dans les champs autour de la maison en compagnie de son chien (lui aussi d'ailleurs désespérément muet). Mais les Burleigh n'ont pas dit leur dernier mot... Et le docteur ne tarde pas rapporter de la ville un nouvelle de taille. Une opération des cordes vocales est peut être  possible, mais il faudra pour cela rassembler 300 dollars. Chandler n'a plus d'autre solution que de vendre le chien de l'enfant...



Vous l'aurez compris, les gunfights et la castagne ne sont pas vraiment le plat de résistance de ce «Fier Rebelle»... Non, on cause ici d'amour filial et d'amour tout court, du meilleur ami et de l'avenir de l'homme, de justice, de droiture et de morale. Un peu de chaleur dans un monde de brutes et cela fait vraiment du bien. Vous aurez  droit  à un  Alan Ladd, petit par la taille (1m65 mais tout en couille comme on dit par chez nous) grand par le coeur.  Une Olivia de Havilland (Autant en emporte le vent, Capitaine le Blood) qui dévoile à chaque plan un peu plus de féminité (Allez Olivia ne fait pas ta  tête  de Linnet!).Vous croiserez l'immense John Carradine dans un  rôle microscopique et... pour ne rien gâcher, vous apprécierez une des premières apparitions cinématographiques de Harry Dean Stanton (un des fils Burleigh ), véritable gueule du cinéma US et spécialiste des seconds rôles. (Alien, New York 1997, Christine, L'aube rouge,Twister, Sailor & Lula, La ligne verte...).

Pour l'anecdote, David Ladd (à ne pas confondre avec son frère Alan Ladd Jr , connu pour avoir permis la mise en chantier de Star Wars alors qu'il était président de la Fox)  ne fit pas vraiment une grande  carrière d'acteur mais produira quelques films dont un  Bruce Willis et « The Serpent and the Rainbow » de Wes Craven. Voilà en tous cas, un bien beau Curtiz qui mérite assurément sa place sur vos étagères de cinéphiles avertis. Une chouette bobine tournant le dos aux pétaradants échanges de plombs et autres charges héroïques, mais qui met dans le mille. La chose étant de plus cinématographiquement bien troussée, on ne saurait que trop vous conseiller  d'y jeter un œil... voire les deux.



Le disque :

Artus emballe son «Fier rebelle» dans une galette à la sérigraphie superbe. Le film est présenté dans une copie certes perfectible, mais tout ce qu'il y a de plus acceptable au format 1.33 s'il vous plaît. On notera la présence d'une piste anglaise, d'un doublage et de sous titres français. Dans la grange au bonus, une excellente présentation du sympathique Eddy Moine titrée «Fier et rebelle», un diaporama et des bandes annonces. Enfin un petit feuillet vous permettra de commander les autres western de la collection. 12€90 et pas un dollar de plus !