Masks : Critique et Test DVD



Après un premier long métrage (Tears of Kali) en 2004, l'allemand Andréas Marshall retrouve, faute de mieux, les chemins de l'autoproduction. Indiscutablement porté par le buzz et un périple festivalier exemplaire (deux prix au Festival International du Film Fantastique de Paris 2011 et deux autres au Fright Night de la même année), Masks a d'abord constitué la sélection vidéastique accompagnant le numéro de février du magazine Mad movies avant d'avoir droit à une sortie vidéo en bonne et due forme. Le 3 avril 2013, ne vous découvrez pas d'un film, la bobine d'Andréas débarque dans vos salons en DVD et Bluray grâce aux efforts de Filmédia....



 Berlin, de nos jours, la belle Stella rêve de bruler les planches mais court les auditions sans succès. Alors qu'elle vient juste d'essuyer un nouveau revers, un vieil homme lui tend la brochure d'une école de théâtre en lui recommandant de s'y présenter. Arrivée sur place, Stella est immédiatement invitée à faire un essai. Gênée par un projecteur et les remarques du jury, la jeune fille s'enflamme mais étrangement, ce coup de sang semble séduire l'auditoire et notre blonde héroïne est autorisée à rejoindre la troupe des élèves dans une vieille battisse labyrinthique. Alors qu'elle commence à prendre ses marques dans ce nouvel et studieux univers, Stella tombe sous le charme d'une autre étudiante aux regard mystérieux et à la fragilité à fleur de peau : Cécile. Celle-ci finit par lui avouer suivre dans une aile interdite du manoir un enseignement particulier appelé: La Méthode. Un dispositif pédagogique expérimenté dans les années 70 par le créateur de l'école, l'acteur metteur en scène polonais : Matteusz Gdula. Lorsque Cécile disparaît et que Stella en vient aux mains avec une de ses camarades, la directrice de l'établissement se voit dans l'obligation de l'exclure mais lui propose dans le même temps une alternative: être initiée à la méthode....



L'adoration du dieu Giallo jusqu'ici circonscrite aux sphères les plus bisso-déviantes de la cinéphilie, est-elle contagieuse ? Une chose apparaît comme sure, il est désormais de bon ton d'enfiler révérences et courbettes en passant devant l'autel du genre et son inimitable esthétique. Loin de nous l'idée de déprécier ou mésestimer l'exercice, pire lui refuser la place qu'il mérite dans l'histoire du cinéma d'exploitation… Reconnaissons simplement qu'il est aujourd'hui recommandé, pour les observateurs que nous sommes, de voir la vie en jaune, autrement dit du Giallo partout et pour les artisans de l'horreur de se réclamer opportunément de l'école «italienne». Outre le paradoxe résultant (ceux la même qui se plaignent des vagues des remakes, reboot et autre resucées hollywoodiens, s'enflamment à la moindre tentative de revival giallique), le rapport que nous entretenons au Giallo finit par en dire long sur celui que nous entretenons avec la cinéphilie. Mince alors, victime de la mode serait-il notre nom de code ? Où serions nous devenus à notre tour devenu les gardiens autoproclamés de ruines pelliculaires?



Que l'on succombe ou pas à son charme anachronique, Masks a donc le mérite de planter le fleuret où ça fait mal. Mais en prenant Suspiria comme matrice, on se dit d'abord qu'Andréas Marshall n'a choisi ni la voie la plus courte, ni la plus simple. Le film d'Argento était un giallo sans en être un, ou plutôt était un giallo tout en étant de façon intrinsèque autre chose, une œuvre transitionnelle et extraordinairement complexe. Disons-le ouvertement, pour ce qui est de l'habillage, comprendre d'un point de vue strictement visuel, l'expérience de visionnage de Masks est indiscutablement troublante. Certains plans semblent de par leur photographique et leur composition littéralement surgir du passé, nous abandonnant à l'évidence : Marshall n'a pas embrassé l'esthétisme giallique, il l'a étreint, enfantant une œuvre composite, arrachée à toute forme de chronologie, indatable par nature. Seule l'extrême modestie du budget (on murmure la faramineuse somme de 100 000€, ce qui laisse à la vue du résultat, pardonnez-nous l'expression, sur les fesses!), ferme la porte de la perfection au nez de l'exercice.



Malheureusement, en descendant l'escalier de son propos, Masks manque plus d'une marche. Dans le puits sans fond de Suspiria, Marshall tente de puiser l'eau de rêves. Mais ici, le train de l'onirique,à force d'accrochage de wagons, s'étire dangereusement pour finir par laisser son spectateur sur le quai. Définitivement trop long ou trop superficiel dans son exploration (les thèmes du vampirisme, des masques sont complètement éludés), le film a la mauvaise idée de s'empaler sur un justification bien peu convaincante et un twist incroyablement mécanique. La montagne accouche d'une souris ? Un peu, reste que l'escalade est de toute beauté. Masks apparaît donc comme une bobine imparfaite mais troublante... voire attachante. Il ne nous en faudra pas plus pour recommander la location ou l' achat à tout cinévore un temps soit peu déviant.



 Le disque :

 «Masks» nous arrive dans une parure DVD plutôt seyante. Le film est proposé dans son format scope (2.35) d'origine et dans un master à la compression discrète et au rendu colorimétrie subtile. Le tout est accompagné de mixages français (stéréo) et allemand sous titré (Dolby Digital 5.1). Malheureusement aucun bonus sous le masque. Notez qu'un fourreau cartonné accompagne l'édition.