Spiders : Critique et test DVD



Star incontestable et d'ailleurs incontestée du cinéma d'épouvante, la bestiole à tendance mutante s'invite depuis plus de 50 ans sur petit et grand écran pour le plus grand bonheur des amateurs de sensations fortes. Dans le peloton de tête des insectes géants, l'arachnide qui n'inspire pas naturellement, concédons-le, l'amour, porte souvent le maillot jaune. Du Tarentula de Jack Arnold (1955) au délirant Arac Attack d'Ellory Elkayem (2002), l'araignée rampe dans les canalisations les plus sombres de l'imaginaire, terrorisant les kids et remplissant les tiroirs caisses. C'est en 2010 à Cannes, dans un marché du film touché par la fièvre du relief, que nous eûmes pour le première fois vent de «Spider in 3D». Le film n'était pas encore tourné, mais les visuels en disaient déjà long:  une mygale de 10 mètres de haut se frayait dans les flammes, et non sans peine, un chemin dans les rues de Manhattan, provoquant l'hystérie  (ce qui est en soit la moindre des choses) des passants. 10 avril 2013, Metropolitan vidéo offre un visa vidéatisque à cette série B aussi technologiquement dans le vent que thématiquement vieillotte. Ecranbis.com s'est fait prendre dans la toile...


Il fallut donc attendre trois longues années pour que les vidéovores français puissent jeter un œil amusé à cette nouvelle production Nu Image, société bien connue des vidéophiles hardcore pour s'être fait une spécialité du DTV à bébêtes et des CGI économiques. Si la promesse d'un défilé de bestioles à huit pattes est tenue, les justifications scénaristiques de cette incroyable invasion ont quelque peu évolué dans le temps. Bien qu' un temps annoncée, la piste d'une nouvelle race d'araignées trouvées dans une grotte Afghane n'a visiblement pas été retenue par la production au profit d'un postulat rappelant celui de «Spider» du sympathique Gary Jones (Une autre production Nu Image et sans doute l'un des meilleurs). Un satellite russe lancé durant la guerre froide est percuté par une pluie de météorites. Une partie conséquente de l'engin spatial est arraché à son orbite et retombe dans l'atmosphère terrestre. Un fragment s'écrase en plein Manhattan et se loge dans les galeries du métro New Yorkais libérant ainsi le fruit d'une expérience scientifique soviétique: une armée d'araignées mutantes. Non contentes de se multiplier en implantant leurs larves dans les clochards habitants les sous-terrains, nos mygales semblent profiter du bon air de l'Amérique et finissent par atteindre des tailles impressionnantes (2 mètres en quittant leurs chaussures). Mais le pire est encore à venir, quelque part dans les profondeurs, l'araignée mère, gigantesque et affamée se prépare à visiter la grande pomme.



Un scénario typiquement 50's qui va tomber dans les mains de Tibor Takacs. Un réalisateur d'origine Hongroise qui s'est fait connaître dans les années 80 avec «The Gate», petit film d'horreur canadien aux effets visuels particulièrement soignés. Depuis, spécialisé dans le catastrophisme télévisuel, notre homme alimente, avec plus ou moins de réussite, la grille de programmes de SYFY et les linéaires de vidéoclub. Un homme moustique par ci, un Mega Serpent par là, l'oeuvre résultante oscille entre le nazebroc horripilant et le sympathiquement couillon. Mais le cinéphile honnête sera bien obligé de reconnaître à Takacs une véritable qualité, celle de savoir composer avec les maigres moyens qui lui sont en général alloués. Et cela tombe bien car, le budget de ce premier Nu image reliefisé n'entretient à priori que peu de rapport avec celui d'Avatar... Tournage Bulgare oblige, l'exploration de New York ici proposé se limitera à 3 pâtés de maisons au parfum délicieusement carton pâte (Takacs confirmera avoir tourné l'essentiel du film dans les célèbres Boyanna studios de Sofia...) et le métro local est à celui du melting pot, ce que Christophe Willem est à Charles Bronson. (Appréciez l'image). Mais le cinévore déviant ne s'arrêtera heureusement pas à ces détails...



Car pour le reste, Spiders délivre un spectacle linéaire mais plutôt amusant. Un univers urbain et sous terrain peuplé de personnage stéréotypé (le héros divorcé et absorbé par son travail qui va secourir son ex femme et sa fille), de scientifique fou et des militaires psychorigides. Patrick Muldoon (qui était déjà le héros de Ice Spider, précédente arachniderie signé par Takacs  pour le compte de Sci Fi Channel)  donne la réplique à une Christa Campbell (elle aussi régulière de l'ami Tibor)  chirurgisée, botoxée mais toujours sexy. On notera également l'apparition de Sydney Sweeney dont le fait de gloire fut de de jouer le rôle d'Alice jeune dans le décrié "The Ward" de John Carpenter. Quand à nos stars poilues à huit pattes, elles ont visiblement fait l'objet d'un soin particulier. Les effets visuels confiés à Scott Coulter et à sa société WorldWide FX ( Rambo, The Expendable, Dogma, Phénomènes Paranormaux) n'ont, précisons-le, rien de renversant mais nous n'avions jamais, à ce jour, vu des choses aussi réussies dans une péloche estampillée Nu Image. Alors Spiders, Cloverfield du pauvre, DTV deluxe ? 3D à faible budget ou téléfilm friqué ? Sortis de ces quelques 89 minutes, on ne sait que répondre … Si ce n'est se rendre à l'évidence.... Spiders est  d'un conformisme délirant, d'une vacuité totale, d'une indigence folle mais on ne s'est pas ennuyé une seconde. La magie du cinéma sans doute... à moins que...



Le disque :

Le disque DVD édité par Metroplolitan que nous avons eu entre les mains délivre une image à la compression très discrète  au format 1.77 (Une fois upscalé sur une dalle HD, c'est assez bluffant). N'ayant pas eu de disque 3d entre les mains impossible de vous dire si la chose transperce l'écran. Sachez toutefois que le tout est  accompagné de mixages Dolby Digital 5.1 plutôt économique en langue anglaise et française. On notera également la présence de sous titre français. Dans la toile aux bonus, la bande annonce du film (VO et VF ) ainsi qu'une flopée de bande annonces éditeur. Une édition simple mais techniquement efficace.