Bloody Birthday : Critique et test Bluray



Non! On ne débande pas chez nos cousins grands bretons ! Le 23 juin prochain, l'éditeur émérite Londonien 88 films offre à nos fiévreuses mirettes, un gâteau vidéastique au nappage sanglant. Accrochez vous à vos slips : Bloody Birthday, connu de ce côté de la Manche sous le titre «Les tueurs de l'éclipse» viendra potentiellement enrichir la collection du Slasherophile dans un Bluray trippant jusqu'à la double jaquette. Guidé par le plaisir d'offrir, Ecranbis.com concède l'une des dernières chroniques du semestre... 


Troussé dans les feuilles mortes en 1969 (si ça c'est pas un signe !), trois femmes accouchent simultanément et dans le même hôpital durant une inquiétante éclipse solaire. Dix années plus tard, Debbie, Steven et Curtis vivent une enfance heureuse dans le calme douillet des banlieues cosy et résidentielles ricaines. Néanmoins, ce club des trois ne tarde pas à montrer une face des plus dysfonctionnelles. Préférant le «creusage» de tombe aux châteaux de sable, les enfants de l'éclipse se lancent dans de mortels enfantillages. On strangule à la corde à sauter, on joue au cowboy pour de bon... Sans oublier de se rincer l’œil sur d'innocentes et dévêtues victimes. Timmy, un de leur camarade de classe, ne tarde pas à découvrir ce macabre manège. Il devient instantanément la cible du trio maudit.


Avec son air de ne pas y toucher, ou du moins de ne pas y toucher souvent, Ed Hunt aura tout de même réussi à enfiler quelques jolies perles au collier du cinéma d'exploitation. Le Californien se serait fait, d'après la légende, les dents sur les bas d’échelles, acceptant toute tâche, aussi peu glorifiante soit-elle, lui permettant d'approcher de près ou de loin un plateau de tournage. Mais c'est finalement dans son exil canadien et par la porte du derrière qu’Édouard se fait une place au royaume du 7e art.

Après deux bandes érotiques nécessiteuses (Pleasure Palace et Diary of a Sinner) Hunt opère un virage dans le science fiction avec le thriller «Point of no return» (1976) et surtout un «Starship Invasions» , dans lequel il embarque Christopher Lee en personne et Robert Vaughn en lui-même. Cette bobine au budget confortable (du moins pour l'époque) eu l'honneur d'être exploitée dans l'hexagone sous le titre «L'invasion des soucoupes volantes». A la fin des seventies, son «Plague » repart de Stiges deux prix sous les bras. La décennie à suivre ne confirmera cependant pas vraiment ce départ en fanfare... 


Sept ans avant de livrer «The Brain» , pépite de la série B yankie de la fin 80's et bobine cérébrale par excellence, Ed Hunt lâche «Bloody Birthday» sur le boulevard d'un genre né quelques années plus tôt. Si à première vue «Les tueurs de l'éclipse» se contente de suivre la voie ouverte par Black Christmas et Halloween de Carpenter, le recul impose une analyse quelque peu plus nuancée. Certes l'on retrouve bien ici, la quintessence du «Slasher movie». «Body count» sévère et référence calendaire appuyée (Noël, Halloween, bal de la promo, anniversaire, réveillon...).

Mais le film de Hunt pose contre toute attente son récit entre deux chaises ou plutôt bifurque en douce vers une thématique moins attendue. Celle de l'enfant tueur en série. Il ne nous en faudra pas plus pour souligner le caractère parfois étrangement prophétique du cinéma d'exploitation US. Comme si Hollywood avait à la fois prédit le 11 septembre et les tueries en milieu scolaire qui ébranleront le rêve américain à la fin des années 90. Votre charge est excessive, répondra sans doute le lecteur pragmatique. Reste que les quelques séquences abandonnant un revolver dans la main du petit Jacoby rendent le parallèle... immanquable ! 


Le sadisme n'attend pas le nombre des années ! La thématique «enfant démoniaque», récurrente et d'ailleurs récurée s'étale aussi bien dans les rubriques faits divers qu'elle campe dans l'imaginaire collectif. Ce doigt pointé sur notre présumée angélique progéniture nous ramène sans cesse à la déconstruction de dogmes civilisationnels coriaces. Les enfants sont innocents, les femmes ont l'esprit maternel, Stephane Essel a rédigé la déclaration universelle des droits de l'homme, le nuage de Tchernobyl a contourné la France... Et si ce demain-aujourd'hui de l'humanité, ce «en devenir» de notre race ne nous montrait pas surtout sa propre capacité à l'auto destruction ? Le propos, beaucoup moins surfacique qu'il ne le semble servira de discours sous-jacent à une poignée de péloches déviantes. Le Village des damnés, Devil times Five, De si gentils petits monstres, et dans une mesure moindre The Omen ou l'Exorciste. Qu'ils soient possédés par le diable, enfantés par des extra-terrestres, dévariés par la pollution chimique ou nés sous une mauvaise étoile, les enfants terribles du cinéma fantastique répondent à notre bien légitime peur de l'avenir. Et si la question n'était pas tant «Quel monde allons-nous leur laisser ?» que «Que vont-ils en faire ?»


Le film de Hunt solidement attaché à l'esthétique de son époque, profite sans doute beaucoup de la patine du temps et de l'excellence du master ici présenté. La dimension quasi « Culte » du métrage, les souvenirs magnétiques qu'il convoque presque malgré lui en mémoire, le death count savamment planifié et l'art de s’attarder plus que raison sur les arguments charnels de quelques pintades promises au four. Tout ici participe à la fête déviante ! Il serait cependant malhonnête de taxer le visionnage  Bloody Birthday de petit plaisir strictement nostalgique et passablement régressif. Qu'on se le dise, la bobine à Edouard est lacérée par quelques séquences dignes d’apparaître dans les manuels du genre. Encore faudrait-il que les dits manuels cessent d'enjamber le cinéma des années 80... en se pinçant le nez. Allo quoi ?


Le disque :


Nous avons déjà exposé dans ces modestes colonnes numériques tout le bien que nous pensons du travail éditorial et technique de 88 films. Une fois de plus, pas de mauvaises surprises. Bloody Birthday nous parvient dans un beau master Haute définition 1080p et au format 1.78. Accompagné d'une piste audio monophonique en langue anglaise. Aucune options de sous-titrage n'est disponible. Dans le cartable à bonus : Un commentaire audio avec l'auteur de Teenage Wasteland : Justin Kerswell, un interview du réalisateur ( 51 minutes) sous la forme d'un commentaire. Des suppléments en provenance de Severin : Une interview de Lori Lethin (9mn) et un document de 15 mn titré : A Brief History of Slasher Movies' featurette. Enfin notez la jaquette réversible vous permettra au choix de profiter des nouveaux visuels ou des visuels d'époque.
La chose est commandable dans toutes les boutiques aptes à l'import et par internet au prix de 14£ c'est à dire 17€ et des poussières :  http://www.amazon.co.uk/Bloody-Birthday-Blu-ray-Lori-Lethin/dp/B00IDBJS0Q/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1402776230&sr=8-1&keywords=Bloody+birthday