Sx Tape : Critique et test DVD



Le 2 juillet, les vidéophages français pourront se caler les DVD et Bluray de SX Tape dans la platine. (On me murmure à l'oreille droite que la chose sera également disponible en VOD). Accrochez-vous à vos slips, cet énième «Found Footage», enfanté par le producteur de Paranomal Activity et Insidious et le réalisateur de Candyman, réussit là où l'essentiel du cinéma horrifique actuel échoue: L'excitation du trouillomètre est au rendez-vous ! Voilà qui valait bien,  entre deux baignades, une chronique estivale de l'Ecranbis.com



Né dans le Londres des années 60, le petit Rose, Bernard de son prénom, aurait très tôt déclaré sa flamme au 7e art. La caméra Super 8 familiale en main, le gamin fait ses armes jusqu'à gagner, à l'âge où le mystère du "sous la jupe des filles" occupe main et esprit, un concours de film amateur organisé par la prestigieuse BBC. Son chef d’œuvre de 3 minutes aura l'honneur d'une diffusion hertzienne. On le retrouve plus tard jouant les coursiers dans les studios de Jim Henson durant la production de  "The Dark Crystal". Mais c'est finalement le Boom du vidéo-clip et les premières années de MTV qui lancent définitivement sa carrière. Rose est appelé à réaliser les vidéos d'artistes à la mode (UB40, Frankie goes to Hollywood, Roy Orbison). Tapant dans l’œil d'Hollywood avec l'excellent «Paper house», l'anglais part à l'assaut du cauchemar américain. Ce sera «Candyman», une péloche horrifique, formellement très attachée à sa décennie d'origine et dont il n'est pas interdit de penser du bien... Même chez les plus snobs et érudites plumes du web... C'est dire !


Déjà repassé par la case horreur avec "Snuff Movie" en 2005, Bernard Rose revient cet année à l'assaut de nos nerfs, fleur au fusil et found footage sous le bras. Venant juste d'aborder le douloureux historique du sous-genre (allez lire la critique de «The Jungle»), nous nous dispenserons de toute minutieuse mise en perspective, en nous contentant de pointer des mots l'immanquable. Depuis 1999 et le "Blair Witch Projet" de Myrick et Sánchez, l'exercice perd à chaque nouvel effort un peu de sa charge et l'entêtement des cinéastes et producteurs à s'engouffrer coûte que coûte dans la brèche, la transposition situationnelle, le fameux «Martine Effect» (Martine à la plage, Martine au cimetière, Martine au Sofitel ) pour unique argumentaire, laisse sans voix et surtout sans grande envie de jeter un œil aux péloches ainsi enfantées. Excitogramme plat !


Ça part mal me direz vous ? Je le concède mais une fois n'est pas coutume, ce SX Tape arrive sur le bon quai. Rose qui n'est pas le premier venu sur un plateau, a la bonne idée d'adosser sa vague histoire de vidéo cassette "perdue retrouvée" à un phénomène sociétal des plus intrigants et passionnants : La Sex Tape. Cet effort vidéo narcissique, réconciliant exhibitionnistes et voyeurs serait né dans les années 80 avec l'apparition des premières caméras vidéo familiales. Dans les années 90, quelques célébrités en panne dans leur ascension sociale s'emploieront à transformer la pratique en trampoline pour la gloire. Aujourd'hui, ce snuff de la fesse est partout. Sa promesse d'intimité dévoilée ruisselle sur internet réduisant la frontière qui le sépare du gonzo amateur. A l'heure de l'internet et de l'ultra communication, cette production du soi pour soi est devenue la plus numérique des roulettes russes. L'arme fatale des amants éconduits, le cauchemar partagé de la starlette, de l' étudiante modèle, du joueur de foot et de l'institutrice.



Évidemment, Rose se garde ici de toute analyse. Pas question de palper la patiente ou d'explorer la face freudienne de l'édifice. Messieurs ! Rangez vos pulsions de vie ! La sex tape d'Adam et Jill, deux jeunes artistes californiens, ne tardera pas à quitter les rails du home made cochon. L'exploration d'un hôpital désaffecté dans le down town de la cité des anges, va envoyer le récit et ses protagonistes au bout des couloirs et de l'horreur. La belle et blonde Jill, sanglée au premier pieu traversant le cadre, trouve moyen de recevoir la visite d'une patiente décédée. Impossible de vous en dire plus, sans dévoiler le diagnostic final ! L'intérêt de SX Tape ne réside de toute façon pas dans la petite ghost story que Rose déroule sous les pieds de ses personnages. Mais plutôt dans l'inspection en règle des mécanismes de l'effroi.

SX tape, aussi vidéastique et économique soit-elle tient jusque dans son dernier plan déchirant, ses promesse de spectacle forain. "On flippe, on sursaute comme des gamines !" pourrions nous dire. Et si il en faudra sans doute un peu plus pour nous réconcilier  définitivement avec la forme cinématographique et ses gimmicks réalisationnels, il faut bien avouer que SX Tape constitue l'un des rares Found Footage récents à tenir son spectateur en éveil et mieux encore, à jouer avec ses nerfs ! Recommandable !

Le disque:

Toujours aucun problème éditorial du côté de Wild Side, qui livre ce "SX tape" dans un écrin techniquement sans faille remplissant la dalle ( format 1.77 16/9).  Pour le plaisir de vos amplis, des mixages français DTS  5.1 et Dolby Digital 2.0 et une piste anglaise (sous titre optionnels) encodée en Dolby Digital 5.1. Vos voisins sursauteront avec vous ! A l'étage suppléments : un making of et une bande annonce. 15€99 le DVD. 19€99 le Bluray.