Bad Moms : critique et test Bluray




Tandis que le cinéma grand spectacle hollywoodien peine toujours à digérer l’avènement de l'imagerie numérique, la comédie américaine pète le feu. Qu'on me pardonne le familier de l'introduction mais depuis deux décades au moins, il faut être « borgne des deux yeux » pour ne pas voir l'évidence imprimer grande toile et petit écran. C'est précisément au moment ou la technologie permet tout, que la machine à rêve grippe et peine à se trouver quelque chose à raconter. Entre deux spectacles forains aux propos nécessairement tarabiscotés, prétextes à l'enfilade d'exploits numériques reliefisés, la comédie US plaide le retour aux choses simples, accessibles et peut être pas si paradoxalement efficaces. Bab Moms ( Mauvaises mères ou mères indignes, vous avez l'embarras du choix) n'aura coûté que 20 millions de dollars à des producteurs qui finiront par ramasser six fois la mise. Leçon de pragmatisme ou grand retour du « Feel Good Movie » ? La réponse nous parviendra en DVD et Bluray début décembre, grâce aux efforts de Metroplitan.

 "Bad moms ou comment la comédie US plaide le retour aux choses simples, accessibles et peut être pas si paradoxalement efficaces"

Nymphe de banlieue pavillonnaire, épouse idéale , mère modèle et working girl pressée comme un citron, Amy (Mila Kunis) est sur tous les fronts. Pliant à tous les caprices, satisfaisant la moindre demande... une existence entière tournée vers l'autre et au bout du tunnel, l'immanquable conséquence, l'oublie de soi. C'est la tyrannie de Gwendoline, présidente des parents d'élèves, MILF bourgeoise oisive et liftée qui va toutefois sortir Amy de son rêve américain. Une nouvelle crise adolescence ? A retardement ?Pourquoi pas... Faisant prendre la porte à un mari volage et immature, et se liant d'amitié avec deux autres mamans gentiment paumée, la jeune femme décide de changer de vie... et d'affronter Gwendoline sur son propre terrain. Ce qui tombe bien, les élections de l'association des parents d'élèves approchent...


"Bad Moms ne marquera sans doute pas l'histoire du cinéma mais célèbre à sa manière un savoir faire très yankee"

Né dans les esprits retord de Jon Lucas et Scott Moore (Very Bad Trip, le poilant Change Up et Hanté par ses ex), Bad Moms ne marquera sans doute pas l'histoire du cinéma mais célèbre à sa manière un savoir faire très yankee. Celui de faire du plus banal et insignifiant parcours personnel, celui de l'américain ( et en l'occurence d'une américaine ) moyen , une épopée capable d'embarquer le spectateur une heure et demi durant. Ce sans la moindre morale ou forme de condescendance, la bienveillance en étendard . Une sorte d'anti « Camping » , d'anti «Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu », peut être une sorte d'anti comédie française, prenant le réel comme point de départ et non comme but à atteindre.


 "il y a entre ces trois ex lycéennes réveillées par le démon de 11h30, tout le drame de nos vies, le temps filant entre nos doigts, un peu de votre voisines de palier et de vos collègues de boulot."

Alors bien sûr, le film tient surtout sur les épaules de son trio de foldingues. Milas Kunis, Kristen Bell, Kathryn Hahn. Toutes trois belles à mourir... de rire. Un véritable numéro d'acteurs et d'auto dérision agripppés à la plus solide des écritures. Car il y a entre ces trois ex lycéennes réveillées par le démon de 11h30, tout le drame de nos vies, le temps filant entre nos doigts, un peu de votre voisines de palier et de vos collègues de boulot. Bref si ce teen « sur le tard » movie aux accents de conte de fée aurait pu tourner au lourdingue, il dévoile une finesse inespérée même si un propos féministe quelque peu caricatural vient ternir la copie. Il aurait été intéressant que Lucas et Moore, plutôt que de se réfugier dans le stéréotype ( avec l'irruption d'un veuf bodybuildé en prince charmant), creuse jusqu'à découvrir que l'homme est une femme comme une autre. On se contentera donc de sortir de cette heure et demi, avec la banane, en replaçant le disque dans le tiroir des films à se refaire en cas de bourdon.



Un œil sur le disque